Concours agricole de février 1902 à Conakry : la médaille d’Or pour Alpha Yaya, Chef du Labé

Alfa Yaya, LabéCela fait 113 ans, jour pour jour, depuis que le Chef de la grande province de Labé, Alpha Yaya a décroché la médaille d’Or à un concours agricole organisé à Conakry par le gouvernement de la Guinée Française, a appris le correspondant de Guineematin.com des archives de la colonisation.

Le 15 février 1902, la Guinée française célébrait à Conakry, pour la sixième fois, son concours agricole annuel. Ordinairement, cette fête de l’agriculture et de l’industrie était fixée au 31 décembre. Mais, en 1902, pour éviter la coïncidence avec la période du Rhamadan, pendant laquelle les musulmans ne voyagent pas, le concours a été ajourné à la mi-février.

« L’affluence des indigènes, qui avaient répondu à l’invitation du Gouverneur, était si considérable que les fêtes ont dû être prolongées de 24 heures. Des délégations nombreuses sont venues des points les plus reculées de la Colonie : des rives du Niger, des confins de la Côte d’Ivoire. Plus de 8.000 étrangers se trouvaient donc réunis à Conakry où l’on éprouvait même quelques difficultés à les loger » peut-on lire dans le journal officiel de la Colonie.

Pour la première fois depuis l’intervention de la France au Foutah Diallon, Alpha Yaya, le Chef de la grande province de Labé, est venu présenter ses hommages au Gouverneur, accompagné de nombreux chefs de Missidés (comme son frère Moktar, chef du Singuetti ; Modi Sellu, Timbi Madina ; Thierno Aliou Bhoubha N’Diyan, grand juge de Labé ; Modi Tanou, chef de la missidé de Labé ; Amadou Diari, chef du N’Dama ; les chefs des différentes missidés de Yembering, Dentilia, Sangala, Tountouroun et Koubia) et d’une suite importante de plus de 1000 hommes et 60 chevaux.

« Le ravitaillement de tout ce monde était assuré par l’Administration qui, durant tout leur séjour, leur a fourni la ration quotidienne de riz, sel, huile de palme, colas, sucre, tabac et mil pour les chevaux » rapporte-t-on dans ce document officiel qui précise que plus de 200 exposants avaient présenté leurs produits à l’appréciation du Jury.

Ainsi, à côté des produits du sol, les ouvriers d’art indigènes du Service des Travaux, avaient exposé des meubles témoignant d’un réel progrès. L’un d’eux, avait, en outre, exposé une petite locomobile établie par lui de toutes pièces.

Le succès de ce 6ème Concours agricole de Conakry a été présenté par le rédacteur de l’article comme étant une preuve évidente de la pacification complète de la Guinée française : « il prouve une fois de plus que la ligne politique préconisée par le fondateur de la Colonie et religieusement suivie depuis, devait amener, en même temps que la pacification, des progrès réels dans l’ordre agricole et industriel.»

A la cérémonie d’ouverture, une quarantaine de chevaux ont pris part, à l’avenue du Gouvernement, aux deux épreuves de courses qui comportaient chacune un trajet de 1200 mètres, de l’hôpital Ignace DEEN au palais du Gouvernement. Les chevaux d’Alpha Yaya, qu’une marche de 22 jours semblait avoir à peine éprouvée, ont conduit brillamment le pittoresque peloton : «c’est plutôt une fantasia qu’une course. Une somme de 200 francs est distribuée entre les concurrents.»

Le même jour, aux environs de 20 heures, dans les salons du Gouvernement, devenus beaucoup trop étroits pour contenir la foule et dont la façade a été brillamment illuminée, le Gouverneur a reçu tous les chefs indigènes. Des rafraichissements leurs ont été offerts, pendant que les orchestres indigènes massés devant le perron de l’hôtel exécutaient de bruyants tam-tams.

C’est dans ce contexte que le Chef de la grande province de Labé, Alpha Yaya a reçu la médaille d’or du concours agricole de Conakry.

Plus tard, dans une décision en date du 24 octobre 1902, le Gouvernement de la Guinée Française a autorisé le service des Travaux à construire un immeuble pour Alpha Yaya à l’intersection de la 6ème avenue et le 5ème boulevard.

Et selon une source proche de la descendance du Chef de la grande province de Labé, l’immeuble avait été construit par le Service des Travaux Publics. C’est lui qui abriterait aujourd’hui la Direction Générale de la Police Judiciaire.

Idrissa Sampiring DIALLO pour Guineematin.com

Téléphone : (00224) 660 11 35 15 & 622 269 551

Facebook Comments Box