Guinée : trois mois après les élections locales, où va le pays ?

La situation de la Guinée est inquiétante. C’est du moins le constat le plus rependu qui se dégage au sein de l’opinion dominée par la majorité silencieuse. Cette majorité qui observe mais qui ne peut que constater les dégâts d’une faction plus puissante de la société.

Après les élections locales organisées le 4 février 2018, nous voilà pratiquement trois mois dans une impasse totale. Impossible de remettre en marche els administrations municipales, impossible de mettre en place les bureaux exécutifs des 304 mairies urbaines et rurales.

Pendant ce temps, 304 cadres recrutés dans des conditions totalement obscures, et nommés secrétaires généraux de commune sont ventilés partout à travers le pays. Pour autant, les communes, puisqu’il s’agit d’elles, fonctionnent au ralenti malgré cette opération commando du gouvernement.

Puisqu’après tout et en violation totale de la loi en la matière, du code électoral notamment, ce sont les sous-préfets et autres administrateurs territoriaux qui assurent le fonctionnement de ces entités.

Selon un élu, exigeant l’anonymat, qui a joint Guineematin.com, ce mercredi 2 mai, « ce sont les administrateurs territoriaux qui perçoivent les taxes et les impôts depuis le 4 février ». Seulement, s’il y avait une administration fonctionnelle dont les cadres se soumettaient à l’esprit de la loi, nul doute que la période passerait sans trop de dégâts pour les municipalités.

Mais hélas, l’expérience prouve, qu’à chaque fois que ces cadres sont face à l’argent de l’Etat et le denier public, la loi ne compte pas, le bord politique non plus et pas même la religion qui enseigne la moralité et l’honnêteté. C’est plutôt la voie fatale du peuple, toujours empruntée par les prédateurs qui consiste à dire « c’est maintenant ou jamais. C’est mon tour de remplir les poches ». pendant ce temps, dans ces localités éloignées et livrées à la pauvreté, il n’ya pas d’école fonctionnelle, pas de soins de santé adéquat, pas d’enseignant capable, pas de personnel soignant qualifié, pas de piste rurale praticable et le plus souvent aussi, pas de sécurité ni de justice en cas de conflit entre les citoyens.

L’argent, le peu d’argent mobilisé à cet effet par les contribuables, continuera, le temps que prendra cette cacophonie de non Etat dans ces municipalité, à prendre une destination inconnue et inconvenable. Personne ne lèvera le petit doigt pour exiger des comptes. Ce n’est surtout pas l’Etat, pourtant responsable et garant de la loi, pour avoir instauré et entretenu ce désordre à tous les niveaux de son administration.

A ce rythme, on se pose la question, « où va notre pays ? Peut-on se développer à ce rythme et être pays émergent dans cette situation ? » Inutile de passer à la Sorbonne,  Toto même sait que ce n’est pas possible.

Et tant que les lois du pays ne seront pas respectées, tant que les dirigeants ne réaliseront pas l’impérieuse nécessité de les appliquer sans arrière pensée, ni état d’âme et surtout tant que le citoyen lambda se sentira abandonné sur son sort et jeté à l’injustice, convenez avec moi, que tout espoir de sortir de crise est un leurre.

Il appartient donc aux acteurs à tous les niveaux de réaliser le danger que vit le pays afin qu’ils s’efforcent à trouver rapidement des solutions à cette crise électorale dans le respect de nos textes de loi. La situation actuelle est pareille à une plaie menacée de cancer. Si elle n’est pas soignée très rapidement et conséquemment, ce n’est pas une partie du corps qui est menacée mais c’est le corps tout entier qui est en danger.

Abdallah Baldé pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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