Acquis et avenir d’ADLAM en Guinée : les précisons de son vice-président, Sounoussy Diallo

Les travaux de l’Assemblée générale de l’Association Winden Janguen ADLAM se poursuivent à Koundara. Les initiateurs de ce système d’écriture en Poular poursuivent sa vulgarisation. Dans une interview accordée à l’envoyé spécial de Guineematin.com, le vice-président de l’Association Winden Janguen ADLAM, Mamadou Sounoussy Diallo, enseignant chercheur à l’Université de N’Nzérékoré, est revenu sur les acquis et sur les perspectives de cette écriture.

Guineematin.com : comment se porte aujourd’hui ADLAM en Guinée ?

Mamadou Sanoussy Diallo

Mamadou Sounoussy Diallo : ADLAM, à l’instar des autres systèmes d’écriture que notre pays dispose, se porte à merveille dans notre pays. C’est une association qui couvre toute l’étendue du territoire national. De Conakry à Yomou, nous avons des représentants et des centres d’apprentissages qui sont en train de faire le combat au sein de la Nation, celui de lutter contre l’analphabétisme, tant en milieu urbain qu’en milieu rural et parmi les couches vulnérables que sont les femmes et les enfants. Donc, notre association est en train de faire une activité que l’Etat guinéen a prescrit dans sa politique, celle de la lutte contre l’analphabétisme et l’ignorance dans le pays.

Guineematin.com : vous avez choisi Koundara pour abriter les travaux de la 4ème session de votre Assemblée générale. Qu’est-ce qui a prévalu au choix de cette ville ?

Mamadou Sanoussy Diallo : ce qui a prévalu au choix de Koundara, les raisons sont nombreuses et diverses. Nous avons d’abord sa position géographique entre le massif du Fouta et les plaines de la Basse Côte. Et c’est une population mosaïque, diverse dans sa culture, dans sa configuration linguistique. Nous avons choisi Koundara, parce que Koundara était l’une des préfectures qui a accepté très tôt de piloter, de vulgariser et d’écrire ADLAM. Koundara a formé beaucoup d’apprenants et a même vulgariser au de-là du pays. C’est Koundara qui a envoyé ADLAM au Sénégal, au Mali, en Guinée-Bissau, en Gambie. Et comme notre système d’écriture ADLAM n’est pas fait pour une communauté, n’est pas fait pour une région, n’est pas fait pour une préfecture, n’est pas fait pour un individu, c’est pour toute la Guinée, pour tous ceux qui sont épris de lutter contre l’ignorance, de valoriser nos langues nationales, c’est pour ça que nous avons choisi Koundara avec sa multi-dimensionnalité culturelle, linguistique, religieuse et social. Donc, Koundara est pour nous un pont entre le reste de la Guinée et la Basse Côte.

Guineematin.com : que peut-on retenir comme acquis de cette écriture dans notre pays ?

Mamadou Sounoussy Diallo : les acquis sont très importants. D’abord, ça permet de garantir la souveraineté linguistique de notre pays et ça permet aussi de sauver nos langues nationales qui sont en train de s’effriter devant les nouvelles technologies de l’information. Alors, ça a permis encore à la Guinée de se hisser parmi les nations innovatrices, ça a permis de lutter contre l’analphabétisme. Aujourd’hui, des gens qui ne savaient ni lire ni écrire, savent lire ce qui se passe dans les journaux, savent lire ce qui se passe dans la science dans la religion et dans leur propre langue. Ils deviennent de facto leurs propres maîtres. Alors, ça c’est un acquis important pour nous. Lorsque les gens savent lire et écrire, cela permet d’asseoir la base du développement national durable. Ensuite, nous avons pu écrire beaucoup de choses qui étaient ignorées par les autres scientifiques, par les autres langues. Nous avons pu rétablir certaines choses, certains concepts qui n’étaient pas bien prononcés. Nous avons aussi écrit assez d’ouvrages de sciences tels que l’électricité, la grammaire, la médecine, etc. Donc en Guinée, c’est l’acquis là que nous avons. L’autre acquis est que chaque année, nous organisons des assemblées générales qui permettent d’harmoniser les points de vue. Nous organisons aussi la journée nationale de l’alphabétisation qui permet au peuple de Guinée de sortir de l’ignorance. Sur le plan international, nous avons conquis beaucoup de territoires qui ne savent pas lire ni en arabe ni français, mais aujourd’hui, qui savent lire et écrire dans leurs langues. Nous avons aussi di côté de la technologie aujourd’hui, tous les Androïd à partir de 7, ont dans leur configuration, nous avons le clavier que Google a conçu pour nous. Donc, à l’image des autres caractères du système d’écritures, nous sommes aussi là pour mettre à l’Etat à côté du français, de cultiver le peuple de Guinée et de lutter contre l’ignorance.

Guineematin.com : quel avenir pour ADLAM en République de Guinée ?

Mamadou Sounoussy Diallo : ADLAM a un grand avenir en Guinée. Nous souhaitons que cela soit supporté et appuyé par tous. L’atout c’est quoi ? C’est que nous avons misé sur les jeunes, les enfants. Parce que les enfants d’aujourd’hui, sont les adultes de demain. Ensuite, nous avons aussi misé sur les femmes. Les autorités disent toujours, les scientifiques aussi le confirment, que les femmes sont les baromètres du développement. Alors, lorsque les femmes sont instruites, le développement, la paix, l’unité nationale et la cohésion sont assurés. Nous avons aussi misé sur la communauté rurale. Vous savez que la population guinéenne est en majorité rurale. Et la population qui est en majorité rurale, elle est informée, elle est éduquée, elle est instruite dans sa propre langue, nous pensons que le développement sera une réalité, l’unité nationale sera une réalité, la paix sera une réalité, le développement en sera aussi. Je pense que si nous avons pu conquérir les enfants, les jeunes, les femmes, les milieux ruraux, sans occulter les milieux urbains, alors nous sommes en train de faire ce que peut aider notre pays. Nous avons pensé qu’il faut traduire les textes juridiques de notre pays, telle que la Constitution. Parce que si le peuple connait le contenu de notre Constitution, il sera respectueux des principes démocratiques et du fonctionnement de l’Etat. Mais aussi, ce peuple saura défendre ses droits et ses devoirs. Alors, nous avons traduit la Constitution, nous avons traduit le code des routes, le code de l’environnement, le code des collectivités, le code de l’enfant. Et, nous sommes sur un projet ambitieux, celui du code civil lorsqu’il sera promulgué par le président de la République.

Propos recueillis par Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

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