Abdourahmane Baldé aux anti-3ème mandat : « ne prenez pas Alpha Condé comme un ennemi »

Abdourahmane Baldé, propriétaire de restaurant Eldorado Nongo
Abdourahmane Baldé, président de la nouvelle plateforme politique « La démocratie guinéenne en action »

Dans un entretien qu’il a accordé à Guineematin.com hier, samedi 11 mai 2019, Abdourahmane Baldé, le président de la nouvelle plateforme politique « La démocratie guinéenne en action » s’est exprimé sur le débat en cours autour du projet de changement de constitution visant à permettre au président Alpha Condé de briguer un troisième mandat.

Il dénonce non seulement les promoteurs d’un troisième mandat mais aussi les opposants à ce projet dont il trouve le combat complètement biaisé. Pour lui, la seule façon de sortir de cette situation est de faire avec le président Alpha Condé.

Décryptage !

Depuis quelques temps, l’actualité nationale est dominée par le débat autour d’un éventuel changement de constitution pour permettre au président Alpha Condé de briguer un troisième mandat en 2020. Les partisans du pouvoir et les opposants à ce projet s’activent, chacun de son côté, sur le terrain. Quel est votre regard sur cette situation ?

Abdourahmane Baldé : je pense qu’il y a deux choses fondamentalement : il y a tout d’abord la volonté de changement de la constitution, on l’a entendue dans la presse, et il y a ceux qui s’opposent à une modification de la constitution, ce qui fait deux choses. Nous, en ce qui nous concerne, nous estimons qu’il y’a quand même un problème. Nous voyons le problème sous un angle extrêmement pertinent à nos yeux. C’est que les deux camps, je pense qu’ils font tous dans des erreurs.

Je m’explique : je commencerai d’abord par le camp qui s’oppose à une modification de la constitution. Je pense, au sens propre du terme, qu’il y a une possibilité de modification de la constitution, sauf un certain nombre de dispositions déjà verrouillées dans la constitution actuelle. Changer la constitution et toucher à certaines dispositions de la constitution font deux.

Je pense que ce qui n’est pas du tout bien, c’est la volonté du président de la République de s’éterniser au pouvoir si jamais il se prononçait en faveur de sa reconduite à la tête de l’Etat guinéen. Alors, dire qu’on ne doit pas modifier la constitution, c’est déjà violer la constitution. Mais vouloir de l’autre côté modifier un certain nombre de dispositions de la constitution, notamment la disposition portant sur la laïcité, le caractère républicain de la Guinée et le nombre de mandats présidentiels est aussi violer la constitution. Je pense que ça ce sont les dispositions qui sont déjà verrouillées. Mais je pense tout de même qu’il y a des dispositions de la constitution qui peuvent être modifiées dans l’esprit même de la loi par le président de la République qui ne concernent en rien le nombre de mandats.

Alors, changer la constitution, c’est aussi aller à l’extrême de la volonté de toucher à cette constitution. Mais dans les deux cas, je pense que le débat ne devrait pas être là. Je voudrais attirer votre attention sur le fait que la Guinée s’est enfoncée pendant ces 10 dernières années dans l’obscurantisme. Nous ne sommes pas en train d’avancer. On va beau discuter de la volonté de combattre ceux qui veulent modifier ou ceux qui veulent changer la constitution, on va beau rejeter ceux qui ne veulent pas de la modification de la constitution, je pense que jusqu’à nos jours, nous n’avons pas obtenu des leaders sérieux qui peuvent lutter contre si vous voulez les fraudes électorales. Pour nous, ceux qui n’ont pas pu lutter contre les fraudes électorales, combattre pour la transparence des élections, ne peuvent pas empêcher la dictature au pouvoir.

Vous ne pouvez pas être complice d’un chef d’Etat qui a voulu modifier des résultats électoraux, l’expression de la volonté populaire à travers les urnes pendant des élections et prétendre lutter contre la dictature. Je pense personnellement que tous les deux groupes, sont dans un cercle vicieux qui est inventé depuis la conférence de Berlin. Le guinéen, de manière particulière, et les africains de manière globale tout comme certaines parties du monde, sont maintenu dans la pauvreté voulue et choisie par ceux qui étaient présents lors de la conférence de Berlin. Jusqu’à nos jours, nous avons connu une faillite dans nos pays. Nous ne parvenons pas à créer des institutions inclusives parce qu’on nous a imposé des institutions extractives, et c’est ce qui nous amène à nous prononcer ce matin.

