Conakry : la journée mondiale de l’art célébrée dans un contexte difficile pour les artisans

Objets d'art à Ratoma

L’humanité célèbre le 15 avril de chaque année la Journée Mondiale de l’Art. L’occasion est mise à profit pour mettre en lumière le rôle fondamental de l’art dans nos sociétés. Instituée par l’Association Internationale de l’Art (AIA) et reconnue par l’UNESCO depuis 2012, cette journée vise à promouvoir la créativité, la diversité culturelle et le dialogue entre les peuples. Mais en Guinée, cette célébration a un goût amer pour les artisans locaux, confrontés à une réalité économique difficile, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

A Conakry, notamment dans la commune de Ratoma, la morosité est palpable. Peu de clients fréquentent les stands d’objets d’art. Pour les artisans, les difficultés financières de la population et le manque de visiteurs étrangers pèsent lourdement sur leurs activités.

Mamadou Keïta, sculpteur et vendeur d’objets d’art

C’est ce qu’a fait savoir Mamadou Keïta, sculpteur et vendeur d’objets d’art. « La fréquentation est très faible. Il n’y a presque pas de clients. Beaucoup disent qu’ils n’ont pas les moyens d’investir dans l’artisanat en ce moment. Chez nous, les guinéens ne valorisent pas assez l’art. Certains confondent même notre travail avec des pratiques contraires à la religion, alors que notre objectif est de valoriser la culture guinéenne, comme le fait un artiste musicien avec ses chansons », a déclaré Mamadou Keïta, sculpteur.

Face à cette situation, Mamadou Keïta lance un appel pressant à l’État guinéen. Il plaide pour une meilleure structuration du secteur et la création de véritables espaces d’exposition à l’image des villages artisanaux présents dans d’autres pays de la sous-région. « L’État doit venir sur le terrain, écouter nos préoccupations. Ce qu’il nous faut, c’est un cadre de rencontre entre artisans, comme cela se fait au Mali, au Burkina ou en Côte d’Ivoire. En Guinée, il n’y a pas de village artisanal digne de ce nom. À Ratoma, toutes les places sont occupées à cause des travaux routiers. Si rien n’est fait, l’artisanat guinéen est en danger », avertit-il.

Par ailleurs, Mamadou Keïta insiste sur la nécessité de valoriser le potentiel touristique du pays, estimant que cela permettrait d’attirer davantage de visiteurs et de relancer la filière artisanale. « Parfois, je passe des journées sans vendre un seul objet. Pourtant, nous avons des loyers à payer. La situation est vraiment difficile », conclut-il.

Kadiatou Barry Guineematin.com

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