Trafique de drogue à Mamou : 2 ans de prison requis contre un père de famille

Arrêtés le 1er Janvier 2018 à Dounet pour une affaire de trafique de drogue, Amadou Diouldé Sall (57 ans) et ses trois coaccusés ont comparu pour la seconde fois hier, mardi 23 janvier 2018, devant le tribunal de première instance de Mamou. Ils sont poursuivis pour achat, transport et détention de chanvre indien, rapporte le correspondant de Guineematin.com dans la ville carrefour.

A l’audience précédente (le 16 janvier dernier), les quatre prévenus avaient tous plaidé non coupables des charges articulées contre eux. Mais, au cours des débats, il a été ressorti que Amadou Diouldé Sall, Ibrahima Sory Diallo et Mamadou Sidibé avaient un dénominateur commun. « Ils ont tous été arrêtés au même endroit (chez Amadou Diouldé Sall) », avait fait observer le ministère public, suite aux différentes dépositions des prévenus qui expliquaient au tribunal les circonstances dans lesquelles ils ont été arrêtés par les agents de la brigade anti criminalité numéro 16 (BAC16).

« Mon frère Amadou est venu me dire que sa maison a été cassée par des inconnus. Ensemble, nous sommes allés chez lui. Il (Amadou) m’a dit d’éclairer pour lui afin qu’il puisse arranger sa maison qui était complètement retournée. C’est là que les agents nous ont trouvé. J’avais mon téléphone et mon argent (50 mille francs) en poche. Ils nous ont arrêtés et convoyés à Mamou avec des chèvres », avait expliqué Ibrahima Sory Diallo, précisant que c’est à la gendarmerie qu’il a vu des sacs de chanvre indien.

Des propos confirmés par Amadou Diouldé Sall qui a expliqué au tribunal qu’il était allé confectionner des briques lorsque les agents de la BAC16 sont allés défoncer sa porte. « Je suis venu trouver que ma chambre a été retournée. Mes objets étaient éparpillés un peu partout dans la chambre. J’ai appelé Sory pour qu’il me tienne la torche afin que je puisse arranger mes objets. C’est dans ça que les agents de la BAC16 sont venus nous trouver. Ils nous ont arrêtés ; mais, il n’y avait que des habits usés, une radio, un fusil de fabrication locale, un coupecoupe (…) dans ma chambre. Ils n’ont trouvé aucune trace de chanvre indien chez moi », a-t-il expliqué au tribunal.

De son côté, Mamadou Sidibé avait déclaré que c’est après la prière du crépuscule qu’il est allé chez Amadou, où il a été arrêté par la BAC16. « Quand j’ai fini ma prière du crépuscule, ma grand-mère m’a appelé pour dire qu’elle a entendu des cris chez Amadou. Donc, je suis allé voir ce qu’il y avait. Arrivé sur les lieux, j’ai vu des gens qui étaient assis, ligotés. Moi aussi, les agents m’ont arrêté. Je n’avais que mes clefs et mon téléphone. C’est à la gendarmerie qu’ont m’a montré un sac de chanvre indien », a expliqué Mamadou Sidibé.

Pour sa part, Alpha Bah a expliqué au tribunal qu’il partait chez son oncle quand il a été arrêté par la BAC16. « Quand je suis revenu du travail, j’ai trouvé que ma porte a été cassée. Mes objets étaient éparpillés et il manquait des draps de lits et quelques objets. Ils (les agents) ont aussi pris des chèvres qui appartiennent à mon beau-frère. C’est au moment où je partais chez mon oncle que les agents m’ont arrêté en route. Ils étaient à pied », a-t-il indiqué.

Face à la complexité de cette affaire où tous les prévenus se fendaient n’avoir vu du chanvre indien qu’à la gendarmerie, le juge Maferin Camara avait renvoyé l’audience pour ce Mardi 23 janvier, pour la comparution des agents de la BAC16 qui avaient arrêté ces quatre hommes. Les agents devaient éclairer la ‘’religion’’ du tribunal sur le lieu et sur ou chez qui, la saisi des cinq (5) sacs de chanvre indien mit à la disposition du parquet avait été effectuée.

