Le crédit rural de Guinée est menacé : un milliard six cent millions GNF détournés

Crédit rural, Caisse locale de Koïn, TouguéLibre Opinion : Le Crédit Rural de Guinée est une institution de micro finance fondée par l’Etat Guinéen sur financement de l’Agence Française de Développement. Elle couvre tout le pays. Elle fait appel à l’épargne du public : particuliers, paysans, fonctionnaires, groupements agricoles, groupements féminins, centres de santé, hôpitaux, chambre nationale d’agriculture et autres entreprises, ainsi que des lignes de crédit de l’Etat et des bailleurs.

Elle accumule des déficits depuis plusieurs années, principalement pour mauvaise gestion de la direction générale et des diverses malversations. Actuellement, elle a des fonds propres négatifs, elle connait des problèmes de gestion et ne fonctionne que sur l’épargne des associés. L’encours moyen d’épargne est plus de 150 milliards de GNF.

Cette situation a amené le Conseil d’Administration à demander une inspection de la direction générale en fin 2014. A noter que le Déficit 2013 était de 8 milliards et celui de 2014 était de 12 milliards. Cette inspection conduite par la direction de l’inspection du Crédit Rural de Guinée a mis en évidence des malversations graves engageant la responsabilité totale de la direction générale qui devant la pertinence des preuves a accepté tous les constats avant de trouver comme solution ultime  pour se sauver de licencier toute l’équipe des inspecteurs ayant mené ce travail. La confrontation des inspecteurs et la direction générale à l’inspection générale du travail a permis de démontrer les faux arguments avancés par la direction générale.

Ces malversations ont porté sur un montant de 1 600 000 000 GNF et qui engagent la responsabilité de la Direction Générale. Il s’agit:

  • Des sorties frauduleuses de fonds au nom de la Direction Nationale des Impôts et la Caisse Nationale de Sécurité Sociale de 400 000 000 FG en 2014 ;
  • Une surfacturation sur la construction du siège de Mamou de 1 200 000 000 GNF (un étage financé et non réalisé et autres surfacturations suite à des avenants non approuvés) ;
  • Autres malversations et pratiques ayant contribué à accentuer les déficits de l’entreprise par des surfacturations et autres coûts cachés : le fait de signer un contrat avec une entreprise de développement de logiciel 900 000 000 GNF en 2014 avec une avance décaissée de 300 000 000 GNF sans que rien ne soit fait. Le contrat fut réattribué à GH Technologie en juillet 2015 et qui a fait le travail sans qu’aucun franc ne soit remboursé en juillet

Le rapport présenté à cet effet a finalement été avalisé par la Direction Générale, le Conseil d’Administration  et le syndicat en juin 2015.

Au même moment, une mission d’inspection de la Banque Centrale au Crédit Rural de Guinée en mai 2015 a mis en évidence les mêmes détournements et est même allée au delà. Les constats sont accablants. Malgré le rapport de cette mission, la Banque Centrale est restée silencieuse en dépit de nos multiples appels : voir le rapport  des inspecteurs de la Banque Centrale et  les  3 lettres  des inspecteurs du crédit rural à Monsieur le Gouverneur.

Face à cette situation plus qu’inquiétante, nous avons informé Monsieur le Gouverneur de la BCRG par trois courriers en y joignant la lettre du Conseil d’Administration relative au rapport de la mission d’inspection. La Direction Générale a tenté de désinformer Monsieur le Gouverneur de la Banque Centrale en disant que les inspecteurs sont contre elle et en le persuadant que c’est après notre licenciement que nous avons chargé le rapport contre la direction. Nous sommes revenus à la charge en Octobre 2015 pour donner la bonne version tout en montrant à Monsieur le Gouverneur de la  Banque Centrale l’email de transmission du rapport en date du 09 février 2015 pour des licenciements survenus en juillet 2015. Monsieur le Gouverneur nous a pris l’engagement de réunir le comité des agréments des dirigeants des institutions de micro finance à cet effet sans  que rien ne soit fait jusqu’à  maintenant.

Face à la détermination du Directeur Général de liquider l’inspection qui a osé révéler les malversations sur lui et n’ayant plus peur d’aucune structure, les malversations ont explosé et ont culminé par le détournement en janvier 2016 de 600 000 000 GNF par un stagiaire neveu du Directeur Général avec la complicité active de ce dernier par la signature de faux bordereaux de versement d’argent au Crédit Rural de Guinée. Cette affaire est en justice. La fiche de caution morale du stagiaire fut retirée de son dossier car signée du Directeur Général.

NB: L’ancien Crédit Mutuel de Guinée n’est mort que de cette pratique qui consiste à payer de l’argent qui n’a pas été déposé au préalable.

Pire, depuis, à chaque fois que les inspecteurs portent le problème devant les instances compétentes, la direction générale décaisse des montants  importants dans l’épargne du public pour essayer de calmer le problème. Aujourd’hui, malgré la ferme interdiction du Conseil d’Administration (voir rapport), la Direction Générale a décaissé des montants importants pour tenter de faire taire ce problème. Les preuves existent dans les mains de la section syndicale du Crédit Rural de Guinée.

En plus de ces montants, les inspecteurs ont signifié à Monsieur le Gouverneur de la Banque Centrale que les pratiques actuelles de gestion du Crédit Rural de Guinée par la Direction Générale sont à l’origine des déficits successifs que cette Institution de Micro Finance ne cesse d’accumuler. Il s’agit entre autres :

  • le fait que les Directeurs Généraux sont devenus les principaux fournisseurs du Crédit Rural de Guinée à travers leurs entreprises et celles de leurs proches: groupes électrogènes, véhicules, imprimés, bordereaux, livrets, etc.
  • le fait de livrer des équipements disproportionnels aux besoins et capacités des caisses: cas des groupes électrogènes.
  • les acquisitions par les contrats gré à gré de tous les équipements avec des fortes surfacturations.
  • Le fait d’ignorer la situation financière de l’entreprise pour lancer des investissements énormes
  • Le fait d’accorder et payer à des partenaires sur le produit transfert d’argent des marges sur produit bancaire qui dépasse  la marge nette attendue de ce produit.
  • Le fait de faire supporter par le crédit rural de Guinée les frais d’entretien du véhicule réformé à Monsieur le Directeur Général et qui est en location auprès des sociétés privées.

Toutes ces pratiques sont aussi clairement notées dans le rapport de la mission de la Banque Centrale.

La direction générale s’est refusée d’appliquer la lettre de résolution de Monsieur l’Inspecteur Général du Travail du 30/03/16 après notre confrontation à ce niveau et qui demande à remettre  les inspecteurs à  leurs  postes et sans délais.

La situation actuelle du crédit rural de Guinée, si aucune mesure responsable n’est prise, risque de compromettre l’épargne de toute la population guinéenne et en particulier celle paysanne.

Les dirigeants actuels du crédit rural n’ont qu’une seule motivation qui est celle de comment s’enrichir sur l’épargne de la population.

Les inspecteurs du crédit rural et ceux de la banque centrale de la République de Guinée ont pris leurs responsabilités en mettant au grand jour toutes les malversations opérées par cette direction générale.

Voir les rapports respectifs transmis aux ayants droit.

Conakry, le  15  juin 2016, les ex inspecteurs

Diallo Abdoul Gadiri2

Barry Goureissy

Sow Abdoulaye

Diallo Idrissa

 

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