Violence à Labé : entretien avec le député Cellou Baldé

Le député uninominal de Labé, Honorable Mamadou Cellou Baldé a conduit, la semaine dernière, une mission de l’Assemblée Nationale en Moyenne Guinée, au moment où les autorités administratives, politiques et sécuritaires de Labé réprimaient violemment la grogne sociale provoquée par l’augmentation unilatérale du prix du carburant à la pompe.

Votre quotidien en ligne Guineematin.com a mis l’occasion à profit pour recueillir les sentiments de ce parlementaire issu de la principale formation politique de l’opposition guinéenne, à savoir l’Union des Forces Démocratique de Guinée (UFDG). Intégralité !

Guineematin.com : Honorable Mamadou Cellou Baldé, vous êtes en tournée en Moyenne Guinée dans le cadre d’une mission de l’Assemblée Nationale au moment où des syndicalistes et acteurs de la société civile sont violement réprimés par des services de sécurité sous ordre des autorités politiques et administratives de Labé. Quelle lecture faites-vous de cette situation dramatique et regrettable ?

Honorable Mamadou Cellou Baldé : Merci beaucoup. Justement, j’étais en tournée dans la région quand j’ai appris vraiment qu’il y a une répression qui était entrain de s’abattre sur les populations de Labé, suite à l’appel à manifester lancé par les forces sociales et le mouvement syndical guinéen. Appel à manifester qui a été interdit par les autorités de Labé et celles du niveau national.

D’abord, je déplore l’entrave au droit de manifester, la violation des libertés individuelles et collectives consacrés dans l’article 10 de la Constitution.

Ensuite, il faut dire que j’ai suivi le déroulement de la grève sur le plan national et sur le plan local, notamment à Labé. Pendant plus de 3 semaines, la grève s’est bien déroulée. Il y a eu des marches, il y a eu des journées ville morte. Mais, j’ai regrette la violation du droit syndical enregistré ces derniers temps quand les forces de défense et de sécurité, sur la réquisition des autorités de la place ont violenté les syndicalistes et les membres de la société civile qui ont été agressés dans leur QG, à Hoggo M’Bouro. Je n’ai pas manqué de le dire au Gouverneur de la Région Administrative de Labé, monsieur Sadou Keïta quand je l’ai rencontré, mercredi nuit. J’étais en provenance de Tougué pour Mali. Je lui ai signifié que si les enfants sont descendus dans la rue pour bruler des pneus, c’est parce qu’ils ont été frustrés de la violation de leur droit de manifester. Pendant 3 semaines, personne n’avait été agressée. Les gens circulaient librement. Le syndicat jouait son rôle. La société civile jouait son rôle.

Je me suis posé la question et je lui ai demandé pourquoi le QG des syndicalistes a été attaqué ? Pourquoi violenter des syndicalistes ? Pourquoi saccager les voitures des syndicalistes ?

En même temps, je lui ai demandé de faire en sorte que le lendemain, jeudi, que les syndicalistes et les membres des forces sociales qui ont été interpellés soient libérés et qu’ils essayent d’évaluer les dégâts qui ont été causés et de situer les responsabilités, parce que les forces de défense et de sécurité ne peuvent pas aller dans la rue sans qu’il n’y ait une réquisition. Ne serait-ce que celle des autorités préfectorales.

J’ai vraiment déploré qu’à chaque manifestation la répression s’abat sur les populations de Labé de façon singulière alors qu’il s’agit d’un mouvement national.

A qui imputez-vous la responsabilité de ce qui s’est passé à Labé ces derniers temps ?

Cellou Baldé

J’accuse les autorités administratives préfectorales et régionales de Labé. Même si le préfet était absent, il y a le secrétaire général chargé des collectivités décentralisées. Généralement, ce n’est pas dans toute la région administrative de Labé, c’est dans la préfecture. Cela veut dire que les forces de défense et de sécurité ne se sont pas rendues à Tougué ou à Koubia. J’ai déduit donc qu’il s’agit d’une réquisition de la préfecture qui a mobilisé les forces de défense et de sécurité. Même si j’ai entendu le représentant du syndicat, Monsieur Lamine Sangaré dire qu’il accuse nommément le directeur de la sûreté. Mais, à mon avis les unités d’intervention ne peuvent pas sortir d’elles-mêmes ou bien le directeur régional de la sûreté ne peut pas décider de son chef, lui-seul, en dehors du gouverneur de région ou d’une réquisition de la préfecture, de sortir les agents de défense et de sécurité dans la rue.

Avez-vous un autre message à nous confier ?

Mon message est de demander aux forces sociales de prendre leur responsabilité en déclinant un agenda clair par rapport aux manifestations pour que les populations comprennent l’orientation qui est en train d’être pise.

Il y a lieu aussi de demander aux manifestants, surtout aux jeunes de ne pas aller vers le marché central, parce que le jeudi et le vendredi nous avons assisté à des scènes indescriptibles dans la ville.

Il faut manifester pour baisser le prix du carburant, parce qu’on veut soulager les conditions de vie des populations. On ne le fait pas en s’attaquant aux biens des gens. Ils n’ont qu’à donc manifester en dehors du marché central. Il faut autant que faire se peut sécuriser le marché central, sécuriser les biens des personnes au niveau du marché central.

Nous demandons à tous les jeunes d’être derrière les forces sociales, d’être derrière le syndicat et de ne pas aller au-delà de ce que demandent les forces sociales qui les appellent à manifester.

Par ailleurs, nous remercions et félicitons vivement les forces sociales par rapport à tout ce qu’elles sont en train de faire pour améliorer les conditions de vie des populations.

Entretien réalisé par Idrissa Sampiring DIALLO pour Guineematin.com

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