Nous pensons que le président Alpha Condé a toujours été un bon panafricain, mais aujourd’hui, il est pris en otage par un système extractif de domination coloniale, d’impérialisme étrangère qui l’a empêché de poser des actes qu’il veut. C’est pourquoi je pense qu’on ne va pas aller jusqu’à l’extrême, jusqu’à le stigmatiser. Il faut tout faire pour qu’il soit de notre côté, il faut tout faire pour qu’il soit du côté des Guinéens pour éviter un carnage à la Guinée. Je pense qu’Alpha lui-même ne peut pas contrôler ce qui se passe dans notre économie. Il ne peut plus. Ce qui se passe à Boké dans les mines, aucun ministre n’a un droit de regard sur ce qui se passe Boké.

Nous avons été pris en otage, les Guinéens, tous, sont dans une pauvreté qui parait extrêmement difficile à gérer. Ça n’a rien à avoir avec une communauté, ça n’a rien à avoir avec une génération. Nous sommes tous pris en otage. Parce que nous n’avons pu créer des institutions inclusives qui peuvent aider au développement économique. Le problème réel de la Guinée, c’est qu’on combat l’élite de la Guinée. On fait tout pour nous imposer des individus inféodés à des étrangers, on nous dicte une possibilité de modification de nos lois tout simplement parce qu’ils ne veulent pas que la Guinée profite de ses richesses.

Guineematin.com : à vous entendre, on a l’impression que vous ne soutenez ni le changement de constitution ambitionné par le pouvoir ni ceux qui s’opposent à ce projet. Quelle est alors votre position sur ce sujet ?

Abdourahmane Baldé : moi ma position, elle est très claire. Moi je pense d’abord que nous avons une Assemblée nationale qui devrait être un espace de discussion, un espace de débat, un cadre légitime d’échange. Cette Assemblée nationale n’est plus. Nous devrions nous organiser pour enterrer des députés qui sont qualifiés par certains de périmés. C’est une Assemblée obsolète qui est déjà un nid de la dictature, qui a pris les lois de la République en otage. Parce qu’elle-même qui doit légiférer, elle n’est plus légitime, elle n’est plus légale. Les députés actuels à l’Assemblée, ne sont plus légitimes. Et voilà le problème encore une fois. Nous notre position, c’est qu’il faut combattre la domination étrangère. Le problème, ce ne sont plus les Guinéens.

Ce ne sont pas les Guinéens qui empêchent le développement de la Guinée, mais ils ont vite compris dans leurs écoles, avec la vision de ceux qui nous ont toujours gouvernés, qui ont eu la volonté de dominer l’Afrique, qu’il faut centraliser le pouvoir politique en Guinée. Les populations de Kankan n’ont pas de problème avec les populations de Labé, les populations de N’zérékoré n’ont pas de problème avec les populations de la Basse Guinée. Nous avons tout simplement été pris en otage par un oubli étranger qui a confisqué le pouvoir politique en Guinée et qui a instauré, qui a renouvelé des institutions extractives qui nous empêche de nous épanouir. Des étrangers qui ont pris en otage notre économie. Rien ne marche.

Je pense que ceux qui sont contre un troisième mandat sont pris en otage, ceux qui sont pour un troisième mandat sont pris en otage. Imaginez quelqu’un qui demande la modification de la loi ou qui demande le changement de la constitution parce qu’il a envie d’avoir aujourd’hui une voiture, qu’est-ce que lui il veut pour la prochaine génération de la Guinée ? Qu’est-ce que lui il veut pour la Guinée après 100 ans, après même 80 ans, après 50 ans ? Qu’est-ce que lui il veut pour la Guinée ? Celui qui ne veut pas la modification de la constitution, qui n’a que ses émotions et ses muscles pour parler, qui sort et qui dit que moi je ne veux pas que la constitution soit modifiée, qui envoie le président dans le radicalisme.

Tant que le président est du côté des Guinéens, on n’a pas de problème. Mais, dès qu’on va le mettre dans la radicalité, quand on va le mettre dans une position extrême qui va l’obliger à tomber dans le piège de la violence, c’est des millions de guinéens ou des milliers de guinéens qui risquent leurs vies encore. Je pense qu’il faut bien entendu dire clairement que nous avons besoin, nous avons envie que le président de la République soit du côté des Guinéens et qu’il voit au-delà de ses yeux, qu’il voit au-delà de sa propre personne, qu’il voit l’intérêt de la Guinée. Nous savons combien il est en difficulté, c’est vrai. Il y a un oubli interne, un système interne à l’interne depuis des décennies que lui-même a toujours combattu, que pratiquement il n’a pas pu éradiquer à 100%.

Il y a un oubli étranger qui est contre les intérêts de la Guinée qui risquerait de le prendre en otage. Il lui sera extrêmement difficile de sortir de là. Je pense que lui, doit accepter de penser à la Guinée après 20 ans et 30 ans, après 50 ans et après 100 ans. Que les intellectuels guinéens doivent se retrouver du moment où il n’y a plus de parlement pratiquement, du moment où il n’y a plus d’espace de débats démocratique, les fils dignes de la Guinée devraient se retrouver pour insuffler une nouvelle dynamique politique pour que la Guinée puisse sortir de l’obscurantisme dans lequel nous sommes.

