Il a perdu de vue sa sénégalaise de femme et adresse une lettre ouverte à Macky Sall

Macky Sall, président du SénégalQuébec, Canada, le samedi 15 Octobre 2016

Monsieur Macky Sall

Président de la République du Sénégal

Dakar, Sénégal (Afrique de l’Ouest)

Objet : Je demande humblement à l’ancien ministre de la culture du Sénégal en 1989, Monsieur MOUSTAPHA KA, l’époux de la cousine de mon épouse, Khardiata Diallo, de bien vouloir dire aux autorités sénégalaises où se trouve Khardiata Diallo ?Aujourd’hui, je décide de m’adresser directement au Président sénégalais, son Excellence, le très honorable Macky Sall. Excellence,

D’abord, je vous présente toutes mes félicitations pour votre combat acharné qui vous amène à l’apogée de la magistrature suprême de votre pays, la République du Sénégal.

Monsieur le président, nous savons tous que lorsqu’on est en Afrique, en Haïti ou ailleurs dans le monde, on nous dit que le Canada est l’une des plus grandes démocraties occidentales où les Droits de l’Homme sont les mieux respectés au monde.

Jeune universitaire, croyant que je n’étais ni en Afrique ni chez nous en Haïti, complètement à l’abri, j’ai osé naïvement exprimer mes opinions politiques à partir de 1981 dans les plus grands quotidiens canadiens français, en particulier, le quotidien le Soleil à Québec, la ville de Québec, Canada. Malheureusement, pour avoir osé prendre une telle position, sans aucun préavis, j’ai été brutalement, sauvagement et impitoyablement maltraité par la police canadienne et le SCRS (Service Canadien du Renseignement et de Sécurité). C’est ainsi qu’à la suite de nombreuses plaintes portées auprès des Droits de l’Homme à Québec, Protecteur du Citoyen à Québec, Amnisty International à Québec, auprès des députés, des ministres, des chefs de l’Opposition officielle, des Premiers ministres et jusqu’à la gouverneure générale du Canada, Madame Michaelle Jean, d’origine haïtienne dit-on, rien n’a fonctionné et je n’ai reçu que des avis de réception de la part de ces fonctionnaires et les techniques oppressives et répressives continuaient à mon endroit : surveillance constante, courrier intercepté, ligne téléphonique écouté. Bref, rien n’a été négligé.

Toutefois, en 1985, un agent des Services secrets canadiens, du nom de C.B, m’a appelé et m’a fixé un rendez-vous pour discuter de mes problèmes. Ce rendez-vous était prévu pour 12H 00 PM. Arrivé sur les lieux, huit hommes m’attendaient autour d’une table et avaient deux offres et une condition :

1) Directeur de la Communauté des Haïtiens de Montréal et avec un second titre d’agent Secret auprès de ma propre communauté ;

2) Trois (3) millions de dollars pour aller faire de la politique en Haïti (Sénateur ou président de la République plus tard) et le Canada te soutiendra. Vous direz à votre peuple, disaient-ils, tout ce que vous voudrez, faites les promesses que vous voudrez mais, ayez une seule chose en tête parce que nous, ce qui nous importe, ce sont nos intérêts certes, mais aussi ceux des États-Unis et de la France  » disait l’agent C.B…3).

La condition ? Cessez de publier dans les journaux et cesser de parler de l’impérialisme Nord-Américain en Afrique, en Haïti et ailleurs. J’ai demandé un temps de réflexion, parce que je n’étais pas sûr que je voulais à ce point trahir mon peuple et mon pays et contredire ainsi toutes mes déclarations dans des articles déjà publiés. Les agents ne voyaient pas cela de la même façon que moi et voulaient une réponse immédiate. C’était là le hic ! Des menaces ont été proférées à l’endroit de mes trois enfants et j’ai dû quitter les lieux. Superflu d’ajouter ici que les problèmes augmentaient au lieu de diminuer. Pour sauver ma vie ainsi que celle de mes enfants, il ne restait aucune autre alternative que d’alerter les Médias, presse écrite et parlée.

