Trafic des êtres humains : un an de prison requis contre un guinéo-léonais à Conakry

L’immigration illégale et le trafic des êtres humains ont pris de l’ampleur ces dernières années en Guinée avec des ramifications dans de nombreux pays voisins. C’est dans le cadre de la lutte contre ces « infractions nouvelles », que Thierno Ibrahima Diaby, un présumé trafiquant d’êtres humains, a été jugé au Tribunal de Première Instance de Mafanco. Pour la journée de ce jeudi 15 février 2018, on en était aux réquisitions et plaidoiries des parties au procès, a constaté sur place Guineematin.com, à travers un de ses reporters.

Thierno Ibrahima Diaby, qui a la double nationalité guinéo-léonaise, est poursuivi pour trafic des êtres humains et trafic illicite de migrants vers de nombreux pays.

Dans ses réquisitions, le procureur Lansana Cissé a rappelé les faits. Selon lui, le prévenu est poursuivi pour avoir aidé des léonais, des libériens et des guinéens à voyager vers des pays comme la Turquie, le Brésil, le Bahamas, Dubaï (Emirats Arabes Unis), l’Australie, le Koweït… Il est membre d’un réseau chargé de recruter, de transporter, d’héberger et de faire voyager des citoyens vers ces pays où ils sont le plus souvent victimes d’exploitation. On leur fait subir dans ces pays, selon le procureur, des traitements inhumains, des heures et un volume de travail inacceptables. Les membres du réseau tirent profit de leur implication dans le processus du voyage. « Monsieur Thierno Ibrahima Diaby est un maillon de la chaine. Comme il a grandi en Sierra Léone, il est en contact avec des gens qui sont là-bas. C’est eux qui lui envoient des gens ici et il se sert de ses relations dans une agence de voyage de la place et le tour est joué », a martelé monsieur Lansana Cissé.

Pour le procureur, au cours des débats, le prévenu a reconnu avoir hébergé des gens par l’intermédiaire d’un certain Alhassane qui loge à Gbessia-Port.

C’est ainsi que monsieur Lansana Cissé va demander au juge Ibrahima Sory 2 Tounkara de retenir Thierno Ibrahima Diaby dans les liens de la culpabilité « en application des articles 323 et 334 du Code Pénal ».

Pour la répression, le procureur va requérir 1 an de prison et une amende d’un million de francs guinéens contre Thierno Ibrahima Diaby.

L’avocat de la défense va prendre le contre-pied de la position du procureur en demandant la relaxe pure et simple de son client. Selon maitre Mâdiou Barry, les éléments constitutifs du délit ne sont pas réunis pour que le juge entre en condamnation dans cette affaire. « Il n’y a pas une victime déclarée et présentée ici. Ce n’est pas en disant un léonais, un libérien ou un guinéen qu’on va pousser le juge à condamner. Le trafic consiste à recruter, à transporter, à héberger etc.…. Cela n’a pas été démontré à la barre. On parle d’exploitation, mais non ne nous présente aucune victime. On parle d’hébergement, mais mon client parvient difficilement à faire vivre sa famille, aucune possibilité d’héberger autrui chez lui à Madina-école. On parle d’entrée illégale alors que les documents de voyage sont tous légaux. Aussi bien à l’embarquent qu’au pays d’accueil, les passagers n’ont été refoulés. L’infraction n’existe pas. »

Pour toutes ces raisons, en plus du passé judiciaire de Thierno Ibrahima Diaby qui a un casier judicaire vierge, maitre Mâdiou Barry va demander la relaxe de son client.

Le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara va renvoyer l’affaire au jeudi 22 février 2018 pour décision être rendue.

Le prévenu, détenu à la maison centrale de Coronthie depuis le 31 octobre 2017, va continuer son séjour carcéral en attendant d’être situé sur son sort.

Alpha Mamadou Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 628 17 99 17

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