Guineematin.com : vous êtes à la tête d’une nouvelle plateforme politique, quelle est sa vision ?

Abdourahmane Baldé : la vision de cette nouvelle plateforme justement c’est d’abord de combattre la domination étrangère. Où se trouve l’or de la Guinée ? Où va l’argent de la bauxite guinéenne ? Aujourd’hui vous-mêmes vous vous rendez compte, quand vous prenez vous regardez les bâtiments de la Guinée, les tôles que nous avons sur nos propres bâtiments, c’est des tôles qui sont complètement foutues. Vous achetez des tôles, quelques deux mois, trois mois ou un an, les tôles perdent leur couleur. Vous n’avez pas où aller vous plaindre. Parce que tout simplement, nous envoyons de la bauxite mais on nous amène en retour des fers simples pour mettre sur nos toits.

Il faut aller vers l’industrialisation de la Guinée, de l’Afrique de manière générale. Il faut aller vers les technologies modernes pour développer la Guinée, pour accroitre la production locale, pour décentraliser le pouvoir politique pour que les citoyens à la base dans les villages puissent être les vrais propriétaires terriens, les vrais propriétaires des richesses de la Guinée, les vrais leaders politiques de la Guinée. Nous, nous pensons que nous n’avons pas encore trouvé la solution. Si vous donnez le pouvoir à ceux qui parlent de troisième mandat qui ont envie de maintenir Alpha Condé au pouvoir, si vous leur donnez, la Guinée ne pourra pas sortir de l’ornière.

Ceux qui se battent contre, nous comprenons ceux qui se battent contre un troisième mandat sincèrement, mais nous estimons que la méthode n’est pas appropriée. Il faut retirer Alpha Condé du système dans lequel il est confiné. Il faut tout faire pour se battre pour qu’il sorte du système et qu’il revienne du côté des Guinéens qui veulent de la famille guinéenne, de la famille démocratique. Il ne faut pas avoir Alpha comme ennemi, il faut l’avoir de notre côté pour ne pas qu’il se radicalise pour ne pas que les principes de la démocratisation de la Guinée soit difficiles.

Guineematin.com : un autre sujet fait débat aujourd’hui en Guinée, c’est l’adoption du code civil révisé qui interdit à un homme d’épouser une deuxième femme sans l’accord préalable de sa première épouse. Comment appréciez-vous cette loi ?

Abdourahmane Baldé : c’est une insulte aux valeurs africaines. C’est une trahison contre le peuple de Guinée qui a contribué à l’élection de ces députés que j’appelle désormais les soi-disant députés. Parce qu’ils sont obsolètes, ils ne sont plus représentants légitimes du peuple à mon avis. Moi je pense que, aller jusqu’à dire que pour qu’un homme épouse deux femmes, il faut qu’il obtienne l’accord de sa première femme, je ne dis pas que c’est impossible, parce qu’on a connu des situations dans lesquelles des femmes ont épousé une seconde femme pour leurs époux.

Mais, ça c’est des cas extrêmement rares. Je pense que nous sommes en train tout simplement de mettre des complexés au-dessus de nos têtes pour qu’ils viennent nous imposer quelque chose qui ne ressemble à rien à nos cultures et à nos valeurs. Je pense que l’homme africain, qu’il soit musulman ou autre, doit être en mesure de choisir.

Ceci est une expression de la volonté de confisquer des droits et des libertés naturelles chez l’homme africain. Je pense ça ne ressemble pas à notre communauté, ça ne ressemble pas à notre société. Je ne suis pas d’accord à ce qu’on dise que pour qu’un homme épouse deux femmes, il faut qu’il ait l’accord de la première femme. Moi je suis un musulman, il ne faut pas quand même nous dire qu’il faut que je trahisse l’islam pour que je sois un bon guinéen. C’est vrai que nous sommes dans la laïcité, mais c’est parce que l’Etat reconnait, la loi reconnait d’abord la liberté religieuse que nous avons parlé de laïcité. Il ne faut pas dire qu’il faut que moi je me départisse de l’islam pour que je puisse vivre en Guinée.

Même les députés qui ont voté cette loi sont des polygames. Dans la plupart des cas, ce sont des polygames. Je ne suis pas d’accord avec la violation des droits de la femme. Parce que l’islam lui-même n’encourage pas l’exploitation ou une surexploitation de la femme, la violation des droits de la femme. C’est l’islam d’abord qui est à l’origine de la promotion et de la protection des droits de la femme. C’est vrai que nous ne sommes dans un Etat islamique mais aller jusqu’à voter une telle loi, pour moi les députés sont allés à l’extrême.

Guineematin.com : vous êtes jeune et vous êtes aussi président d’une plateforme des jeunes, quel message vous avez aujourd’hui à l’endroit de cette jeunesse guinéenne ?

