Depuis l’annonce de leur mise en circulation au début du mois d’avril, les nouveaux billets de 20 000 francs guinéens suscitent des inquiétudes et de vives discussions sur le marché guinéen. Cette situation fait suite à un communiqué de la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG), publié après l’attaque d’un convoi transportant des fonds de l’institution. Lors de cet incident, survenu entre Kindia et Mamou, un montant de 21 milliards de francs guinéens, composé exclusivement de nouveaux billets de 20 000 francs guinéens, a été emporté par les assaillants. Dans son communiqué, la BCRG a appelé les usagers et les acteurs du secteur financier à faire preuve de vigilance face à toute circulation suspecte de billets correspondant à la série concernée. Depuis cette annonce, les billets de 20 000 francs guinéens émis en 2024 sont régulièrement refusés par de nombreux commerçants, particulièrement dans les grands marchés comme celui de Madina. Tel est le constat fait sur place par Guineematin.com à travers un de ses reporters.

« C’est une perte pour ceux qui ne sont pas suffisamment informés et qui continuent à accepter ces billets », témoigne un commerçant. En effet, plusieurs citoyens se retrouvent en difficultés lorsqu’ils tentent d’utiliser ces coupures. Au grand marché de Madina, leur argent est souvent rejeté. « Nous avons entendu le communiqué du gouverneur de la Banque Centrale. Il disait d’être vigilant avec les billets de 20 mille de 2024. On nous a même envoyé des messages sur WhatsApp à ce sujet. Depuis, on refuse ces billets, on ne les prend pas. Ce matin, un client est venu déposer près de 10 millions de francs guinéens mais comme tous les billets étaient datés de 2024, nous avons refusé le dépôt. Il est reparti avec son argent, très fâché et on a même discuté chaudement. Pour l’instant, on suit simplement les informations disponibles. Le problème, c’est que beaucoup de gens, surtout les commerçants, ne sont pas bien informés. Ils continuent de traiter avec ces billets. Le vrai souci, c’est lorsque vous voulez déposer l’argent à la banque. C’est à ce moment que les complications commencent », déclare Mamadou Hady Baldé, commerçants et opérateurs de transfert d’argent.
Malheureusement, une grande partie des petits commerçants et des citoyens restent mal informés de la situation. C’est le cas de cet autre opérateur Orange Money qui a accepté un dépôt composé exclusivement de billets de 20 000 francs guinéens émis en 2024. Depuis, ces billets sont devenus inutilisables pour lui, car personne ne veut les accepter. Il se retrouve ainsi avec une somme d’argent immobilisée, illustrant le manque de communication autour de la gestion de cette crise monétaire.

« Je fais du dépôt et du retrait. Eh bien, quelqu’un est venu ici pour faire un dépôt. Un autre est venu pour un retrait. Mais après, l’argent a été retourné. Je ne comprends pas trop ce qui s’est passé. Celui qui a fait le dépôt est reparti. Et ensuite, celui à qui je devais remettre l’argent l’a refusé. Il a tout ramené ici. Il y a trop de problèmes avec ces billets de 2024. On ne sait pas exactement ce qui se passe. L’État doit informer les gens. Ça commence par là. Pour l’instant, c’est la confusion. Oui, c’est moi qui perds parce que je ne connais pas celui qui a fait le dépôt, c’est tombé sur moi. En fin de compte, c’est moi qui assume », témoigne Mamadou Kali Diallo, marchand et opérateur de transfert d’argent.
La Banque centrale, de son côté, n’a pas encore annoncé de mesures spécifiques pour rassurer la population ou clarifier les moyens de distinguer les billets suspects de ceux légalement mis en circulation. Autant dire qu’on n’est pas sorti de l’auberge.
Kadiatou Keita pour Guineematin.com