Ousmane Gaoual répond au procureur de Dixinn : « Je vous poursuivrai pour outrage »

L’assemblée générale hebdomadaire de l’UFDG d’hier, samedi 17 mars 2018, a été consacrée en grande partie à l’affaire « Grenade ». Le jeune militant de l’UFDG, présenté jeudi dernier par le Parquet de Dixinn, comme étant quelqu’un qui détiendrait des armes de guerre dont il se serait servi pour tirer sur des civils et des agents des forces de l’ordre lors des manifestations politiques à Conakry.

Comme on le sait déjà, le Parquet a également diffusé des images du jeune posant aux côtés de certains responsables de l’UFDG, comme pour dire que ces derniers entretiennent des liens étroits avec l’accusé. Une situation qui n’a évidemment pas laissé indifférent Ousmane Gaoual Diallo, député uninominal de l’UFDG à Gaoual.

Dans une longue et virulente allocution devant les militants de son parti, le parlementaire a fustigé une instrumentalisation de la justice à des fins politiques, s’en prenant dans le même temps à tous ceux qu’il prend pour responsables de la crise post-électorale dans notre pays.

Guineematin.com vous propose ci-dessous l’intégralité de cette communication de l’Honorable Ousmane Gaoual Diallo :

Dans cette crise, il y a ceux qui réfléchissent dans les bureaux, qui donnent la stratégie à mettre en application. Parmi eux, il y a monsieur Kiridi Bangoura, Damantang Albert Camara, Souleymane Keïta, conseiller du président Alpha Condé, Souleymane Traoré et tant d’autres. Ce sont les personnes qui réfléchissent, qui écrivent et qui donnent les méthodes par lesquelles il faut réprimer et enraciner la Guinée dans la dictature.

Une fois qu’ils ont réfléchi, la parole est donnée aux troubadours : ceux qui trouvent des explications communautaires, ethniques, personnalisées, démagogiques, qui manipulent les masses publiques à travers les médias. Vous avez monsieur Amadou Damaro Camara, Bantama Sow, Malik Sankhon, Aboubacar Soumah, Nantou Chérif, M’bani Sangaré. C’est eux qui trouvent les explications les plus alambiquées pour tromper le peuple de Guinée, pour cristalliser les crises politiques et communautaires. Pour tenter d’opposer les ethnies les unes contre les autres. Ce sont eux les haut- parleurs de la mouvance. Nous les écoutons. L’histoire retiendra cela aussi.

Après les troubadours, vous avez les exécutants. Le Général Ibrahima Baldé de la gendarmerie est un exécutant des sales besognes. Ansoumane Baffoé Camara qui est parent, ami et protégé de Damaro est un exécutant. C’est eux qui mettent en application les assassinats ciblés, les assassinats ethniques.

Et puis, il y a ceux qui les protègent. Le principal architecte de cette protection s’appelle Sidi Souleymane N’Diaye, accessoirement procureur de Dixinn qui habite à Ratoma. Je vais juste demander à ce procureur où il était ce jour, lorsque le véhicule de la gendarmerie a percuté, puis écrasé un militant de l’UFDG à Hamdallaye ? Où il était un 16 août, lorsqu’un policier a ouvert le feu et tué quelqu’un sur son balcon. Il a été arrêté sur le champ, aujourd’hui, c’est un homme libre. Ce procureur était où lorsque les Donzos paradaient au siège du RPG armés devant le ministre Diané, devant Bantama Sow, devant tous les extrémistes réunis dans ce parti politique qui, par effraction, commande notre pays ? Où il était lorsqu’en 2013, nous avons été pris à partie à château ? Le véhicule du président de l’UFDG pourchassé par un véhicule de la police et qui essuyait des jets d’eaux chaudes ? Ce jour-là, nous avons dû compter 9 cadavres faits par les anti-manifestants que Bantama Sow galvanisait et que Malick Sankon revendiquait. Il était où ce procureur de la République ? Où étiez-vous monsieur Souleymane N’Diaye, lorsque Malick Sankon a revendiqué avoir mis en place les chevaliers de la République, puis revendiqué une milice de 3000 personnes ? Quand Aboubacar Soumah a revendiqué une milice de 1200 personnes qui ont attaqué le domicile du chef de file de l’opposition, vous étiez où monsieur le procureur de Dixinn ? Vous étiez où lorsque monsieur Sékou Souapé disait dans les medias publics, avoir assassiné lui-même monsieur Panival Bangoura ? Qu’est-ce que vous avez fait des images qu’il a prises avec Alpha Condé au siège du RPG ? Qu’est-ce que vous faites des images qu’il a et qui pullulent sur internet, où il est habillé en tenue militaire treillis avec une arme de guerre PMAK, un pistolet et un Talkie-walkie ?

Monsieur le procureur, que faites-vous de ces informations encore disponibles ?

