Poursuivis pour association de malfaiteurs et vol à main armée, Daniel Dopavogui et Bafodé Camara, agents de sécurité à l’usine Tassana, ont comparu ce mardi 15 avril 2025 devant le tribunal criminel de Mafanco. À la barre, les deux accusés ont nié en bloc les faits qui leurs sont reprochés, au préjudice de Léon Sacko, partie civile dans cette affaire, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses journalistes.
Incarcérés depuis le 8 février 2024 à la maison centrale de Conakry, les deux hommes sont accusés d’avoir planifié, avec la complicité d’autres individus, une attaque contre l’usine dans laquelle ils travaillaient. Des accusations qu’ils ont vigoureusement rejetées lors de l’audience de ce mardi.
Né en 1997 à Conakry et domicilié à Dabompa, Daniel Dopavogui est l’un des accusés dans cette affaire. Agent de sécurité à l’usine Tassana, il a livré sa version des faits devant le juge. « J’ai quitté l’entraînement à 18 heures pour me rendre à l’usine. J’y ai trouvé d’autres agents. À 22h, j’ai quitté les lieux pour aller acheter à manger à Lansanaya plaque. Je suis rentré à la maison vers 23h, j’ai mangé, tout en regardant la télé et je me suis endormi. C’est un appel de mon patron, aux environs de 2h ou 3h du matin, qui m’a réveillé. Il m’a informé qu’il y avait eu une attaque à l’usine », a-t-il déclaré.
Âgé de 26 ans, Bafodé Camara est marié et père de deux enfants. Lui aussi agent de sécurité à l’usine Tassana, il est domicilié à Lansanaya. A la barre, il a nié toute implication dans l’attaque. « On est arrivé au travail à 18h. À 22h, Daniel m’a dit qu’il partait à la maison pour manger. Je lui ai dit, tu sais bien qu’on est là pour bosser, alors s’il te plaît, ne tarde pas. Je l’ai attendu jusqu’à minuit, mais il n’est pas revenu. Mon téléphone n’avait pas de batterie, donc je ne pouvais pas le joindre. J’ai décidé de faire une ronde, histoire de vérifier si tout allait bien. C’est là que j’ai entendu des voix. Au début, j’ai cru que c’était Daniel. Je me suis approché de la porte, mais entre-temps, ils m’ont entendu, et ont défoncé l’entrée. L’un d’eux m’a agressé et fait tomber. D’autres sont arrivés, m’ont demandé avec qui j’étais. J’ai répondu que mon collègue n’était pas là. Ils m’ont conduit dans le bureau du boss. Ils connaissaient l’emplacement de la caméra. Ils m’ont placé devant elle avant de commencer à prendre l’argent. Ensuite, ils m’ont attaché. Quand ils sont partis, j’ai crié. Ce sont les gens du restaurant d’à côté qui m’ont détaché. Il y avait parmi eux l’un des fils du boss. Ils m’ont demandé ce qui s’était passé. Je leur ai expliqué que l’usine avait été attaquée. On est allé voir le boss, et je lui ai tout raconté. Il m’a demandé où était Daniel. Je lui ai dit qu’il était parti manger et n’était pas revenu. Il s’est fâché et a dit, je paie des agents pour surveiller les lieux, et vous faites n’importe quoi ? Il a alors appelé la gendarmerie, qui nous a embarqués », a expliqué cet autre accusé.
Mais les déclarations de Bafodé Camara n’ont pas totalement convaincu le tribunal, qui a soulevé une incohérence. « Vous dites avoir été attaché et placé devant la caméra. Alors pourquoi, sur les images, on ne vous voit pas ligoté ? », a interrogé le juge.
« Je le jure, ils m’ont bien attaché. Ce sont les gens du restaurant d’à côté qui m’ont détaché », a insisté le prévenu.
Constatant l’absence de la partie civile, le président du tribunal, Mohamed Sangaré, a ordonné sa comparution avant de renvoyer le dossier au 22 avril 2025 pour la suite des débats.
Mariama Barry pour Guineematin.com