3ème mandat d’Alpha Condé : 3 ans de prison requis contre des présumés opposants

Alpha Condé, élu pour un 3ème mandat de 6 ans à la tête de la République de Guinée
Alpha Condé, élu pour un 3ème mandat de 6 ans à la tête de la République de Guinée

En audience correctionnelle hier, lundi 25 janvier 2021, le parquet du tribunal de première instance de Mafanco a requis 3 ans d’emprisonnement contre Mamadou Saliou Diallo (moto-taxi), Abdoulaye Kéïta (mécanicien) et Youssouf Sow (chauffeur). Ces trois jeunes -arrêtés au lendemain du scrutin présidentiel du 18 octobre 2020 et conduits en détention à la maison centrale de Conakry- sont poursuivis pour « participation délictueuse à un attroupement armé, destruction de biens publics et privés, détention d’armes légères et de petits calibres, coups et blessures volontaires ». Des faits que ces prévenus ont tous réfuté à la barre, rapporte le journaliste que Guineematin.com a dépêché au tribunal.

Ce sont quatre prévenus qui étaient mis en cause dans cette affaire. Mais, seuls trois d’entre eux ont comparu ce lundi au tribunal correctionnel de Mafanco. Le quatrième prévenu, Elhadj Ibrahima Sow, est mort en détention, le 16 novembre dernier, à la maison centrale de Conakry. Et, devant la juge, Djeinabou Donghol Diallo, les prévenus qui se sont présentés à la barre se sont dédouanés de toutes les accusations portées à leur encontre.

« Ce jour, je suis sorti pour travailler et j’ai vu que ça n’allait pas. Je suis allé garer ma moto à Africof, chez ma grande sœur, pour rentrer à pied à Entag. C’est ainsi que je suis tombé sur un barrage de manifestants. Ils m’ont cogné avec une pierre et je suis tombé. C’est là où les gendarmes sont venus m’arrêter. C’était à Kissosso, dans la commune de Matoto », a expliqué Mamadou Saliou Diallo.

Mais, cette version des faits du prévenu a aussitôt été démentie par le ministère public. Joséphine Loly Tinkiano, la procureure audiencière, a relevé une contradiction entre cette déposition et les déclarations signées du prévenu pendant l’enquête préliminaire. Elle a aussi laissé entendre que Mamadou Saliou Diallo a été arrêté par trois jeunes parce qu’il détenait une arme de calibre 12. Une arme qu’elle a même brandie devant le tribunal en guise de preuve.

« A l’enquête préliminaire, vous aviez soutenu que vous avez été arrêtés par trois jeunes qui vous ont mis à la disposition des gendarmes et que vous aviez cette arme que vous avez ramassée dans un fossé avec deux calibres. Donc, il ne sert à rien de nier les choses devant le tribunal », a martelé Joséphine Loly Tinkiano, en fixant Saliou Diallo.

Seulement, ce speech du ministère public a tout de suite été démonté par l’avocat de la défense. Me Gilbert Tohon Camara a estimé que si son client détenait une arme lorsqu’il a été attaqué par les jeunes comme le clame le ministère public, le premier réflexe serait de se défendre contre ses agresseurs. « Certainement, il y aurait eu des tirs, des blessés ou même des morts. Mais, rien de tout ça. Alors, c’est la preuve que mon client n’avait aucune arme sur lui », a lancé l’avocat.

Egalement appelé à la barre, Abdoulaye Keïta, un autre prévenu, a dit avoir été arrêté par des gendarmes à Sonfonia Casse, dans la commune de Ratoma, sans jamais avoir participé à une manifestation de rue. « C’est dans le quartier qu’on m’a arrêté lorsque je revenais du garage. Je savais qu’il y avait une manifestation ce jour ; mais, je n’y ai jamais participé », a-t-il indiqué.

Une autre déposition qui ne convainc pas le ministère public. En s’appuyant sur le procès verbal de l’enquête préliminaire, la procureure, Joséphine Loly Tinkiano, a laissé entendre que le prévenu a déjà reconnu avoir été en possession d’une jante qui appartiendrait à un pick-up. « Cette jante qui appartient à un pick-up de la gendarmerie détruit par les manifestants », a-t-elle accusé.

Mais, du côté de la défense, cette accusation du parquet ne tient pas la route, parce que le seul fait de détenir une jante ne pourrait suffire pour dire que celle-ci appartiendrait à un véhicule détruit par des manifestants. « D’ailleurs, pendant qu’un véhicule est en feu, comment est-ce qu’une personne peut venir là pour enlever une jante ? », interroge avec étonnement Me Gilbert Tohon Camara.

Quant Youssouf Sow, le 3ème prévenu, il a indiqué qu’il était sorti faire un transfert de crédit quand il a croisé les gendarmes qui l’ont mis aux arrêts dans son quartier, à Samatra village. Et, dans ses explications, il a également fait savoir qu’il a fait l’objet de mauvais traitements durant le trajet, mais aussi à l’escadron de la gendarmerie de Samatra où lui et d’autres jeunes arrêtés le même jour ont été sévèrement battus avec des matraques.

Dans ses réquisitions, madame Tinkiano a demandé au tribunal de retenir les trois prévenus dans les liens de la culpabilité et de les condamner à 3 ans d’emprisonnement chacun.

Du côté de la défense, Me Gilbert Tohon Camara et Me Elhadj Madiou Barry ont invité le tribunal à « se départir de la crise postélectorale et de sortir de l’imaginaire pour parler des faits » en renvoyant leurs clients des fins de la poursuite.

Finalement, le tribunal a mis l’affaire en délibéré pour décision être rendue le 15 février prochain.

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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