Je vais dire simplement à ce monsieur, que les articles 678 et suivants du Code pénal ne punissent que lorsque l’on porte la tenue militaire publiquement. Nulle part dans le Code pénal en Guinée, il y a une disposition qui interdit que moi Ousmane Gaoual, je porte une tenue militaire et que je me photographie. Je suis libre de porter un caftan, la tenue d’un militaire, la tenue de l’armée américaine, l’armée chinoise, de faire des photos chez moi. J’ai fait des photos avec « Grenade », j’ai fait des photos si vous voulez avec le monde entier. Dieu a fait qu’il y a des gens qui veulent faire des photos avec moi, avec le président de l’UFDG. Si vous êtes un homme que tout le monde fuit parce que vous sentez mauvais, c’est votre problème. Les gens viennent faire des photos avec nous, si ceci est un crime, nous le revendiquons.

Alors, à ce moment-là, comme Sékou Souapé avait fait une photo avec Alpha Condé, il faudrait interroger Alpha Condé sur la mort de Panival. Monsieur Bobodi qui a pris une photo au milieu des bérets rouges armés, il va falloir interroger Bobodi sur ses intentions. Peut-être, il veut faire un coup d’Etat. Il y a temps de personnalités qui font des photos en tenue militaire. Le Président Maky Sall, il n’y a pas longtemps, pour rendre hommage à l’armée, a porté la tenue. Pour nous, porter cette tenue, c’est rendre hommage à des gens, à un corps qui, dans une République, se sacrifie pour l’unité nationale, la paix. Quand nous nous habillons comme eux, nous leur rendons hommage. Régulièrement, je porte la casquette militaire et je continuerais de le faire. Je demanderai d’ailleurs à avoir une dotation de tenue. La prochaine fois, je viendrais ici avec une tenue militaire pour dire que si c’est un délit, nous l’assumons. J’ai entendu les théoriciens dire qu’à l’UFDG, on arme les jeunes. Mais alors, si on est intelligent pour armer les jeunes, nous devrions aussi être intelligents pour demander à ces jeunes de tuer les gens du RPG ou de tuer les policiers ou encore de tuer les gendarmes ; mais, on n’allait pas se tuer entre nous.

Monsieur le procureur de Dixinn, aux termes et dans l’esprit des articles 578 du Code de procédure pénale, je vous poursuivrai pour outrage, pour atteinte à mon image et à ma dignité.

La presse, ça, c’est une mise en garde, je vous en prie, ne tombez pas dans la manipulation. C’est une véritable opération de manipulation des médias à laquelle s’est livré le procureur de Dixinn. Il a dit qu’il avait des choses à vous dire, il n’a rien dit d’intéressant. Il dit qu’il a des preuves contre des personnalités, et un parti politique ; mais, il a dit qu’il n’ose pas le dire. Cependant, à la fin, il vous glisse des images où vous me voyez, vous voyez l’effigie de l’UFDG, vous voyez Halimatou Dalein Diallo. Ça, c’est pour vous emmener vous la presse à nous interroger, à nous indexer, à nous questionner, alors que lui-même le procureur, s’il avait des éléments solides, il aurait dû dire nos noms et notre identité. Ça ne serait pas un délit. Mais, du fait d’avoir livré notre image à des spéculations, il le payera. Nous porterons plainte auprès du procureur général de la République. Et, nous allons à partir d’aujourd’hui, exiger à ce que ce procureur haineux, méchant, corrompu, quitte la commune de Ratoma. Il faut que l’opposition mette dans son agenda le départ de ce procureur du tribunal de Dixinn.

Nous refusons cette justice politique, nous refusons l’injustice, nous refusons le tribalisme, nous refusons ce qu’Alpha Condé est en train de faire à la Guinée, la haine. Je suis d’accord, l’UFDG n’est pas un parti politique qui va encourager que les jeunes soient armés. L’arme du peuple, quand il sortira, ni moi, ni personne ne sera devant le peuple. C’est ce qui est arrivé au Burkina, c’est ce qui est arrivé partout où les populations ont été poussées à l’exaspération et on n’est pas loin de cette frontière aujourd’hui. Mais, ce jour-là, on ne parlera ni d’arme, ni d’épée, ni de flèche. Le peuple se mettra débout comme un seul homme et marchera pour réclamer sa liberté et exiger ses droits.

En attendant, Alpha Condé fait comme si on n’est pas des guinéens. On n’a pas accès au travail, on n’a pas accès aux médias publics, on n’a pas le droit de revendiquer lorsqu’on est accusé. Ça veut dire dans son esprit, que nous ne sommes plus des guinéens. Mais, nous sommes débout et déterminés pour faire en sorte que la vérité et la justice triomphent et que Cellou Dalein soit celui qui va conduire ce pays dans la paix.

Saidou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tel:654 416 922/664 413 227

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