Guinée : les grands défis du nouveau Gouvernement

Depuis le 26 mai 2018, la Guinée a un nouveau Gouvernement. Dirigée par Ibrahima Kassory Fofana, la nouvelle équipe a pris fonction et a tenu même son premier conseil interministériel cette semaine. Mais, quels sont les défis qui attendent ce troisième Gouvernement de l’ère Alpha Condé ? Sans prétendre présenter une liste exhaustive de ces défis, Guineematin.com revient ci-dessous sur quelques dossiers du moment qui devraient attirer l’attention de Kassory Fofana et son équipe.

Sur le plan politique : sans doute, la question que cette équipe aura à résoudre à l’immédiat est le contentieux électoral hérité Gouvernement de Mamady Youla, et qui empêche l’installation des conseils communaux élus à l’issue du scrutin du 04 février 2018. L’opposition qui exige la restitution de ces suffrages annulés par les présidents des CACV, menace de reprendre ses manifestations de rue si les négociations engagées à l’informel par les partenaires techniques et financiers du pays, n’aboutissent pas à une solution politique heureuse.

Et le nouveau Premier ministre semble être conscient de la complexité de cette crise post-électorale. Ibrahima Kassory Fofana, en compagnie de plusieurs membres du Gouvernement, s’est rendu récemment chez le chef de file de l’opposition, Cellou Dalein Diallo, pour tenter de détendre le climat politique. Peu avant cette rencontre, il s’était rendu chez le président de l’UFR, Sidya Touré.

Sauf que ces rencontres ne permettent pas de trouver solution au problème réel qui se pose. L’opposition républicaine n’entend pas lâcher du lest tant que les voix qu’elle dit avoir été volées ne lui sont pas restituées. La mouvance de son côté, estime qu’il est impossible de recourir à cette solution « qui viole la loi » pour satisfaire aux désidératas d’une opposition qui n’en finit jamais avec les revendications. La tâche s’annonce donc ardue pour le nouveau Premier ministre.

Sur le plan économique : à ce niveau aussi, la nouvelle équipe gouvernementale a vraiment du pain sur planche. En effet, avec la situation actuelle de l’économie nationale, les partenaires techniques et financiers sont formels. Pour sortir du bourbier, la Guinée devra forcément non seulement revoir à la hausse le prix du carburant à la pompe (actuellement subventionné par l’Etat à dizaines de milliards de francs par mois) mais aussi se désengager complètement du secteur énergétique qui provoque une véritable saignée financière du budget de l’Etat. L’augmentation du prix du carburant à la pompe et la revue à la hausse des factures électriques seront sans doute des mesures très impopulaires. Faut-il suivre les recommandations des partenaires et s’attirer la colère de la population ? La décision ne devrait pas être facile à prendre.

Sur le plan social : l’imbroglio syndical né de la fissure du SLECG, syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée, divisé en deux groupes dont chacun se réclame être celui qui est légitime et légal, devrait donner du fil à retordre au Gouvernement de Don Kass. Ce bicéphalisme et la revendication du camp Aboubacar Soumah relative au paiement des enseignants à hauteur de 8 millions de francs par mois, s’ils ne sont pas intelligemment gérés, risquent de provoquer une situation qui aura de lourdes conséquences pour le pays.

Mais ce n’est pas tout. L’autre dossier à ne pas minimiser, c’est bien la situation dans les zones minières où des revendications se font entendre ces derniers temps. La moindre perturbation à Boké, qui abrite l’essentiel des compagnies bauxitiques du pays, a des incidences fâcheuses sur les prévisions budgétaires.

Déjà, avec les mouvements liés aux deux dernières grèves des enseignants, le Gouvernement vient de revoir à la baisse ses prévisions budgétaires de plus de deux mille milliards de nos francs. Pour stabiliser la zone, il faudra plus qu’un Général comme Gouverneur de région et des changements de préfet à tout va. Le Gouvernement devra avoir les compétences mais aussi l’intelligence et surtout une crédibilité suffisante pour convaincre les populations à la base, de la nécessité de maintenir une paix sociale dans tout le pays et singulièrement dans cette zone, considérée à juste titre comme le poumon économique de la Guinée.

Sur le plan infrastructurel : le nouveau Gouvernement hérite de plusieurs projets d’infrastructures engagés par l’équipe qui l’a précédé. C’est notamment la route Coyah-Dabola, la voirie urbaine de Conakry avec les deux échangeurs, les barrages hydro-électriques de Souapiti, Amaria, Koukoutamba et Fomi, voir d’autres projets d’envergure comme l’autoroute à péage et des routes transnationales. Des projets que le Gouvernement Kassory Fofana devra poursuivre, tout en initiant d’autres projets pour doter notre pays d’infrastructures dont il a tant besoin.

Sur le plan sportif : là aussi le défi est de taille. Moins de cinq ans nous séparent de la CAN 2023 dont l’organisation est attribuée à la Guinée. Mais jusque-là, notre pays n’a pas encore les infrastructures nécessaires pour accueillir cette compétition continentale. Seul le stade du 28 septembre de Conakry est encore opérationnel. Le stade de Nongo toujours à Conakry, offert par la Chine qui a fini sa part du boulot depuis plusieurs années, tarde encore à être achevé.

Pendant ce temps, aucun chantier n’est engagé en provinces pour permettre à certaines villes de l’intérieur d’abriter certains matchs de la compétition. Dans les discours, les autorités rassurent que la Guinée va bel et bien organiser la coupe d’Afrique des Nations 2023, mais sur le terrain la réalité est loin d’être rassurante. Le temps file, et notre pays traîne les pas. A Kassory et son équipe de s’y mettre pour éviter que la CAF ne retire l’organisation attribuée à notre pays pour manque de préparation.

Voilà quelques dossiers brûlants qui attendent le nouveau Gouvernement guinéen, censé être proche et à l’écoute du peuple. A bon entendeur salut !

Abdallah Baldé pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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