Dédommagement des victimes des pillages : « Ce n’est pas un cadeau qu’on fait aux victimes », avertit le Président du GOHA

Chérif Mohamed AbdallahComme annoncé dans nos précédentes publications, le dialogue politique inter guinéen est actuellement bloqué sur le dédommagement des victimes des pillages. Une question qui divise les deux camps (mouvance et opposition). Le premier souhaite remettre la question à la justice et le second tient au respect de l’accord du 3 juillet 2013, réitéré par tous les autres qui ont suivi (2014 et 2015). Des accords par lesquels l’Etat s’était engagé à rembourser les dommages causés aux opérateurs économiques. 

Joint au téléphone à partir de Dakar par Guineematin.com hier, dimanche 09 octobre 2016, le président du GOHA, Chérif Mohamed Abdallah, s’est montré très ferme sur la question : « Ce n’est pas un cadeau qu’on fait aux victimes », a-t-il dit.

D’entrée, le président du Groupe Organisé des Hommes d’Affaires de Guinée a félicité le président Alpha Condé et le chef de file de l’opposition, Elhadj Cellou Dalein Diallo, pour leur volonté d’aller dans le sens de l’apaisement. « Je souhaite qu’ils multiplient leurs rencontres parce que la réconciliation dans ce pays dépendra en grande partie d’eux », a-t-il souhaité.

Revenant sur la question des opérateurs économiques victimes de pillages, Chérif Mohamed Abdallah souhaite l’implication personnelle du chef de file de l’opposition et du président de la République pour que la solution soit trouvée. « Ces opérateurs économiques ont été victimes des évènements politiques. Et, si nous voulons réellement d’une réconciliation dans ce pays, nous devons faire en sorte que ces commerçants victimes soient dédommagées. Je précise que ce n’est pas un cadeau qu’on est entrain de faire aux opérateurs économiques. C’est un retour parce que ce sont eux qui payent les taxes. Le devoir de l’Etat, c’est de les protéger, les sécuriser et de les rassurer », a-t-il rappelé.

Face au blocage du dialogue et la volonté de la mouvance présidentielle de remettre la question à la justice, le président du GOHA, s’interroge : « Dans leurs négociations, si on commence à parler de justice, qui a porté plainte ? Qui a été arrêté depuis ces évènements ? Pourquoi la justice ne s’est pas mise en mouvement depuis ces pillages ? Personne n’a porté plainte et personne n’a engagé une procédure judiciaire. Il n’y a pas eu d’enquêtes pour identifier les auteurs et commanditaires de ces pillages économiques. Donc, dans le cadre de l’apaisement, nous souhaitons que dans ces négociations, que la mouvance et l’opposition, plus le gouvernement fassent en sorte que le consensus soit trouvé et que les commerçants soient dédommagés », a ajouté Chérif Mohamed Abdallah.

A en croire le président du GOHA, ces genres d’évènements font hésiter les opérateurs économiques nationaux et même étrangers à investir dans notre pays : « Si les commerçants sont menacés, attaqués et pillés, personne ne va investir dans notre pays », a avertit Chérif Abdallah.

Pour notre interlocuteur, ce blocus du dialogue au niveau de cette question relève de la mauvaise volonté et non d’une question d’identification : « S’ils ont des problèmes d’identification des victimes, je vais leur dire qu’ils sont en train de parler d’un faux problème. Parce que le GOHA a adressé des courriers et des rapports détaillés à la mouvance présidentielle, à l’opposition, au gouvernement, à la communauté internationale dans son ensemble, à l’ensemble des institutions de la République. Tous ont déchargé et nous avons les preuves. Donc, les victimes sont nettement identifiées. Nous (le GOHA : ndlr) possédons leurs signatures, leurs photos et leurs contacts. S’ils ont des problèmes à ce niveau, qu’ils se réfèrent à nous. Mais, c’est une mauvaise volonté de leur part », a-t-il dit.

Enfin, Chérif Mohamed Abdallah est resté ferme dans ses bottes : « Personne ne va tolérer qu’ils sortent de ce dialogue pour dire que les victimes ne seront pas dédommagées. L’argument que nous attendons, c’est de nous dire comment et quand les victimes seront dédommagées », a-t-il avertit.

 

À suivre !

 Mamadou Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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