À l’occasion de la Journée mondiale du recyclage, célébrée chaque 18 mars, Sanita Ville Propre 2 de l’Union européenne, avait lancé un concours de créativité autour de la valorisation des déchets solides. Cette initiative, menée en partenariat avec l’Institut Supérieur des Arts Mory Kanté de Dubréka (ISAMK/D), a rassemblé 11 étudiants du département des Beaux-Arts, dont les œuvres ont été exposées et évaluées ce vendredi, 11 avril 2025, au sein de l’Institut. Ce concours, à l’ISAMK/D, visait à transformer des déchets en véritables œuvres d’art, afin de sensibiliser à la gestion durable des ordures ménagères. Une démarche saluée par les étudiants, l’administration de l’institut ainsi que par les représentants d’Enabel, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.
David Hacquin, chef de projet renforcement des capacités du programme Sanita, a rappelé que 90 % des déchets plastiques produits dans le monde ne sont pas réutilisés, soulignant ainsi l’urgence d’actions concrètes comme celle-ci.

« Le projet Sanita 2 que je représente aujourd’hui est un projet d’appui à l’amélioration de la gestion des déchets solides en Guinée, en particulier dans le Grand Conakry. Ce projet est mis en œuvre dans le cadre du partenariat entre l’Union européenne et le gouvernement guinéen. Il est porté par l’agence belge de développement, pour laquelle je travaille, tout comme mes collègues. La gestion des déchets, notamment ceux des ménages, est un enjeu majeur aujourd’hui, tant pour l’environnement que pour la santé publique. J’imagine que vous étiez là lors du lancement le 18 mars, à l’occasion de la Journée mondiale du recyclage. Mon collègue Aliou avait fait une brillante démonstration sur les effets de l’augmentation de la production des déchets à l’échelle mondiale et ses conséquences sur l’environnement et la santé. Il avait aussi évoqué l’importance de réduire cette production et de favoriser la réutilisation et le recyclage. Un petit chiffre pour mémoire : aujourd’hui, 90 % des déchets plastiques produits dans le monde ne sont pas réutilisés. Une partie finit dans l’environnement, impactant notre santé ; une autre est incinérée, ce qui a aussi des effets négatifs. Il nous semblait donc essentiel, à un moment ou à un autre, de collaborer avec les instituts de formation, notamment l’Institut Supérieur des Arts de Dubréka, pour contribuer à la recherche de solutions durables. Nous avons saisi l’occasion de la Journée mondiale du recyclage pour imaginer ce concours en arts plastiques, afin de mettre au défi les artistes -actuels ou en devenir- de créer à partir de déchets. J’espère que cette expérience vous a engagés dans une démarche de conscientisation et de transformation. L’art peut jouer un rôle fondamental dans le changement des comportements au quotidien. Avant que le jury ne rende son verdict, je tenais à féliciter tous les participants pour leur engagement. J’ai été véritablement impressionné », a dit David Hacquin.
Ibrahima Thiam, chef du département des Beaux-Arts à l’ISAMK/D, a indiqué que cette initiative est une véritable révélation. Il dit être impressionné de la réalisation des étudiants.

« Aujourd’hui, j’ai un sentiment de satisfaction. Pourquoi ? Parce qu’au début, j’étais inquiet. Les œuvres que vous voyez ici ont été réalisées par des étudiants de licence 2 et de licence 4 qui n’avaient jamais participé à un atelier collaboratif de ce genre. C’est grâce à l’initiative d’Enabel. Je remercie sincèrement Enabel pour cela. Et je tiens à dire qu’ils sont tombés sur un bon institut. Le thème de ce concours est en lien direct avec mon sujet de doctorat : je travaille aussi sur les déchets plastiques. J’ai fait mon master en Côte d’Ivoire sur ce thème, et mon doctorat également. Donc, quand ils sont venus avec cette idée, j’étais émerveillé. En trois semaines de travail avec les étudiants, le résultat est tout simplement impressionnant », a-t-il dit.
Michel Kolié, étudiant en licence 4 Beaux-Arts, gagnant du premier prix, a indiqué qu’il a été inspiré par les messages d’Enabel, il a su traduire artistiquement la nécessité de trier les déchets.

« J’aimerais commencer par dire que j’ai beaucoup apprécié ma participation à ce concours. C’était vraiment un plaisir. Très amusant aussi de travailler en groupe avec mes camarades. Mon œuvre s’intitule Le tri, c’est un mot qu’Enabel utilise souvent dans ses affiches et qui m’a beaucoup inspiré. J’ai voulu y apporter ma touche personnelle et artistique. Je salue cette belle collaboration entre l’ISAMK/D et Enabel. J’espère qu’Enabel continuera à nous soutenir pour la création d’œuvres de ce genre. Merci aux organisateurs, à Enabel, et à tous mes amis pour leur soutien », a-t-il martelé.
De son côté, Mérab Koumba Kotembedouno, lauréate du deuxième prix, a impressionné avec un masque d’éléphant réalisé à partir de tissus et papiers récupérés.

« Pour la Journée mondiale du recyclage, j’ai réalisé un masque d’éléphant à base de tissus et de papiers mâchés ramassés dans les déchets. Je suis très contente d’Enabel pour l’organisation de ce concours. C’est une belle initiative qui nous a ouvert les yeux sur l’importance du recyclage. Je suis fière du prix que j’ai remporté. Je veux dire à mes amis et à mes proches de ne jamais se décourager, mais de redonner vie à ce qui nous entoure. Merci à Enabel et à tous les participants », a-t-elle lancé.
Esther Gbamou, étudiante en licence 2, a remporté le troisième prix avec sa sculpture l’homme et son fardeau, entièrement faite de carton.

« Mon œuvre s’intitule L’homme et son fardeau. Souvent, on parle de la puissance féminine, mais on oublie que les hommes jouent aussi un rôle important. Ma sculpture est entièrement faite de carton, un matériau recyclé. Le carton peut sembler léger, symbolisant la fragilité apparente de l’homme, mais il peut aussi être très dur, représentant sa force intérieure. J’ai beaucoup aimé ce travail sur le recyclage, guidé par nos professeurs. J’encourage mes amis à en faire autant. Je suis très fière de ma participation, surtout que mon père m’avait souhaité bonne chance. Et là, j’ai gagné. Il sera fier de moi », a-t-elle souligné.
Ismaël Diallo pour Guineematin.com
Tél : 624 69 33 33