De plus, c’est précisément dans ce contexte que le 12 mai 1988, j’ai débarqué à Dakar et rencontré le lendemain, au Terminus de bus Liberté 5, celle qui allait être plus tard mon épouse, la Sénégalaise, Khardiata Diallo. Ainsi, de retour au Canada, en novembre 1988, j’ai échappé bel à une tentative d’assassinat au sein même de la police provinciale à Québec, la SQ, Sûreté du Québec, où, ce jour là, j’étais violemment frappé et intimidé par un agent dans le but de m’obliger à accepter les offres des agents des Services Secrets canadiens qui assistaient à la scène derrière la porte, parlaient fort et riaient de la situation. Pour quitter les lieux sain et sauf, j’étais contraint de dire oui mais, une fois arrivé chez moi je les ai appelés pour les insulter, en leur disant de ne jamais répéter cette histoire. Je suis allé me marier ensuite au Sénégal et retourné au Canada. J’ai donc décidé de dénoncer cette situation dans les journaux. Mon mariage avec Khardiata Diallo a eu lieu à la Mairie de Dakar le 9 Février 1989. Revenu au Canada ensuite, je ne vis pas en paix et surveillé 24 heures sur 24 comme un vulgaire criminel.

En outre, le 13 Octobre 1989 mon épouse Khardiata Diallo est arrivée au Canada, via Paris-Montréal et je n’ai pas pu aller la chercher à Montréal, parce que j’étais déjà en résidence surveillée suite à une arrestation le 28 Septembre 1989, sans aucun mandat d’amener et sans aucune accusation précise. Très intelligente, elle a vite remarqué qu’on était suivi partout par un agent Secret canadien du nom de M.F. et qui ne nous a jamais lâché jusqu’à ma tentative de suicide dans la matinée du 5 Juillet 1990, où, mon épouse, en tentant de m’empêcher de poser ce geste, j’ai blessé accidentellement la femme que j’aime plus que tout…J’étais dans le coma pendant cinq jours et j’ai repris connaissance, hébété encore, mais j’ai compris que j’étais et c’était encore là un autre calvaire pendant 12 ans.

Cependant, avant le 5 Juillet 1989, j’ai été voir le ministre de la Justice du Québec, en l’occurrence, monsieur Gil Rémillard et voici, en présence d’un conseillé, les propos de Gil Rémillard à mon endroit : « J’aurais pu vraiment t’aider mais, je ne me souviens même pas de quelle couleur ni de quelle race étaient mes ancêtres ». Ébranlé lui-même par ces propos venant du ministre de la Justice, son conseillé se sentait obligé de me présenter des excuses pour monsieur Rémillard… Généreux, je l’appelle encore monsieur !

Ébranlée par la sauvagerie de la situation, Khardiata Diallo a alerté ses parents, que la situation était grave. Son père s’appelle Ibrahima Diallo et sa mère Khady Sow. Ils habitaient à Sicap Liberté 5, près du terminus de bus à Dakar. Mais, malheureusement ils sont morts tous les deux durant mon incarcération arbitraire prolongée. Mais, ils avaient pris le soin de me laisser ce messageque voici : « On s’excuse pour notre fille, on sait que vous êtes innocent, sinon vous seriez mort même en prison, que vous Dieu vous protège ».

Quand j’ai reçu ce message, j’ai pleuré comme un enfant. Jamais je n’ai aimé une femme comme j’ai aimé Khardiata Diallo.

Je souligne ici néanmoins, que les parents de Khardiata Diallo avaient tenté d’aider leur fille et moi en envoyant à  Québec, le Ministre de la Culture, monsieur MOUSTAPHA KA pour discuter avec Gil Rémillard, ce ministre raciste.

Mon épouse et moi, nous sommes allés rencontrer Monsieur Ka à son Hôtel à Auberge des Gouverneurs, au centre-ville de Québec, aujourd’hui, Hôtel Delta. Et ce ministre nous a quittés pour un repas avec Gil Rémillard et nous a promis de nous donner des nouvelles le lendemain. Le lendemain, aucune nouvelle, mais deux jours plus tard, un employé de l’Ambassade du Sénégal à Ottawa a appelé mon épouse pour lui dire que monsieur KA, après sa réunion, il va nous appeler. Encore deux autres jours plus tard, il a appelé tard dans la nuit pour dire à mon épouse qu’il est à Dakar, il ne m’a pas parlé, il a parlé avec mon épouse en Olof et lui dit que le problème est compliqué, il ne peut pas m’aider parce que je ne suis pas SÉNÉGALAIS. Khardiata Diallo était complètement découragée et les Services Secrets approchaient ses copines pour l’encourager à s’éloigner de moi jusqu’à aller lui offrir 50 000 dollars, un bon emploi et des visas pour sa famille et lui remettre son courrier qui était jusqu’alors intercepté mais pas le mien. Monsieur KA n’a pas été gentil avec moi mais, je sais qu’il sait où est KHARDIATA DIALLO ?

Vous remerciant à l’avance, monsieur le président, je vous prie donc, de croire à ma plus haute considération.

Respectueusement vôtre, 

Faustin Abraham Lubin

855, Ave Joffre, appart. 9

Québec, Québec

Canada G1S 3L9.

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