Dr. Maréga de l’UFDG : « nous allons marcher jusqu’à l’obtention des élections… »

La session extraordinaire de l’Assemblée Nationale portant sur l’examen et l’adoption de la Loi de Finances Rectificative (LFR) 2017 a été clôturée ce mardi 12 septembre 2017. Contrairement aux deux autres groupes parlementaires (Alliance Républicaine et le RPG arc-en-ciel), le groupe parlementaire Libéral démocrate a voté contre ce projet de loi. Quelques minutes après la cérémonie de clôture, l’honorable Dr. Fodé Amar Bocar Marega, vice-président du groupe parlementaire Libéral Démocrate a expliqué les raisons pour lesquelles son groupe parlementaire a voté contre ce budget. Outre le vote de la LFR, le député uninominal de Dinguiraye s’est exprimé sur d’autres sujets d’actualité, notamment de la CENI, des élections locales entre autres.

Décryptage !

Guineematin.com : on vient de voter le budget de la Loi de Finances Rectificative 2017, quelle lecture en faites vous ?

Honorable Dr. Fodé Amar Bocar Marega : d’abord il y a eu un vice de procédure et donc il y a eu viol de la loi. Vous savez que les régies financières ont été cette fois-ci délocalisées vers les banques primaires et ceci a été fait en dehors de la loi. Parce que l’Assemblée Nationale devait autoriser le gouvernement à procéder par une loi et ceci n’a pas été respecté au niveau de la loi de finances initiale. Et, c’est à posteriori que nous avons vu venir car ceci a été établi en avril alors que nous sommes maintenant en septembre. Ce n’est que maintenant qu’ils mettent dans le projet de loi rectificative la demande à l’Assemblée Nationale pour permettre à l’Etat de délocaliser les postes de recettes au niveau des banques primaires et au niveau des sociétés de téléphonie. Vous savez que tout ce qui concerne les vignettes est maintenant payé par les citoyens au niveau d’Orange Money et de MTN. Alors ça c’est déjà une violation de la loi parce que c’est des procédés qui continuent. Nous, nous voulons qualifier cette administration, qualifier les rapports entre les régies et l’Etat.

Guineematin.com : votre groupe parlementaire a voté contre cette loi de finances rectificative. Où se situe aujourd’hui concrètement votre crainte ?

Honorable Dr. Fodé Amar Bocar Marega : vous savez le problème essentiel ce n’est pas une crainte en tant que telle, c’est-à-dire nous avons toujours noté cette insuffisance de recettes, nous avons toujours noté le manque de transparence parce que nous avons encore des régies qui sont logées au niveau de la présidence alors que ce sont des régies qui devaient être autonomes pour qu’on permettre de contrôler de manière beaucoup plus correcte. Et certainement vous savez que tout ce qui est logé à la présidence, c’est difficile de les surveiller. Vous avez des budgets qui ont encore explosé : le budget de la présidence, le budget de la primature, le budget des institutions. Et nous avons des ministères qui ont eu c’est vrai des budgets surélevés mais les autres ministères tel que la Justice, des postes importants ont été lésés. Alors, nous nous disons que ce n’est pas un budget qui apportera des solutions à la misère et d’autres difficultés auxquelles les populations guinéennes sont confrontées.

Guineematin.com : que dire de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) ?

