Guinée : des experts agricoles annoncent la présence des chenilles d’automne

Dans la matinée de ce mardi 10 avril 2018, l’ambassade des Etats Unis en Guinée a organisé un point de presse téléphonique avec la responsable du bureau chargé de la sécurité alimentaire de l’USAID, madame Regina Eddy.

L’objectif était de partager les informations sur l’aide au développement des Etats-Unis pour lutter contre la chenille légionnaire d’automne en Afrique et aussi de la façon dont le gouvernement américain travaille avec les partenaires du monde entier, y compris les privés pour aider les pays touchés à lutter contre ces insectes qui envahissent les cultures, rapporte un journaliste de Guineematin.com qui a assisté à la conférence.

Selon Regina Eddy, la chenille légionnaire d’automne (FAW en anglais) est un ravageur originaire des Amériques. « Il envahit les cultures et s’est répandu dans plus de 30 pays d’Afrique. Ce nuisible pourrait causer des milliards de dollars de dommages à plus de 80 cultures différentes (y compris les aliments de base comme le maïs et le riz) et exposer des centaines de millions de personnes à la famine », a-t-elle dit.
La responsable du bureau chargé de la sécurité alimentaire de l’USAID a également rappelé qu’à ce jour, les experts en agriculture estiment que cet insecte ravageur a causé des pertes de plus de 13 milliards de dollars pour les cultures dans les pays africains.

Pour sa part, le senior Mamy Kéïta, spécialiste des questions agricoles et environnementales de l’USAID, basé à Conakry, a fait savoir que seuls trois pays de la corne de l’Afrique sont encore épargnés par les chenilles ravageuses.

Sur le danger lié à la présence de ces insectes, monsieur Mamy Kéïta a mis en exergue leurs capacités de multiplication et de déplacement. « S’il faut le dire, ces insectes sont plus dangereux qu’Ebola. Ils se déplacent en grand nombre et à une vitesse de 100 kilomètres par nuit. La femelle dépose une ooplaque de 50 à 200 œufs qui éclosent dans un délai de 2 à 3 jours. C’est une véritable armée dont il est difficile de contraindre, surtout quand on sait que la femelle de la chenille légionnaire d’automne peut pondre jusqu’à 1000 œufs au cours de sa vie et qu’il peut y avoir plusieurs générations par an », a-t-il insisté.

Sur le plan national, ce spécialiste a annoncé que toutes les régions de la Guinée sont déjà touchées par ce nuisible. « On ne se rend pas compte puisque la pluie n’a pas encore commencé. Dès le début des pluies, ils commencent à sortir. Il y a au moins 30 types d’espèces végétales auxquelles ces insectes s’attaquent. Mais, le véritable problème et leur identification parce qu’ils ont à peu près les mêmes caractères que les autres insectes », a expliqué Mamy Kéïta.

Selon lui, en Guinée, certes des efforts ont été fournis avec l’appui de l’USAID et du FAO ; mais, beaucoup de choses restent encore à faire, vu la complexité de la lutte contre ces ravageurs. « Parmi les pistes de solution envisagées, nous avons pensé à la formation des cadres et agents de protection des denrées et des végétaux, la prospection et le dépistage, le renforcement des capacités des réseaux d’informateurs (journalistes et communicateurs traditionnels), l’équipement des brigades de surveillance préfectorales, etc. », a-t-il annoncé.

Les autres moyens de lutte préconisés par cet expert sont la fourniture des pièces de phéromone (un produit chimique moins toxique) et la solution digitale basée sur le montage des vidéos.

Enfin, monsieur Mamy Kéïta a déploré le fait qu’il n’y a encore aucun produit chimique approprié pour lutter contre ces insectes.

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél. : 622 68 00 41

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