Freetown : les victimes du drame dénoncent les promesses non tenues du pouvoir

Cinq mois après le drame survenu dans la République sœur de Sierra Leone, suite à une coulée de boue qui a endeuillé des milliers de personnes, les rescapés sont toujours toujours sans abris. En prélude aux festivités de fin d’année qui s’annoncent, le Programme Alimentaire Mondial (PAM) a offert hier, mardi 12 décembre 2017, des vivres à ces victimes, dont certaines ont perdu plusieurs proches. A cette occasion, l’envoyé spécial de Guineematin.com a rencontré certains de ces rescapés.

Les familles des victimes se bousculaient ce mardi à Regent, un quartier de la banlieue sud de Freetown où s’est produit le drame, le 14 août dernier. Pour cause, après plusieurs mois de galère, le PAM est venu à leur secours en leur offrant des vivres (riz, huile et sel), afin de célébrer au moins les fêtes de fin d’année en apothéose. Chaque famille a reçu au minimum deux sacs de riz, deux bidons d’huile de 5 litres et deux poches de sels.

Mamadou Barry

Parmi les bénéficiaires, Mamadou Barry, originaire de Djonfo à Labé. Selon lui, le drame a coûté la vie à la majeure partie des membres de sa famille qui vivait à Freetown. Depuis, c’est la grande débrouille pour lui. « Depuis ce drame, ce sont les bonnes volontés qui nous aident à avoir à manger. Tous mes proches ont péri dans ce drame, y compris notre maison. Mes deux frères et leurs épouses sont tous décédés. Moi, je suis boulanger, ma femme et ma fille ont eu la vie sauve car elles étaient allées au village. Moi aussi, j’étais au boulot. C’est de là-bas que j’ai reçu un appel m’informant de ce qui c’était passé ici. A mon arrivée, je me suis évanoui, c’est le soir que je me suis retrouvé. Aujourd’hui, je me débrouille avec la moto de mon frère pour nourrir ma famille et payer la scolarité de ma fille », a-t-il expliqué, remerciant de passage les institutions onusiennes qui leur viennent en aide.

Ismaël Kanissi

Ismaël Kanissi, Sierra-léonais, est aussi une victime. Il a perdu deux de ses enfants (un garçon et une fille) dans ce drame. Il se dit aujourd’hui déçu du gouvernement de son pays, qui avait tenu des promesses à l’endroit des victimes au lendemain du drame, promesses qui n’ont toujours pas été réalisées selon lui:« Depuis ce drame, notre gouvernement nous a tenus beaucoup de promesses qui n’ont jusque là pas été respectées. Comme vous le voyez, ce sont ces institutions internationales qui nous assistent souvent en nous envoyant des vivres. Je suis dans une famille d’accueil depuis ce drame, mais je passe la nuit au salon. On nous a recensés, le gouvernement nous avaient promis de l’argent mais jusqu’à présent, rien n’en a été d’abord. Il y a un premier groupe qui a reçu deux (2) millions leons, mais nous autres, on n’a rien reçu d’abord. Le riz que vous voyez nous a été donné pour passer ce mois de décembre, mais j’avoue qu’on galère », a-t-il déploré.

Salimatou Conté

Salimatou Conté, autre rescapée du drame de Regent, se lamente aussi sur son sort et dénonce l’attitude du gouvernement sierra-leonais. Elle indique que sa fille n’a pas été à l’école cette année faute de moyens, et qu’elle a du mal même à trouver de la nourriture.

Et, selon nos sources, le cas de cette dame est loin d’être isolé. Beaucoup d’autres femmes rescapées de ce drame qui a coûté la vie à plusieurs centaines de personnes sont encore sans abris. Ce qui amène d’ailleurs certaines d’entre elles à se livrer à la débauche et à d’autres formes de délinquance, nous a-t-on appris.

De Freetown, Ibrahima Sory Diallo, envoyé spécial de Guineematin.com

Tel. : (00232) 88 58 26 17

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