La tension était vive hier, lundi 14 avril 2025 au Pôle pénitentiaire d’Abidjan (PPA), ex-Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA). Des échauffourées ont éclaté entre des détenus et des agents pénitentiaires, faisant plusieurs blessés, selon un communiqué du directeur de l’administration pénitentiaire.
Le bilan officiel fait état de douze blessés, tous pris en charge par les services de santé. L’incident s’est produit dans la matinée, à la suite d’un mouvement de contestation initié par des détenus.
À l’origine de cette émeute, une décision entrée en vigueur le 21 février 2025, qui limite l’accès aux espaces communs du PPA, notamment la cour centrale de promenade. Cette mesure s’inscrit dans une stratégie de lutte contre les trafics en milieu carcéral, qui a été intensifiée depuis quelques mois.
En effet, l’administration pénitentiaire a lancé une offensive contre l’introduction et la circulation de substances interdites, notamment la drogue, au sein des établissements pénitentiaires du pays. Plusieurs saisies ont été effectuées récemment, notamment à la Maison d’arrêt et de correction de Bouaké, à la Maison pénale de Bouaké, et plus récemment encore au Pôle pénitentiaire d’Abidjan.
Pour encadrer cette action, le directeur de l’administration pénitentiaire s’est fondé sur l’article 12 de l’arrêté n°209/MJDH/DAP du 18 août 2023, qui institue le PPA. Il a également signé la note de service n°127/MJDH/DAP du 21 février 2025, laquelle encadre strictement l’utilisation des espaces communs, en particulier la cour de promenade, devenue au fil du temps un foyer de trafic.
Mais cette décision a été mal accueillie par certains détenus. Dans la journée du 14 avril, plusieurs d’entre eux se sont opposés à sa mise en œuvre, allant jusqu’à détruire des installations, notamment les grilles de séparation entre les différentes composantes du PPA.
Le communiqué de la Direction de l’administration pénitentiaire (DAP) salue le professionnalisme et la réactivité des agents, soutenus par les forces de l’ordre – Police et Gendarmerie nationales – qui ont rapidement rétabli le calme au sein de l’établissement. Il regrette toutefois que douze détenus aient été blessés, tout en précisant qu’ils ont aussitôt reçu les soins nécessaires.
C’est le deuxième incident enregistré en moins de deux semaines dans les prisons ivoiriennes. Le 7 avril dernier, une tentative d’évasion avait eu lieu à la Maison d’arrêt et de correction de Bouaké. Elle avait entraîné la mort d’un détenu par asphyxie, selon le procureur de la République, ainsi que trois blessés, dont deux agents pénitentiaires et un détenu.
Alpha Fafaya Diallo pour Guineematin.com