Abdourahmane Baldé : moi je pense que nos ainés, ils sont en perte de vitesse. Ils n’ont pas compris quelle vision ils portent pour la Guinée ou ils n’ont pas de vision pour la Guinée. Et moi aujourd’hui, je ne vois aucune alternative opposée à cette jeunesse. Il n’y a pas une offre faite à cette jeunesse. Je vais prendre un certain nombre d’exemples. Il y a des millions et des millions de séminaires, d’ateliers organisés que nous-mêmes à un moment donné, nous avons organisés, qui renforcent les capacités des jeunes sur l’entreprenariat, mais il n’y a pas d’accompagnement des jeunes dans le domaine de l’entreprenariat. Les parties politiques eux-mêmes sont des nids de la dictature. Ce sont les sources de dictature.

Parce que vous avez un leader politique qui a été président d’un parti politique, qui reste président pendant des années et des années sans alternance pratiquement démocratique. On va vous dire qu’il y a eu congrès. Mais étant le seul pratiquement financier de son parti politique, il devient le seul homme fort. Donc, il n’y a aucune possibilité pour un jeune militant d’un parti politique d’opter d’arriver, d’atteindre des positions qui lui permettent de diriger. C’est extrêmement compliqué. Le président de la République a attendu que la situation lui soit très compliquée pour que lui aussi il mette en exécution. Malin qu’il est, homme politique qu’il est, il se demande si les gens vont accepter de lui accorder un troisième mandat.

C’est maintenant qu’il nomme un certain nombre de jeunes qui sont pourtant talentueux, qui sont très intelligents depuis même ou avant qu’il ne soit élu en 2010. Je pense qu’il n’y a aucune alternative pour les jeunes. Donc, ce que je vais dire à cette jeunesse, ne brulons pas la Guinée, ne tuons pas, ne cassons pas, ne détruisons pas notre pays. Acceptons au moins de vivre en paix même si la pauvreté nous dérange.

La plupart des jeunes aujourd’hui, c’est des gens qui sont extrêmement pauvres. On n’a pas reformé le système éducatif, on ne nous a absolument rien donné, il n’y a pas de jeunes ministres au sens propre du terme. La constitution elle-même constitue notre droit de nous révolter et de demander à être candidat parce que qu’il faut avoir 36 ans à ce que je sache pour être candidat aux élections présidentielles. Toutes les élections nationales sont confisquées.

Personne n’a la possibilité d’être député s’il n’appartient pas à un parti politique, d’être président République s’il n’est pas dans un parti politique. Or, les partis politiques, comme je l’ai dit, sont des nids de la dictature. Il ne sert à rien de se jeter des cailloux. On a déjà la pauvreté dans nos cœurs, nous sommes en train de souffrir. Qu’on le dise ou pas, les jeunes qui souffrent le plus aujourd’hui, sont ceux qui sont à la fonction publique, dans la plupart des cas qui sont payés près deux millions.

Dites-moi, comment quelqu’un qui a 2 millions peut avoir aujourd’hui une maison à 1.500.000 en location, peut envoyer son enfant à l’école, d’abord peut se marier parce que le mariage est devenu extrêmement couteux ? Pratiquement, on achète maintenant. Il faut que vous disposiez de 50 millions pour que vous puissiez vous marier (…) Dans toutes les sociétés, les jeunes qui sont employés vivent avec des salaires qui les maintiennent dans une pauvreté éternelle.

Ça c’est un. Deuxièmement, il y a la pauvreté sociale, les écoles : les enseignants qui forment dans les écoles, ils forment avec des leçons de Wikipédia. Il n’y a pas de centres de recherches dignes de nom. On a tout fait pour tuer des écoles, on a tout fait pour assassiner la science, on a absolument rien à notre disposition qui nous permet de nous épanouir. Donc, à cette jeunesse, mobilisez-vous autour de ce font que nous venons de mettre en place, et refusez d’être des preneurs de sacs éternels (…)

Même si nous sommes pauvres, restons unis, refusons la violence. Parce que la violence nous rendra plus pauvres. Il ne faut pas prendre Alpha Condé comme un ennemi. C’est extrêmement grave. Si ceux qui disent qu’ils sont pour un troisième mandat sont des amis à Alpha, ceux qui disent qu’ils ne sont pas pour un troisième mandat, soyez des amis à Alpha. S’il est mauvais, changez-le. Mais, vous ne pouvez pas le changer lorsque vous créez un fossé entre vous et lui. Envoyez-lui de l’amour, donnez-lui des pots fleurs, maintenez-le dans votre cœur, montrez-lui que vous n’êtes pas ses adversaires, maintenez-le à côté de vous pour ne pas qu’il décide, lui, d’utiliser la violence contre vous.

Interview réalisée par Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

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