Calvaire des citoyens à la déviation de Linsan (Kindia) : des risques de maladies à craindre ?

Depuis l’affaissement du pont colonial de Linsan (qui relie la préfecture de Kindia à celle de Mamou), les usagers de la route nationale n°1 traversent un véritable calvaire au niveau de la déviation de fortune qui a été créée à la va-vite pour permettre aux véhicules en provenance de Conakry et de Kindia d’atteindre l’intérieur du pays (ou inversement).

Mais, en plus de la traversée qui est un véritable casse-tête pour les usagers, il y a lieu de craindre des problèmes de santé, notamment des maladies diarrhéiques, a constaté l’envoyé spécial de Guineematin.com à Linsan ce vendredi, 06 juillet 2018.

L’effondrement du vieux pont colonial de Linsan au mois de Juin dernier a entrainé un blocage systématique de la circulation entre les préfectures de Kindia (Basse Guinée) et de Mamou (Moyenne Guinée), sur la nationale n°1, Conakry-Mamou. Une situation qui a obligé les autorités à créer une déviation dans l’objectif annoncé de soulager les usagers de cette route. Dans un premier temps, un petit ‘’pont’’ très rétrécit (semblable à une retenue d’eau) a été construit sur la rivière. Il a été visiblement fait de pierres et de terre. Conséquence, la rivière a été coupée en deux, sans possibilité pour l’eau de couler…

Ayant très vite montré ses limites (après avoir subi les pires supplices de la pluie, des engins roulant et leurs passagers qui le traversent), ce petit ‘’pont’’ improvisé a été reconstruit. Et, aujourd’hui, il est consolidé par des blocs de granite. Des tuyaux perméables ont également été ajoutés pour permettre à l’eau de la rivière de couler.

Seulement, malgré les efforts consentis depuis l’affaissement du pont métallique qui est un héritage de la colonisation française en Guinée, plusieurs dizaine de véhicules et de camions en attente de traverser font chaque jour la queue de part et d’autre du ‘’pont’’ de fortune.

Hier, vendredi 06 Juillet 2018, aux environs de midi, plusieurs dizaines de camions stationnaient sur la route (à Linsan-centre) et à la déviation. « Les camions sont arrêtés jusqu’au virage de Bantanworo (près de 7 kilomètres de Linsan). C’est là-bas que j’ai garé mon camion ; et, j’ai pris une moto-taxi pour venir ici (à Linsan-centre). Je suis sûr que nous allons passer la nuit ici », a confié le maître chauffeur Moriba Condé, qui dit être en route pour la ville de N’Zérékoré.

Selon les témoignages recueillis auprès des usagers, certains véhicules font plus de 24 heures avant de se frayer un chemin pour atteindre l’autre côté de la route. C’est le cas de Lancinet Fofana qui conduit un camion remorque transportant des marchandises en direction de la Haute Guinée.

« C’est hier (Jeudi) à 11 heures que je suis arrivé ici (Linsan). Jusqu’à présent (à 14 heures 36’), je n’ai pas encore quitté la route pour entamer la déviation. Je suis très fatigué ; mais, je ne peux pas me reposer. Parce que quand un camion bouge un peu devant là-bas, tout le monde bouge ici. Même si c’est un mètre, tu vas bouger ton camion », a expliqué ce maître chauffeur.

Des risques de maladie pour les usagers ?

En plus de la traversée difficile, il y a lieu de craindre des problèmes de santé, notamment des maladies diarrhéiques pour les usagers qui passent assez de temps au niveau de la déviation de Linsan. Dans ce lieu où les voitures et même les hommes patinent çà et là dans la boue ; aucun abri, aucune toilette n’a été installée. Les personnes qui passent assez de temps dans cette déviation (qui est semblable aujourd’hui à un marché hebdomadaire) sont à la merci de la pluie et d’autres intempéries. Ceux d’entre eux qui éprouvent des besoins se mettent à l’aise dans un petit coin de brousse. Quelques cent pas aux alentours de cette déviation en disent long sur l’hygiène des lieux. Des odeurs nauséabondes que dégagent des déchets humains rendent difficile la respiration. Et, avec la pluie qui s’abat sans cesse sur les lieux et les aliments non couvert qui y sont vendus à même le sol, les risques de contracter des maladies diarrhéiques sont très élevés. A cela, il faut ajouter les risques de paludisme avec un probable développement des moustiques dans les flaques d’eaux ou dans les boites de conserve vides qui y pullulent.

A suivre !

De retour de Linsan, Keïta Mamadou Baïlo pour Guineematin.com

Facebook Comments Box