Honorable Dr. Fodé Amar Bocar Marega : la CENI est venue, elle nous a dit qu’il fallait trois cent trente six milliards de FG. Aujourd’hui, nous avons cent quinze milliards qui ont étés logés au niveau de cette ligne budgétaire concernant la CENI. Ils nous disent maintenant qu’ils ont 200 millions qui sont mis dans un compte, dans une ligne budgétaire qui peut être utilisée. Voilà, c’est-à-dire il n y a aucune volonté politique de vouloir aller aux élections et ceci est grave. Vous voyez, nous avons un accord politique du 12 octobre, nous avons des principes, nous avons des thèmes que nous avons présentés. On est tombé d’accord on a signé, jusqu’à présent c’est le statut quo. Et aujourd’hui, la CENI nous dit oui, nous avons 120 jours que nous pouvons mettre en place avant les élections communales. Mais, d’abord 120 jours, c’est à partir d’une date fixe, ça veut dire que cette date fixe peut ne pas être aujourd’hui mais ça peux être la semaine prochaine, ça peut être dans un mois, dans deux mois dans trois mois, car ils ont demandé 120 jours. Donc, on peut aller jusqu’au deuxième trimestre de 2018 pour faire les élections communales. Vous voyez, il n y a aucune volonté. Aujourd’hui, vous avez entendu Etienne Soropogui (directeur des opérations à la CENI, ndlr) qui nous dit qu’ils vont accélérer peut-être mais que les nouvelles dispositions qu’il y a dans le code électoral font qu’ils auront du mal à boucler leur chronogramme et qu’en plus, la seule chose qu’ils veulent de plus, c’est le budget. Or, on est encore en deçà de ce dont ils ont besoin.

Guineematin.com : on a l’impression que nous sommes dans une impasse. À quoi peut-on s’attendre ?

Honorable Dr. Amar Bocar Marega : vous savez ce qui est dommage, le président Alpha Condé ne réagit que lorsqu’il y a rapport de force tout le temps. Donc, souvent on nous dit pourquoi vous voulez faire des marches ? Pourquoi vous voulez faire des manifestations ? Nous nous disons que c’est le rôle de l’opposition de vouloir imposer aussi une certaine démarche dans le pays. On ne peut pas se permettre de rester comme ça, on veut qu’il y ait des règles établies. Pourquoi dans les autres pays, personne ne demande quand est-ce qu’il y aura des élections ? On sait c’est à quelle date, on sait comment ça se passe. Nous, depuis 2010, on est encore dans le problème de CENI, dans le problème de loi électorale, dans le problème de fichier électoral. Bon, on est dans une incompréhension totale, avec un divorce total entre la mouvance et l’opposition. Donc, nous nous disons que pour pouvoir faire changer les choses, il faut qu’on impose, il faut qu’on commence les marches. Et on a établi que nous allions commencer les marches à partir du 20 septembre et toutes les semaines nous allions marcher jusqu’à l’obtention de ce qu’on désire.

Guineematin.com : un dernier mot ?

Honorable Dr. Amar Fodé Marega : le dernier mot c’est de dire simplement on a fini une session extraordinaire, on a été convoqué pour le 23, on a commencé le 28 août. On nous oblige à commencer, on se rend compte que c’est impossible parce qu’ils ne sont pas prêt. On nous dit maintenant que non, il y a trois projets, trois conventions et deux avenants, qu’on vous demande de liquider en 24%. Et ces avenants là concernent des sociétés minières importantes, des sociétés qui doivent avoir leur fin de convention dans huit ans. On nous demande dès aujourd’hui de leur donner 25 ans supplémentaires. On vous dit de travailler en 24% pour leur permettre d’obtenir cette convention là, surtout de permettre à Alpha qui s’en va en Union Soviétique de partir avec ces conventions. Vous voyez, c’est-à-dire c’est l’approximation, c’est le manque de sérieux et c’est le manque de vision et c’est toujours dans l’improvisation totale que nous travaillons au sein de l’Assemblée Nationale. En plus, nous avons un président de l’Assemblée Nationale qui nous traite de traîtres. En pleine séance, il a dit que ceux qui s’abstiennent sont des traîtres. Vous voyez la mentalité d’un président de l’Assemblée Nationale qui n’est pas à sa place. Depuis l’affaire des 600 millions qu’il a pris pour la banque centrale, depuis cette affaire là, nous avons demandé sa destitution mais on reste toujours dans le même esprit parce qu’il fait l’affaire d’Alpha. C’est tout cet ensemble d’Alpha gouvernance là que nous avons dit que ça suffit ! Mais, espérons maintenant que nous allons tranquillement vers un changement de la CENI, la mise en place d’une nouvelle CENI, où des élections législatives qui préfigurent vraiment qu’il y ait une alternance.

Entretien réalisé par Ibrahima Sory Diallo et Mamadou Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

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