32 hectares d’anacardiers incendiés : notre constat à Bawa (Dubréka) et explications

Une ferme de 32 hectares de plantation d’anacardiers appartenant à des jeunes qui ont créé l’ONG ‘’Partenariat des Jeunes pour le Développement Durable’’, a été incendiée le lundi dernier à Bawa, un secteur relevant du district de Bantama, sous-préfecture de Khorira, dans la préfecture de Dubréka. Deuxième du genre en deux ans, cet incendie qui s’est produit dans la journée du 27 janvier 2020 serait d’origine criminelle, a appris un reporter que Guineematin.com a dépêché sur place.

Dans le but de participer à la lutte contre l’immigration clandestine, Mamadou Maladho Diallo, un jeune entrepreneur guinéen, a eu l’idée de créer, il y a une décennie, le Partenariat des Jeunes pour le Développement Durable (PJDD), une coopérative qui porte un projet dénommée « espoir jeunes ». Il a alors réussi, au fil des années, à faire du PJDD à la fois un centre de production animale et végétale, un centre de réinsertion des jeunes et un centre de valorisation des techniques agricoles. Malheureusement, des personnes malintentionnées tiennent à freiner son élan. Comme ils l’ont fait en mars 2018, des individus non-identifiés ont encore mis le feu le lundi dernier à cette plantation, réduisant ainsi 32 hectares d’anacardiers en cendres.

Nouhou Keïta, chef de chantier et témoin

Selon Nouhou Keïta, le chef du chantier et témoin de ces tristes événements, c’est aux environs de 13 heures que les malfaiteurs ont mis le feu à la plantation. « Le feu s’est déclaré alors que nous cultivions des tomates et des poivrons. C’est au moment où nous terminions le travail, vers 13 heures, que nous avons vu le feu. J’étais en compagnie d’un de nos collègues de travail. Je lui ai dit d’aller voir. Au départ, nous avons pensé que le feu ne pourrait pas atteindre la plantation. Mais, quelques minutes après, le feu a atteint la plantation. On était 15 jeunes sur le chantier, nous avons cherché en vain à éteindre le feu. Alors, puisque le feu prenait de l’ampleur et nous avons des maisons dans la plantation, nous avons jugé nécessaire d’aller mettre ces maisons et nos effets à l’abri », a-t-il expliqué.

Aboubacar Sidiki Sano, président du groupement maraîcher et membre du PJDD

Cet incendie va mettre en péril l’emploi de 32 jeunes immigrés. Ces jeunes immigrés retournés étaient venus apprendre la technique agricole et s’insérer à travers des projets agricoles et l’aviculture. Aboubacar Sidiki Sano, président du groupement maraîcher et membre du PJDD est l’un des jeunes retournés et qui travaillent dans cette plantation. Aujourd’hui, il est très préoccupé : « je suis là depuis six mois, c’est-à-dire depuis le 5 juin 2019. Comme mes autres collègues, on vient de l’Algérie. Nous avons été retournés il y a au moins un an. Je suis un bénéficiaire de ce projet. C’est grâce à l’OIM que nous sommes ici au PJDD pour apprendre les techniques agricoles et pouvoir monter notre propre projet. Avec cet incendie, nous craignons pour notre emploi. Mon souhait était de rester et de continuer dans cette plantation ; mais, le fait que tout cela soit parti en fumée, je ne pense pas pouvoir rester ici », s’est-il inquiété.

Mamadou Maladho Diallo, Coordinateur du PJDD

De son côté, Mamadou Maladho Diallo, le coordinateur du PJDD a dit sa tristesse face à ce qu’il vient de subir. « Nous sommes ici sur 32 hectares dont la plupart est valorisé par la production de noix d’acajou. Et, aujourd’hui, c’est tout cela que des personnes inconscientes, malintentionnées, ont mis du feu. Vous avez vu, il n’y a que de la cendre et de la fumée, tout est partie ! Et ça, c’est plus de 10 ans d’efforts d’investissements. Donc, ce sont des milliards et des efforts qui sont partis. Pour nous, c’est un chaos social, économique et financier, mais aussi un chaos environnemental. Parce que tout ce que le feu a consumé comme est perdu », a-t-il déploré.

Ne sachant pas qui sont les auteurs, Mamadou Maladho Diallo compte porter plainte contre X. « C’est un acte criminel, c’est un acte intentionnel parce que nous avons fait une ceinture de sécurité de 10 mètres et qui fait la ceinture de tout le domaine. Mais, malgré tout cela, ils ont mis le feu et tout est parti en fumée. Vous ne pouvez pas vous rendre compte ; mais, en un laps de temps, ils nous ont rendus pauvres et minables. J’avoue qu’ils vont freiner notre élan, mais ils ne pourront jamais nous décourager. Nous allons continuer. De ces cendres et de cette fumée renaîtra quelque chose de nouveau, quelque chose qui va briller encore pour la jeunesse guinéenne et pour tout le monde. Mais, l’histoire retiendra qu’à un moment, on a tenté de nous freiner et pour que ça soit possible, il faut que les autorités s’investissent. Je parle ici d’autorités morales, d’autorités politiques, de pouvoirs publics. Il faut que le judiciaire bouge et qu’on arrête les coupables. Même si on n’arrive pas à arrêter le coupable que nous soyons la dernière victime. Il faut que ça s’arrête ; sinon, c’est le chaos qui s’installe. Au mois de mars en 2018 aussi, ils avaient fait la même chose. Mais, çà, on avait pu circonscrire le feu. Cette fois-ci, ils l’ont fait en plein jour. Déjà, nous sommes venus avec un huissier de justice qui a dressé le constat. Nous allons le déposer au niveau des autorités, mais aussi porter plainte contre X », a-t-il prévenu.

Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

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