La crise qui secoue actuellement la Fédération Guinéenne de Football (FEGUIFOOT) prend une ampleur inquiétante. Dans une interview accordée à Guineematin.com ce mercredi, 16 avril 2025, Thierno Saïdou Diakité, analyste sportif, a souligné la nécessité d’une intervention urgente de la FIFA pour rétablir l’ordre. Il déplore une situation « affligeante » qui nuit à l’image de la Guinée et à la famille sportive guinéenne. Il appelle aussi les autorités à la prudence face à ce conflit.
Selon lui, la crise aurait pu être évitée, car des signes avant-coureurs étaient apparus peu après l’élection du bureau exécutif le 6 janvier 2024. Certains membres du comité exécutif avaient alors dénoncé des dérives du président en place, adressant leurs griefs à la commission d’éthique, sans que l’on sache officiellement ce qu’il en est advenu. Une entente de façade semblait avoir été trouvée, mais les tensions ont ressurgi récemment, notamment après la requête d’un vice-président pour révoquer le président. La réunion du 8 avril a abouti à une révocation provisoire contestée par le président, qui a annoncé un recours auprès de la CAF.
« Il faut le reconnaître, c’est un constat déplorable et affligeant, car non seulement l’image du pays en pâtit, mais en plus, la famille du football et plus généralement du sport est réellement confrontée à une situation qui n’honore personne. C’est-à-dire que nous sommes arrivés à un point où nous attendons l’arbitrage de la FIFA, qui est l’instance dirigeante mondiale de la discipline, celle à laquelle nous sommes affiliés. Ce qu’il faut regretter, c’est que cette crise aurait pu être évitée, car des signes avant-coureurs avaient été perçus quelques mois après l’élection du bureau exécutif, le 6 janvier 2024. En effet, quelques mois après cette élection, certains membres du comité exécutif avaient dénoncé des dérives du président de l’époque. Les griefs avaient été adressés à la commission d’éthique. Malheureusement, de manière officielle, on ne sait pas ce que cette commission a fait pour instruire le dossier. Mais, j’avais appris qu’un accord avait été trouvé, une entente jugée préférable pour la suite. Malheureusement, ce n’était peut-être qu’une entente de façade, puisque les problèmes ont ressurgi récemment. Lorsque l’un des vice-présidents a soumis une requête pour révoquer le président, cela a déclenché les hostilités. La réunion du 8 avril a abouti à une révocation provisoire du président, qui a contesté la légalité de ladite réunion, annonçant un recours auprès de la CAF. Le ministère des Sports et de la Jeunesse s’est alors mêlé à l’affaire en suspendant l’agrément accordé à la Fédération. Demain jeudi, à 11 heures, une réunion d’urgence est prévue au siège de la Fédération avec les parties prenantes, les exécutifs, et probablement le Comité national olympique et sportif guinéen. Nous attendons de voir quelles décisions en sortiront. Pour ma part, je pense qu’à l’état actuel, seule la FIFA peut arbitrer et remettre de l’ordre dans la maison. De quelle manière ? Nous ne savons pas encore ce que décidera la mission attendue de la FIFA. Les membres statutaires, une grande partie des clubs, l’association des entraîneurs et des arbitres ont manifesté et déclaré leur soutien au comité exécutif. Cela signifie que nos autorités doivent faire preuve de prudence. Il faut rappeler que sous le mandat du dernier Comité de Normalisation (CONOR), mis en place en 2023, les statuts de la Fédération ont été amendés, soumis à la FIFA qui les a approuvés, puis validés par une Assemblée générale extraordinaire. C’est sur la base de ces nouveaux statuts que l’élection du bureau actuel a eu lieu le 6 janvier 2024. Ces statuts sont, à mon avis, la Bible de la Fédération. Et après la réunion du 8 avril, qui a abouti à la révocation provisoire du président, le 11 avril, le secrétaire général de la Fédération, garant de l’orthodoxie financière, a adressé un courrier aux membres statutaires, aux présidents de clubs, des ligues (…) pour les informer des décisions prises. Il a même précisé que les membres du bureau exécutif avaient pris une décision majeure : révoquer provisoirement le président de la Fédération. Je pense qu’à partir de là, nous aurions dû faire preuve de sagesse et chercher, de manière informelle, à rapprocher les positions », a dit Thierno Saïdou Diakité.
Par ailleurs, ce consultant sportif critique également la lettre du ministre des Sports suspendant l’agrément, qu’il considère comme ayant « mis le feu aux poudres ». Selon lui, une instance consultative comme le Comité national olympique aurait pu favoriser un dialogue entre les parties en attendant l’Assemblée générale ordinaire prévue le 8 mai.
« À mon humble avis, c’est le courrier du ministre des Sports suspendant l’agrément de la Fédération qui a mis le feu aux poudres. Pourtant, il existe une instance consultative au sein du ministère, en l’occurrence le Comité national olympique et sportif de Guinée, qui aurait pu tenter de trouver un terrain d’entente entre les sept membres du comité exécutif et le président, en attendant l’Assemblée générale ordinaire prévue le 8 mai prochain. En somme, on s’en remet désormais à l’arbitrage de la FIFA. À l’échelle locale, une solution semble inatteignable. C’est pourquoi je souhaite une intervention rapide de la FIFA. Vous n’êtes pas sans savoir que l’équipe locale est qualifiée pour les phases finales de sa catégorie, reportées au mois d’août. De plus, quatre journées des éliminatoires de la Coupe du Monde sont prévues entre juin et septembre. Il y a donc de nombreux préparatifs à gérer, en plus d’autres activités. Par exemple, hier, un expert de la FIFA est venu pour une formation des entraîneurs de beach soccer. Et le 12, s’est tenue la clôture de la formation pour la licence C des entraîneurs de football. Heureusement, le secrétaire général, nommé, est toujours en poste et gère les affaires courantes de la Fédération. Mais, il faut rapidement trouver une solution, afin que cette situation ne porte pas préjudice à la gestion quotidienne du football guinéen », a-t-il indiqué.
Ismaël Diallo pour Guineematin.com
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