Forces sociales contre le Général Mathurin : le procès reporté

Le gouverneur de la ville de Conakry, le général Mathurin Bangoura, était attendu ce mardi 31 juillet 2018 au tribunal correctionnel de Kaloum pour répondre des faits d’abus d’autorité et entrave au droit de manifester. Les parties civiles dans ce dossier sont les Forces Sociales de Guinée, constituées après l’interdiction de leur marche par le gouverneur. L’audience d’aujourd’hui a été consacrée à la fixation de la consignation, a appris sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Très remontées contre l’interdiction de leur marche par le gouverneur, alors que celle-ci avait été autorisée par les mairies de Dixinn et de Ratoma, les Forces Sociales ont jugé nécessaires de poursuivre le général Mathurin au tribunal. Pour la journée de ce mardi, ni les avocats du gouverneur encore moins l’ancien membre du CNDD ne se sont présentés face au juge Mohamed Chérif Sow.

A l’entame de l’audience, le parquet a demandé cinq (5) millions de francs guinéens comme caution avant l’ouverture des débats. Un montant que la partie civile a jugé exorbitant au regard du statut des plaignants. Selon leur avocat, maître Salifou Béavogui, « cinq millions est insoutenable pour les Forces Sociales qui ne disposent d’aucun moyen. Elles ne reçoivent aucune subvention et ce n’est pas un procès avec des pensées pécuniaires. Mais, c’est un procès fait pour le respect de la loi ».

Aussitôt, l’avocat a plaidé en faveur du payement d’un franc symbolique ou, au pire des cas, 500 mille francs guinéens. Finalement, le président du tribunal va fixer la caution à un million de francs guinéens avant de renvoyer le procès au 17 septembre 2018.

Au sortir de l’audience, maître Salifou Béavogui a expliqué qu’on est dans une procédure pénale. « Le gouverneur est poursuivi pour abus d’autorité et entrave à la liberté de manifester, une infraction prévue et punie par les dispositions du Code Pénal, notamment les articles 643 et 625 », a-t-il dit.

Selon cet avocat, si on prend l’article 625 du Code pénal, il dispose que l’entrave au droit de manifester est punie de 1 à 6 mois d’emprisonnement et de 1 à 5 millions de francs guinéens d’amende ou de l’une de ces deux peines. « Les forces Sociales de Guinée, qui sont entrain de se battre pour la diminution du prix du carburant ont obtenu successivement deux autorisations des communes de Matam et de Dixinn. Les lettres d’autorisation ont été dûment signées à la suite des demandes. Et, à la dernière minute, monsieur le gouverneur a fait un communiqué pour interdire la marche. Ce qui constitue une violation de l’article 10 de la Constitution ainsi que les articles 643 et 625 du Code pénal », a expliqué l’avocat.

A en croire maître Salifou Béavogui, dans ses prérogatives, le gouverneur de Conakry, en tant qu’autorité de tutelle, peut confirmer ou infirmer une interdiction. Mais, précise maître Béa, il n’a aucun droit d’interdire une manifestation. « Lorsque les communes ont autorisé la marche, en tant qu’autorité locale compétente, le gouverneur ne peut que sécuriser en tant que responsable du conseil de sécurité de la ville. C’est la raison pour la quelle, les forces sociales l’ont attaqué en justice. Et, c’est une responsabilité pénale qui est personnelle, qui est à dissocier de sa fonction », a-t-il fait remarquer.

Par rapport à l’absence du prévenu et de ses avocats, maître Salifou Béavogui dira que « cela n’arrête pas le cours de la procédure normale qui va continuer de plus belle jusqu’à ce qu’on ait une décision de justice qui sera exécutée ».

Maître Béa a promis de tout mettre en oeuvre pour déposer la caution afin que le gouverneur vienne expliquer à la barre pourquoi il a agit ainsi.

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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