Artisanat : un bijoutier dénonce l’invasion du marché guinéen par la pacotille chinoise

La bijouterie fait partie de ces métiers qui attirent certains compatriotes à la recherche du bien-être. Ceux qui le pratiquent à Conakry arrivent tant bien que mal à joindre les deux bouts. Le manque de conscience professionnelle de certains bijoutiers et l’arrivée des bijoux chinois sur le marché sont entre-autres difficultés qui assaillent les pratiquants de ce métier, a appris Guineematin.com, à travers un de ses reporters.

Mamadou Amirou Barry

Mamadou Amirou Barry, dont l’atelier est situé à Lambanyi marché, dans la commune de Ratoma, dit avoir commencé ce travail depuis 1992. Après avoir fait beaucoup de pays voisins de la Guinée, maître Barry est revenu dans notre pays en 1998 pour exercer son métier.

Devant son atelier, l’artisan attire les clients par une caisse en vitre dans laquelle sont visibles beaucoup de parures pour les femmes et les hommes : des bagues, des chaînes, des boucles d’oreilles, des gourmettes…

Concernant la confection des bijoux, maître Amirou Barry a expliqué les difficultés qu’il rencontre : « la bijouterie n’est pas pour qui le veut mais qui le peut. C’est un travail très difficile qui demande une habilité et une forte attention parce que la plus petite erreur faite, tu vas perdre beaucoup de clients. C’est pourquoi, pour faire ce travail, il faut avoir la qualité ».

Parlant des prix des produits qu’il fabrique, maître Amirou Barry dit que « je vends les bijoux en fonction des quantités. Par exemple, pour les bagues, les prix varient entre cinquante mille et deux cent cinquante mille francs guinéens. Il y a les grands ensembles et les petits ensembles en argent blanc. Les petits ensembles se vendent à trois cent mille. Les grands ensembles se négocient entre un million cinq cents et un million sept cent mille francs guinéens. Donc, les prix varient en fonction de la quantité et du modèle ».

Cependant, maître Barry fustige le comportement de certains clients. « J’ai des difficultés dans ce travail. Certains clients viennent me donner de l’avance et partir. Six mois après, je ne les vois pas, alors que j’ai déjà fait des dépenses et le travail. Et si tu revends la commande à quelqu’un d’autre, le jour où il reviendra, il va te créer des problèmes. Ce n’est pas bon ça ! Ça fait mal », lance-t-il.

Mohamed Konaté

Mohamed Konaté exerce le même métier au carrefour ENCO 5, dans la commune de Ratoma.

Interrogé sur les prix des produits faits en or ou en argent, notre interlocuteur répond : « nous trouvons l’argent et l’or avec les grands bijoutiers. Le gramme d’argent coûte actuellement sept mille francs et un gramme d’or à trois cent cinquante mille francs guinéens. Je vends une bague d’or de deux grammes jusqu’à huit cent mille francs guinéens, la bague en argent à cinquante mille francs guinéens ».

Par ailleurs, maître Konaté accuse les chinois d’avoir récupéré la clientèle des bijoutiers guinéens. « Nous avons des problèmes avec nos clients. Les gens achètent beaucoup plus les bijoux des chinois que nos bijoux. Donc, on a perdu notre clientèle qui est détournée au profit des pacotilles », s’est lamenté le bijoutier.

Thierno Amadou Bah

Pour sa part, Thierno Amadou Bah, bijoutier à Lambanyi, dans la commune de Ratoma, accuse certains de ses confrères guinéens de mal faire leur travail et de ternir l’image de l’ensemble des bijoutiers. « Il y a des bijoutiers parmi nous qui font mal le travail pour les clients. Cela a fait maintenant que les clients n’ont plus confiance en nous. Les gens ne viennent plus comme avant », a fait savoir le jeune bijoutier.

En outre, Thierno Amadou Bah accuse les responsables de leur corporation de détournement. « Nous, on avait une association. Une fois, on a été à la présidence pour un soutien de l’Etat. Le président Alpha Condé nous a offert cent millions francs guinéens pour notre transport. Depuis que nos responsables ont mangé ça, l’association ne fonctionne plus. Nous n’avons pas de soutien, on est oublié », dénonce le bijoutier.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

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