Taxi-motos: ce métier qui attire des étudiants et des enseignants

Ces dernières années, le métier de conducteur de taxi-motos a connu une percée fulgurante à Conakry. Ce métier attire aujourd’hui plusieurs catégories de personnes à la recherche de quoi subvenir à leurs besoins. Parmi elles, on trouve aussi bien des étudiants que des enseignants, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Au départ, les conducteurs de taxi-motos à Conakry, étaient en général des jeunes qui ont soit abandonné les études ou qui n’ont pas du tout été à l’école, et qui n’ont pas un autre métier. Mais au fil du temps, le métier de conducteur de taxi-motos a pris de l’ampleur, attirant de plus en plus de convoitises. Désormais, on y trouve de nombreux diplômés sans emplois, mais également des étudiants et même des enseignants.

Abdoul Aziz Sow

Abdoul Aziz Sow, étudiant à l’université Nongo Conakry, est l’un d’eux : « Je me suis dit que ce n’est pas la peine de rester bras croisés, ce n’est pas du tout bon. C’est ce qui fatigue les jeunes guinéens, quand ils finissent les études, ils attendent tout du gouvernement. Et pourtant, il y a des petits métiers que l’on peut faire. Quand je viens ici, je ne peux pas dire que je suis millionnaire, mais je gagne au moins le minimum », témoigne-t-il.

Gagner au moins le minimum pour vivre, c’est la raison qui amène aujourd’hui beaucoup d’étudiants à se lancer dans la conduite des taxi-motos à Conakry. Abdoul Aziz Sow reconnait toutefois, que cela peut parfois avoir un impact négatif sur la formation des étudiants. « Vraiment ce n’est pas du tout facile quand même, j’ai constaté ces derniers temps que si tu ne fais pas attention, tu risques même d’abandonner les études. Avant je révisais beaucoup, mais depuis que j’ai commencé ça, j’ai diminué un peu parce que le temps ne me permet pas. Quand je rentre de l’université, je viens ici si je n’ai pas de devoir à faire. Ce n’est pas du tout facile il faut qu’on soit clair, mais c’est une manière de subvenir à certains besoins. Ce que je gagne ici me permet d’assurer mon transport pour la fac, me nourrir, m’acheter des habits et aussi payer les frais des festivités de fin de cycle qu’on prépare », a dit l’étudiant que nous avons rencontré à Koloma marché.

Ibrahima Sory Bah

Tout comme lui, Ibrahima Sory Bah allie aussi ses cours à l’université et la pratique du métier de conducteur de taxi-moto. L’étudiant en Sociologie à l’université de Labé, est à Conakry pour le congé de Pâques. Et pour lui, cette période n’est pas plus, pas moins, qu’une occasion de se faire de l’argent : « Par manque de moyens, je viens ici pour me débrouiller et avoir un peu d’argent avant de me retourner. Après la reprise des cours, l’argent que j’aurai gagné peut m’aider à avancer un peu avant que les parents ne m’envoient de l’argent », indique le jeune homme.

Mais, il faut dire que les étudiants ne sont pas les seuls à se lancer dans ce monde de plus en plus prisé des conducteurs de taxi-motos à Conakry. Il y a également des enseignants qui s’y lancent, histoire de combler les fins de mois. Parmi eux, Gabriel Millimono, professeur de mathématiques dans une école privée, en même temps chef de ligne des conducteurs de mototaxi au marché de Kaporo.

Gabriel Millimono

Pourquoi s’est-il lancé dans ce métier ? Gabriel Millimono répond : « Par rapport à l’enseignement je n’ai que 6 heures par semaine, donc ce n’est pas tous les jours que je pars à l’école, je vais à l’école lundi et mardi. Maintenant les autres jours, c’est-à-dire mercredi, jeudi, vendredi, et samedi je me débrouille pour faire taxi-moto.

Ce qui m’a poussé à faire les deux travaux à la fois, c’est que dans l’enseignement je ne suis pas dans la fonction publique. A l’école privée où je donne cours, on nous paye à 8 000 francs l’heure, quand tu calcules ça, à la fin du mois tu ne peux même pas avoir le prix du loyer. C’est pourquoi je me suis lancé dans les deux », s’est confié à Guineematin.com, l’enseignant.

Par ailleurs, ces jeunes conducteurs de taxi-motos ont profité de notre micro, pour dénoncer l’insécurité et les tracasseries policières dont ils sont victimes.

Siba Guilavogui pour Guineematin.com

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