A l’occasion de la célébration de la journée internationale des femmes le jeudi 08 mars à Conakry, le président de la République, Alpha Condé, a annoncé un remaniement imminent de son gouvernement.
Le chef de l’Etat répondait ainsi aux cris des femmes, mécontentes de la fermeture des classes en raison de la grève des enseignants qui dure depuis un mois environ dans le pays. Que pensent les citoyens de cette annonce du chef de l’Etat ? Guineematin.com a posé la question à quelques habitants de Conakry, qui ont donné leurs avis sur le sujet.
Comme beaucoup de guinéens, Mohamed Salim Diaby, opérateur économique, a appris l’annonce faite jeudi par le président Alpha Condé, relative à un remaniement imminent de son gouvernement, en vue dit-il, de nommer des ministres qui seront à l’écoute du peuple. Et il estime que ce remaniement est nécessaire, pourvu que ceux qui seront nommés soient choisis sur la base de leur compétence.
« Nommer un gouvernement réaliste, dissocier l’administration guinéenne de la politique, si cela se fait, on aura des résultats sur le terrain. Mais on a constaté que les ministres, les directeurs nationaux, ils sont politiques. Alors que dans l’ancien gouvernement, les gens qui étaient politiques étaient à l’Assemblée nationale, on les subventionnait là-bas, ils y gagnaient leur vie. Mais si un ministre est associé à la politique, il ne va faire que de la politique », soutient-il.
Boubacar Kollet Baldé trouve aussi nécessaire de remanier le gouvernement. Car, l’équipe actuelle est à ses yeux pléthorique et incompétente. « C’est peut-être hier qu’il a fait le constat d’échec, vous savez que depuis 2010, si ce n’est pas des gouvernements successifs de récompense, c’est peut-être des gouvernements de mission pour essayer toujours de renforcer la triche au niveau de son parti. Ce gouvernement est insoucieux, il n’a jamais défendu l’intérêt du peuple, c’est pourquoi nous sommes meurtris par leur gouvernance. Voilà c’est le bilan qui a parlé de lui-même, c’est le bilan qui a maudit la gouvernance d’Alpha. La Guinée n’a pas besoin de 32 ministres, de 100 et quelques conseillers à la présidence, l’argent c’est pour eux, le guichet unique ne joue pas son rôle. Bénis soient ces enseignants qui ont mis le doigt dans la plaie, ces enseignants sont sensibles aux problèmes guinéens, l’éducation est laissée pour compte. Ainsi, je propose à ce qu’Alpha Condé réduise le nombre de ministres à 20, non pas pour seulement cette crise sociale, mais pour aussi arrêter l’hémorragie financière qui gangrène notre pays », préconise ce citoyen.
Il y en a aussi qui estiment qu’un simple remaniement ministériel est insuffisant pour répondre aux attentes des populations. C’est le cas d’Ismaël Baldé, fonctionnaire de son état.
Pour lui, il faut surtout une volonté politique pour résoudre notamment la crise qui secoue le secteur de l’éducation nationale : « Le problème actuel est un problème politico-syndical. Pour régler un problème politique, il faut une solution politique. Pour régler un problème syndical, il faut aussi une solution politique. Si le président annonce qu’il veut remanier son gouvernement, certainement il a compris que le gouvernement est incapable de régler les problèmes de la nation. Depuis plus de trois mois, cette grève perdure. Ce n’est pas le souhait des guinéens, parce que chacun a des enfants, d’une manière ou d’une autre chacun est concerné par cette grève. Donc si pendant trois mois, les élèves ne parviennent pas à aller à l’école faute d’une plateforme de négociation fiable, le gouvernement est entièrement responsable. D’abord il a refusé de reconnaître les syndicalistes, il a qualifié les grévistes de rebelles, ce n’est pas un environnement favorable pour les négociations. Donc pour moi, quel que soit le gouvernement qu’il va mettre en place, c’est sa volonté politique qui compte de plus. Qu’il remanie ou pas, c’est sa volonté qui compte », soutient monsieur Baldé.
Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com