C’est pourquoi, ce Mardi, le lieutenant de police Mathieu Loua qui avait conduit cette opération de saisi de chanvre indien à Dounet (une sous-préfecture située à 35km du chef lieu la préfecture de Mamou) est comparu devant le tribunal en qualité de simple témoin.

« Quand nous sommes arrivés à Dounet, il y avait un indique à la gendarmerie. On n’est allé casser la porte de Mamadou Ciré parce que le sous-préfet et le commandant de la gendarmerie nous avaient dit que c’est lui qui vend de la drogue là-bas. Mais on n’a rien vu dans sa chambre. On était spécialement allé pour arrêter Ciré qui a été décrit comme un délinquant qui fatigue tout Dounet. Mais il n’y était pas. Ensuite nous sommes allés chez Diouldé Sall parce qu’on nous avait dit que si Ciré n’est pas chez lui, il passe du temps chez Diouldé qui se trouve être le père de sa copine qui a déjà fait un enfant pour lui. Là-bas aussi, on a cassé la porte de la maison. On a trouvé cinq (5) sacs de 50kg de chanvre indien. Mais Diouldé n’était pas chez lui pendant cette opération. C’est après cette saisie que nous sommes revenus à Mamou. Mais à 21 heures, on nous a appelés pour nous dire que des gens sont venus là où nous avons saisi la drogue. Nous sommes ensuite repartis à Dounet où on a arrêté ces quatre personne », a expliqué le lieutenant Mathieu Loua.

Contrairement aux déclarations de Diouldé qui dit ne pas connaitre Mamadou Ciré, le lieutenant Mathieu Loua a confié au tribunal que Diouldé a tenu beaucoup d’assise avec Mamadou Ciré, parce que ce dernier faisait la coure à sa fille.

Dans ses réquisitions, le ministère public représenté par le substitut du procureur Daouda Diomandé, a surtout accentué son intervention sur Amadou Diouldé Sall qu’il a décrit comme étant « le principale complice de Mamadou Ciré ». Ce dernier, a expliqué le parquetier audiencier, « est un vendeur et consommateur de drogue très bien connu à Dounet où il fatigue tous les citoyens de la localité. Même les autorités le craignent. Quand il est opposé à quelqu’un, il n’hésite pas à prendre une arme blanche contre cet individu (son adversaire) ».

« Les faits sont claire. Les cinq (5) sacs de chanvre indien ont été saisis dans la maison de Diouldé. Le prévenu à même dit qu’il passe la nuit dans cette maison. Donc, Diouldé savait la provenance de ces sacs. Il savait aussi qui les a déposés chez lui. C’est pourquoi le parquet requiert qu’il vous plaise de retenir Amadou Diouldé Sall dans les liens de la culpabilité pour complicité d’achat, de transport et de détention de chanvre indien. Pour la répression, vous le condamnerez à deux (2) ans de prison ferme », a requit le parquetier audiencier qui a aussi demandé au tribunal d’autoriser la destruction des cinq (5) sacs de chanvre indien qui ont été saisis chez le prévenu Diouldé Sall.

Parlant des trois autres prévenus, le ministère public a simplement demandé l’application de l’article 544 du code pénal guinéen. « Ibrahima Sory Diallo, Mamadou Sidibé et Alpha Bah ont été arrêté au mauvais endroit, au mauvais moment. Ils n’ont rien à voir dans cette affaire. C’est pourquoi nous demandons leur relaxation pure et simple pour délit non constitué », a dit le parquetier audiencier Daouda Diomandé.

Finalement, le juge Maferin Camara a renvoyé l’audience au Mardi 30 Janvier prochain pour le délibéré dans cette affaire.

De Mamou, Keïta Mamadou Baïlo pour Guineematin.com

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