Des gendarmes à la rédaction de visionguinee ! Témoignage du rédacteur en chef, Boubacar Sidy Bah

SIDY BAH, Rédacteur en Chef VisionGuineeCe vendredi 30 janvier 2015, aux environs de 17 heures, des hommes en tenue ont fait irruption dans les locaux du site d’informations générales Visionguinee.info. Informé, nous nous sommes rendus dans ses locaux à Koloma marché pour savoir les raisons.  Lisez cet entretien qu’on a eu avec le rédacteur en chef de ce site.

Guineematin.com : Présentez-vous à nos lecteurs ?

Je suis Boubacar Sidy Bah, rédacteur en chef du site Visionguinee.info.

On a appris que des gendarmes vous ont rendu visite ce soir, expliquez-nous ce qui s’est passé ?

Effectivement, c’est aux alentours de 17 heures 20 minutes, j’étais là avec un membre de la rédaction, en l’occurrence Boussouriou Bah. Nous étions là entrain de travailler quand on a entendu des coups sur les portails de la rédaction. Je suis allé vérifier qui était au niveau du portail. Quand j’ai regardé, j’ai aperçu des gendarmes qui étaient là. Ils n’étaient pas en possession de papier certifiant leur visite dans notre rédaction. Je les ai aperçus à travers un trou qui se trouve au niveau du portail, ils criaient ‘’Ouvrez, ouvrez’’. J’ai dis, écoutez, je ne peux pas ouvrir. Je me suis retourné pour alerter mon second en disant : ‘’écoute, on a de la visité. Il y a des gendarmes qui sont là’’. Aussitôt, lui aussi il s’est levé et nous sommes partis voir et effectivement, il y avait des gendarmes. Quelques temps après, nous sommes partis de l’autre côté du bâtiment pour alerter nos confrères, les informer qu’il y a des personnes qui sont au niveau de visionguinée.info.

Selon vous, pourquoi cette décente dans vos locaux ?

Vous savez que nous sommes des journalistes, peut-être, qu’il y a eu des informations qui dérangent certains. Nous ne savons pas, mais vous savez que visionguinee.info est un site d’informations générales, nous n’esquissons aucune information. Si nous avons une information, nous la traitons comme il le faut.  Nous pensons avoir respecté l’éthique et la déontologie du métier en traitant cette information.

Mais, quelle est la cause réelle de cette descente musclée des gendarmes ?

Effectivement, si vous avez eu le temps de visiter notre site ce dernier temps, nous avons eu à traiter des informations politiques. Je ne saurais dire exactement que c’est à cause de ça. En tout cas, les personnes qui sont venues ici ne nous ont pas signifié le motif de leur présence et là je ne saurais décliner l’objectif de leur visite.

Quelle est l’information choc que vous avez publié ce dernier temps par exemple qui pourrait fâcher quelqu’un d’autre ?

Ecoutez, nous avons traité des informations venant des confrères d’une radio de la place. Nous avons pris le temps de sourcer même l’information. Je ne sais pas si cela pourrait déranger quelqu’un d’autre. Si tel est le cas, peut-être que ce serait vraiment la possibilité pour nous de dire ‘’écoutez, si nous avons une information, quelque soit le prix, nous sommes prêts vraiment à la diffuser.

Est-ce que vous avez pu identifier ces gendarmes. Étaient-ils cagoulés ?

Ils n’étaient pas cagoulés, mais portaient leurs casques.

Vous avez alerté le porte parole de la gendarme nationale ? Qu’est-ce qu’il vous a dit ?

Effectivement, quand je les ai vus, j’ai appelé le porte parole de la gendarmerie, le commandant Barry m’a dit ‘’écoutez Sidy, prend ton temps. Est-ce que tu as pu les identifier ?’’ J’ai dis non quand même je peux reconnaître la tenue qu’ils portaient dans l’ensemble. C’était une tenue noire avec les casques. Par la suite, il m’a dit ‘’de toute façon, tiens moi informé, moi je serais ou j’enverrais une équipe’’.

Après leur passage vous êtes rentré en contact avec le commandant ?

Effectivement, quelques temps après parce que j’ai effectué de coups de fils pour alerter les confrères journalistes que Visionguinée.info est menacé, parce que c’est une menace, nous ne savions pas s’ils nous trouvaient à l’intérieur qu’est-ce qu’ils auraient pu nous faire et ressortir. Puisque Visionguinée.info occupe seul ce bâtiment pour le moment et nous n’étions que deux.

Vous êtes aujourd’hui menacés, certainement c’est par rapport à votre ligne éditoriale. Vous êtes très critiques ces derniers temps. Est-ce vous comptez reculer ? 

Non ! Ce n’est pas notre ambition. Nous allons respecter notre ligne éditoriale, même s’il y a des menaces. Quand même, tout ce qu’il faut relater  ce qu’il faut garantir la sécurité des journalistes. Mais, nous n’allons pas baisser les bras, nous continuerons à travailler pour non seulement honorer le métier, mais aussi répondre à l’aspiration de nos lecteurs.

Est-ce que vous compter saisir la justice par rapport à cette situation ?

Pour le moment, puisque la rédaction n’est pas entièrement ici, notre administrateur général n’est pas là, notre directeur de publication aussi est accidenté, nous allons essayer de revoir la stratégie. Comme nous avons des avocats, peut-être que  nous allons informer les organisations et associations de presse et après on va essayer d’envisager quelle est la second étape.

Entretien réalisé par Mamadou Alpha Baldé

Tél : 622 68 00 41

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