Conakry : Phoenix Vision annonce les couleurs du Salon du cinéma guinéen

Le coup d’envoi de la 5ème édition du Salon du cinéma guinéen a été officiellement donné ce jeudi, 8 mai 2025, au Centre culturel Franco-Guinéen (CCFG) de Conakry. Organisé par la structure Phoenix Vision, cet événement se tiendra les 9 au 10 mai sous le thème « Mécanismes de production et de diffusion du cinéma guinéen ». Pour la première fois, ce salon s’ouvre à l’international avec le Sénégal comme pays d’honneur. L’annonce a été faite lors d’une conférence de presse animée par les organisateurs en présence de plusieurs acteurs cinématographiques de Guinée, du Sénégal et de nombreux autres. Il s’agira, à travers cette édition, de réfléchir aux défis liés à la structuration de l’industrie cinématographique de notre pays, a appris sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Oumar Kourouma, délégué général du Salon du cinéma guinéen, a expliqué le choix du thème et les défis auxquels le salon s’est lancé à l’international.

Oumar Kourouma, délégué général du salon

« La thématique de cette édition, c’est le mécanisme de production et de diffusion du cinéma guinéen. Ce qui a motivé ce choix, c’est que nous sommes dans un travail de structuration, de contribution à la mise en place d’une industrie cinématographique avec tous les acteurs clés. Il y a des films qui sont réalisés en Guinée, malgré l’absence d’une véritable industrie. On s’est donc demandé comment ces personnes ont réussi à produire ces films. Nous allons les inviter pour qu’ils nous expliquent leur mécanisme de production et ce qu’ils envisagent pour la diffusion de ces films, car il y a des enjeux économiques importants. Ce qui est prévu, ce sont des projections de films dès le lancement, des panels, des conférences, des tables rondes et un arbre à palabres. Ce sont des discussions sur des thématiques variées, très intéressantes, et nous espérons qu’à l’issue de celles-ci, de belles propositions de solutions verront le jour. C’est un salon qui donne la parole aux gens. Nous mettons également en valeur tous nos amis d’Afrique. C’est ça, la première chose : même si nous sommes un salon du cinéma guinéen, nous avons pour ambition de faire de la Guinée une des destinations préférées des cinéastes d’Afrique et du monde entier grâce à ce salon. C’est la première fois que nous ouvrons le salon à l’international, et le choix s’est porté sur le Sénégal, parce que le cinéma sénégalais, ces dernières années, est celui qui a été le plus consommé en Guinée. Je pense à des films comme ‘’Maîtresse d’un homme marié’’, qui a profondément influencé le public guinéen, aussi bien les femmes que les hommes. C’est le fruit du travail des techniciens sénégalais et de tous les acteurs du cinéma sénégalais. Nous nous sommes donc dit qu’en nous ouvrant à l’international, nous devions commencer par un pays voisin, le Sénégal, pour qu’ils viennent partager leur expérience et leur savoir-faire avec nous, et pourquoi ne pas reproduire ce qui a bien fonctionné chez eux, ici », a déclaré Oumar Kourouma, délégué général du Salon.

De son côté, Amara Traoré, Directeur général de l’Office national du cinéma guinéen (ONACIG), a exprimé son soutien à l’événement.

Amara Traoré, directeur général de l’Office National du Cinéma Guinéen (ONACIG)

« Félicitations à nos amis qui ont eu l’initiative de mettre en place un salon qui est devenu professionnel, un espace de discussions sur des thématiques, un moment d’échanges et de fraternité, qui devient aujourd’hui une plateforme incontournable pour le cinéma en Guinée. Dans sa diversité, nous sommes très rassurés qu’au cours de ces trois jours ou des jours que nous passerons ensemble sous le thème du cinéma, le Salon permettra à chacun de tirer de bonnes leçons et d’adopter des pratiques qui amélioreront notre écosystème cinématographique. Aujourd’hui, la Guinée s’exprime à travers des initiatives de ce genre. C’est la volonté de notre département, à travers ma direction et toute l’équipe de l’ONACIG, d’accompagner avec vigueur cette initiative. D’ailleurs, je profite de cette occasion pour dire que nous serons présents dans deux salons tout au long de l’événement pour discuter des possibilités d’accroître les champs d’action du cinéma guinéen. Le Salon du cinéma est donc un espace par excellence d’expression, de rencontres, de connexions, mais surtout un lieu de prises de décisions qui vont définir l’avenir du cinéma », a-t-il souligné.

Françoise Ellong, formatrice en écriture de séries télévisées, a lancé un appel à l’endroit des cinéastes africains.

Françoise Ellong, formatrice en écriture de séries télévisées

« Je suis ravie d’être ici, parce qu’aujourd’hui, je vois Oumar, je vois Richard et toute l’équipe, et ce sont des jeunes. Des jeunes qui prennent des responsabilités, des jeunes qui se sacrifient. Des jeunes qui veulent qu’une image de la Guinée soit projetée au monde. Je dis toujours que si les Américains sont puissants aujourd’hui, c’est grâce à leur cinéma. Si l’on pense que les Asiatiques sont invincibles, c’est à cause de leur Kung-Fu, souvenez-vous, ils sont deux, en face de 40 000, et ils les battent tous ! La grande question, c’est : qu’est-ce que nous, Africains, voulons montrer au monde de ce que nous sommes ? C’est une question que nous ne nous posons pas assez. Les autres savent ce qu’ils veulent montrer. L’Europe veut montrer son intellect, son savoir-faire, son lifestyle. Il est temps qu’on se demande : qu’est-ce que nous voulons dire ? Cela ne signifie pas qu’on n’a pas de problèmes, mais il faut savoir comment les montrer. Chaque fois que j’ai l’opportunité de transmettre ce message, je dis que c’est à nous, africains, de raconter nos propres histoires. C’est vers nous qu’on devrait se tourner quand on veut raconter une histoire guinéenne, sénégalaise ou béninoise. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas collaborer, attention ; mais, il est temps que nous ayons les outils et que nous soyons capables, nous-mêmes, de raconter qui nous sommes », a-t-elle lancé.

Pour sa part, Pape Lopy, scénariste-réalisateur sénégalais, a insisté sur l’importance du soutien étatique envers le Cinéma.

Pape Lopy, Scénariste-réalisateur sénégalais

« Le cinéma africain a besoin de s’exprimer. Je m’adresse vraiment à vous tous, les médias, le directeur du cinéma guinéen pour qu’on prenne conscience de cela. Aux présidents sénégalais, guinéens : le cinéma africain a besoin de s’exprimer. Parce que le cinéma mondial est un rendez-vous, et l’Afrique en est souvent absente. Les autres ont les moyens de créer des écoles, de financer leur cinéma, de mettre en place des structures. Nous, nous ne les avons pas encore. Nous devons bâtir notre propre cinéma, et la responsabilité de tous est engagée. C’est un message fort que je veux adresser. Nous vivons dans un monde de communication, de médias, de culture. Et si tu ne valorises pas ta culture, l’autre va acculturer ta population. Il va envoyer sa culture dans nos générations futures, qui finiront par oublier qui elles sont, pour ne retenir que ce qu’est l’autre. C’est donc crucial. Il faut que nous comprenions notre responsabilité. Elle nous incombe à tous. L’État doit initier des actions, accompagner, s’engager davantage dans ce que les gens font, notamment dans le domaine du cinéma », a-t-il laissé entendre.

Ismaël Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 624 69 33 33

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