Obsèques de l’étudiant tué à la Carrière : le message fort de Cellou Dalein sur la paix

Tué le 06 février dernier par « des gendarmes » devant sa concession à la Carrière, Mamadou Djakwane Diallo, étudiant à l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry, a rejoint sa dernière demeure hier vendredi 9 février 2018. Le président de l’UFDG, qui a pris part aux obsèques, a dénoncé le « déni de justice » qui prévaut dans notre pays, rapporte le journaliste de Guineematin.com qui était sur place.

La mosquée de Carrière, située dans la commune de Matam, a refoulé du monde ce vendredi. Parents, amis, sages, et hommes politiques étaient massivement mobilisés pour exprimer leur compassion suite à la mort par balles de cet autre citoyen guinéen.

Cellou Dalein Diallo, président de l’UFDG était accompagné par une forte délégation de son parti et de certains membres de l’opposition républicaine dont Alhousseny Makanera Kaké, ancien ministre de la communication du président Alpha Condé.

Après les prières et bénédictions, le chef de file de l’opposition guinéenne, s’est prêté au micro des journalistes. L’opposant a dit sa tristesse face à cet autre comportement de nos forces de défense et de sécurité. Mais, Cellou Dalein Diallo a surtout fustigé l’absence des membres du Gouvernement à ces obsèques. « Je suis naturellement très triste. D’abord, c’est peut-être la 82eme personne que nous inhumons, victime de la répression aveugle des forces de l’ordre. Ce qui est plus triste encore, c’est qu’on sait que celui qu’on vient d’enterrer n’aura jamais droit à la justice. Ils ont été plus de 80 jeunes arrachés à l’affection de leurs familles. Celui que nous venons d’enterrer est étudiant en 2eme année à l’université. On a décrit les circonstances dans lesquelles il a été abattu par les forces de défense et de sécurité qui sont chargées normalement d’assurer la sécurité des citoyens. Mais, c’est triste pour notre pays, lorsqu’on accumule plus de 80 morts ; et que, jamais chacun d’entre eux n’a droit à la justice parce que simplement, ils sont des militants de l’UFDG. Alors que l’Etat est censé être-là. Aucun membre du gouvernement, aucun responsable du RPG pour venir soutenir la famille, alors que c’est un citoyen guinéen, un compatriote, un frère », a-t-il fustigé.

Pour Cellou Dalein Diallo, même si c’était une bavure, Mamadou Djakwane Diallo « méritait la compassion de tout le peuple de Guinée. Ils ne sont pas là, ils ne sont jamais venus. Et, c’est comme s’ils en étaient heureux, mais c’est triste pour notre pays. Si les droits humains sont traités comme ça, vraiment on doit s’inquiéter. Je rêve d’une Guinée où chaque citoyen, chaque homme perdu, c’est une perte pour la nation, la nation entière compatisse. Et ceux qui sont au sommet de l’Etat, les premiers parce qu’ils ont la responsabilité d’assurer la sécurité de tous. Et, c’est triste sous l’effet d’une haine qu’on n’arrive pas à expliquer. Le Gouvernement ne prend aucune disposition pour déclencher une enquête, identifier les coupables, les sanctionner pour que ça ne se répète plus. Mais, personne n’est-là, il n’y aura pas jamais, il n’y aura pas jamais de justice pour ce pauvre guinéen. Ils ont plus de 80, qui sont morts dans ces circonstances-là, et qui n’ont pas bénéficié du soutien de la nation. C’est triste pour la Guinée, je souhaite que cela change ».

A la question de savoir s’il va exiger l’ouverture d’une enquête judiciaire, Cellou Dalein Diallo a dit qu’il a toujours exigé une enquête. Mais, aujourd’hui dit-il, ils sont plus de 80 personnes tuées, jamais un coupable n’a été présenté au peuple de Guinée. Pis, le chef de l’opposition guinéenne a dit que cela a été « revendiqué dans les dialogues politiques. On a obtenu l’engagement du gouvernement dans les accords politiques. Ça n’a jamais été suivi d’effet(…). Je souhaite que les vols, l’injustice, les hold-ups électoraux s’arrêtent. On n’obtient pas la paix par l’exhortation à la paix, on obtient la paix par la justice et par le respect des droits des autres. Mettons-nous ensemble en tant que guinéens, nous qui avons en partage ce pays, essayons d’instaurer l’Etat de droit, la démocratie, une démocratie apaisée ».

Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

Tel. : (00224) 621 09 08 18

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