« Autorisation d’assassiner » les jeunes opposants ? Qui veut brûler la Guinée ?

Les tirs à balles réelles qui ont blessé plusieurs jeunes et emporté la vie de deux d’entre eux (Boubacar Barry, âgé de 26 ans et Mamadou Baïlo Diallo, âgé de 22 ans) à Wanindra hier, mercredi 14 mars 2018, plusieurs Guinéens d’ici et d’ailleurs se posent des questions. Est-ce qu’il n’y a pas une autorisation tacite de tuer les jeunes de la zone de l’axe Hamdallaye-Bambéto-Cosa-Wanindra ?

Au cours de plusieurs échanges, ces Guinéens qui pleurent la mort de ces jeunes manifestants rappellent que les jours précédents, notamment l’inoubliable lundi 12 mars 2018, des manifestations ont été enregistrées dans toutes les communes de la capitale et presque dans tous les quartiers de Conakry. Des manifestants munis de pancartes avec des slogans hostiles au régime Alpha Condé sont allés jusqu’aux portes du palais présidentiel. Ces manifestants (dont plusieurs femmes) ne se contentaient même plus de crier « Alpha zéro ! Alpha incapable »… Certaines femmes ont attaqué le chef de l’Etat au-delà de sa gouvernance avec des injures inacceptables même entre copains ! Mais, aucune personne n’a été blessée à plus forte raisons blessés. Au contraire, les redoutables bérets rouges de la garde présidentielle ont usé de leur intelligence et du verbe pour convaincre ces manifestants de bien vouloir accepter de se retourner chez eux…

Le même jour, ceux qui ont attaqué le bâtiment abritant nos confrères du groupe Hadafo Médias avec de l’essence, des menaces réelles, en brisant des vitres de l’immeuble et des véhicules ont été priés de quitter les lieux par les agents de la sécurité venus les trouver en train de commettre ces actes illicites.

Et, deux jours après, des militants affichés de l’opposition, précisément de l’UFDG, répondant à l’appel de leur mouvance et de leur leader de manifester contre le détournement de leurs voix à l’occasion des dernières élections locales sont réprimés dans le sang ! Deux d’entre eux périssent pour uniquement avoir manifesté dans la rue de leur quartier (conformément aux lois de la République) contre le vol des élections. A ce niveau, il importe de préciser que les manifestations actuelles consistent à dire au pouvoir : « publiez les résultats qui sont sortis des urnes », parce que les opposants jurent détenir des preuves irréfutables que les CACV (commissions administratives de centralisation des votes) ont manipulé ces résultats pour favoriser le parti présidentiel contre eux.

Alors, qui veut brûler notre cher pays ?

Il est de notoriété publique que quand les citoyens ont le sentiment que l’administration, la justice, les forces de l’ordre et toute la puissance publique ne regardent pas la loi pour agir, ne fournissent aucun effort pour se montrer équitable… ils ont tendance à se révolter, se rendre justice et se rebeller. Ce qui a créé des situations d’instabilité ailleurs.

Aujourd’hui, comment les parents de ses victimes qui viennent du même village, mais qui ne partagent pas les mêmes opinions politiques pourraient aller présenter leurs condoléances aux familles éplorées (ici à Conakry comme dans le village) ? Quels genres de messages pourraient-ils prononcer devant le public ou même en privé, avec une injustice aussi flagrante ? Comment calmer les amis et camarades de ces défunts et leur dire de ne pas s’en prendre à aux agents des forces de l’ordre qu’ils disent avoir vu viser, tirer et volontairement tué Boubacar Barry et Mamadou Baïlo Diallo ? Est-ce que ce ne sont pas ceux qui commettent ou incitent à la commission de ces crimes qui poussent en réalité les jeunes de la banlieue à s’en prendre à ces agents de sécurité, en tuant un gendarme, il y a quelques semaines, et blessant un autre hier ?

Pourtant, il y a aujourd’hui au sein de ces forces de l’ordre des hommes et des femmes aussi révoltés par cette injustice que ceux qui se plaignent dans nos villes et villages. On peut imaginer qu’au sein de la mouvance présidentielle et de la gouvernance, certains responsables ne peuvent pas cautionner ces assassinats, surtout l’impunité qui garantie la répétition de cette injustice… Mais, « le silence devant le crime a ses implications dans le crime commis », dit-on !

Aujourd’hui, il appartient à nos gouvernants, en réalité au président Alpha Condé, de rendre justice, montrer que l’administration est là pour tous pour éviter l’émergence des radicaux qui n’écouteront personne et qui entraîneraient une instabilité dans notre cher pays. Tout silence devant une telle injustice ne fera qu’approfondir le fossé et risque d’entraîner des conséquences qui fera échapper la situation à tous les acteurs actuels.

Nouhou Baldé

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