L’hémorragie du post-partum est un saignement qui survient chez la femme après l’accouchement, soit immédiatement, soit dans les 24 heures qui suivent, avec une perte de sang équivalente à un demi-litre ou plus. C’est pourquoi la surveillance de la patiente, après la naissance assurée par la sage-femme, est absolument essentielle.
Cependant, en République de Guinée, de nombreuses femmes sont encore victimes de cette perte de sang massive, qui reste pourtant la première cause de mortalité maternelle liée à la grossesse.
Dans une interview accordée à un des journalistes de Guineematin.com, le docteur Ben Youssouf Keïta a apporté des précisions sur cette complication dramatique.
Tout d’abord, il a énuméré les causes principales de l’hémorragie post-partum.
« Les principales causes peuvent être une paresse de l’utérus qui ne se rétracte pas assez vite après la délivrance du placenta (atonie utérine), la rétention d’une partie du placenta ou un de ses neufs cotylédons, une déchirure vaginale, ou une rupture utérine qui invite à la prise en charge chirurgicale (hystérectomie). L’hémorragie peut survenir immédiatement après la délivrance ou plusieurs heures, voire jours après », a-t-il expliqué.
Poursuivant ses explications, le Dr Ben Youssouf Keïta a parlé des signes qui doivent alerter.
« Les signes d’alerte sont la perte anormale de sang de manière ininterrompue, voire abondante par la voie génitale. Ce qui va salir le drap ou la couche de protection, la pâleur de la parturiente qui va certainement réclamer de l’eau à boire, la sueur froide, la chute de la tension artérielle avec le cœur qui va battre très rapidement (tachycardie). Il faut savoir qu’il peut avoir un saignement interne non extériorisé appelé intra péritonéal qu’on détecte à l’échographie quand on soupçonne le cas », a-t-il confié.
Le médecin a également précisé les différentes étapes de la prise en charge de l’hémorragie.
« Les étapes clés de la prise en charge sont : avoir une équipe compétente (gynécologue, anesthésiste-réanimateur, sage-femme) de service ; poser rapidement et précocement le diagnostic ; établir la cause de l’hémorragie ; prendre la voie veineuse pour le traitement médical qui peut aller jusqu’à la transfusion sanguine ; juguler la cause du saignement soit par tamponnement intra-utérin, suture de la déchirure si telle est la cause, ou le bloc opératoire pour sauver la vie de la femme en cas de rupture utérine », a-t-il déclaré.
Avec quarante années de pratique médicale derrière lui, Dr Ben Youssouf Keïta dit avoir été régulièrement confronté à cette urgence obstétricale.
« Avec 40 ans de pratique et d’expérience à mon actif, j’ai évidemment été confronté plusieurs fois à de nombreux et divers problèmes, selon les lieux d’exercice de ma profession. Mais par la grâce de Dieu, mon équipe et moi avons toujours trouvé solution mettant hors de danger la vie des femmes concernées », a-t-il précisé.
Il insiste également sur l’importance d’un accompagnement après une HPP, aussi bien sur le plan physique que psychologique.
« Sachant que l’accouchement est une épreuve difficile et risquée, mais incontournable pour toute femme qui va donner vie au risque de sa propre vie, car l’hémorragie post-partum est la première cause de mortalité dans ce domaine, un accompagnement familial, environnemental et étatique est plus qu’indispensable pour la fin heureuse d’une grossesse chez toutes les mamans. Cet accompagnement est complété par une prise en charge psychologique appropriée par l’équipe médicale dont le gynécologue de la femme qui a souffert d’une HPP, afin qu’elle soit mieux préparée pour continuer la procréation », a-t-il martelé.
Enfin, pour mieux prévenir et traiter cette complication, Dr Ben Youssouf Keïta plaide pour un meilleur financement de la santé publique.
« Déjà, il faut une bonne formation continue du personnel médical, afin qu’il soit préparé avec compétence pour prendre en charge efficacement tout le processus d’accouchement et les possibles ou probables complications dont les HPP. Créer toutes les conditions d’une prise en charge des accouchements, respecter les normes de l’OMS en la matière et enfin encourager le personnel médical par des sanctions positives tout en améliorant le budget du Ministère de la Santé sur le plan national », a conclu ce médecin.
Mariama Barry pour Guineematin.com