Société civile guinéenne : qui manque de crédibilité ?

Dansa KouroumahLibre Opinion : La société civile guinéenne a rendu publique une déclaration relative aux conclusions du dialogue politique en cours. Dans cette déclaration, la société civile dénonce ce qu’elle a appelé violation de l’article 109 du code électoral et l’ambiguïté du texte sur la « ceni plus technique » et estime que la société civile doit être partie de toutes les structures à mettre en place. 

Cette déclaration du lundi 10 octobre 2016 est une illustration éloquente quant à l’ambiguïté de cette organisation dans ses prises de positions qui ne reflètent pas l’objectivité et l’impartialité. La défense des intérêts des populations ne fait plus partie de son objectif.

On se rappelle qu’en 2007, lorsque la société civile guinéenne a prouvé ses capacités à répondre aux aspirations du peuple à travers la marche du 22 janvier, tous les partis politiques ont mobilisé leurs militants pour impulser le changement.

La résolution de ces conflits a été l’occasion pour certains membres de la société civile et des syndicats de se hisser au sommet de l’Etat. Ainsi, d’acteurs sociaux et arbitres, ils sont devenus de facto dirigeants et décideurs. A titre d’exemple plusieurs cadres ont été nommés ministres. Il s’agit notamment de:

Bakary Fofana, Rabiatou Sérah Diallo, Louncény Camara, Saran Daraba, Nanfadima Magassouba, Amadou Diallo, Yamodou Touré, Ousmane Souaré, Mariama Penda Diallo (la liste est longue)

D’autres devenus députés de circonstance sans mandat du peuple tels que :

Rabiatou Sérah Diallo (présidente CNT), Dansa Kourouma (membre du CNT), Ibrahima Cissoko, Alhassane Camara, Boubacar Fofana, etc.

Aussi, il a été décidé par la classe politique de faire diriger la nouvelle Ceni indépendante par un membre de la société civile. On connait la suite avec les manquements graves des distorsions de toutes sortes y compris des violations des lois électorales avec Lounceny Camara et pire avec Bakary Fofana. Les rapports d’observation de la communauté internationale particulièrement la mission d’obervation de l’Union Européenne sont là pour l’attester

Tous ces acteurs dits de la société civile témoins actuels des dérives du pouvoir en Guinée, ont tourné le dos au peuple pour se vendre au pouvoir afin de continuer à profiter du peuple.

La crise de confiance entre la société civile Guinéenne et les populations d’une part ainsi qu’avec des partis politiques tous confondus d’autre part, fait qu’elle ne peut plus se prévaloir de défendre les intérêts des populations, mais ses propres intérêts.

A titre d’exemple, la société civile bien que composée d’organisation de défense des Droits de l’Homme ne s’indigne jamais des violations des Droits Humains en Guinée, ne s’offusque jamais des arrestations arbitraires , des assassinats lors des manifestations pacifiques autorisées, ne fait jamais cas de l’insécurité qui gangrène le pays.

La société civile est restée muette sur le refus du gouvernement à baisser le prix du carburant malgré que le prix du   baril fût au plancher.

Depuis 6 ans on n’a pas pu organiser les élections locales; la société civile est encore restée indifférente. Même la haute cour de justice qui devrait être installée depuis 2 ans ne l’est pas à nos jours

La société Civile est incapable d’interpeller le Président de la République et le Gouvernement lorsque ceux-ci violent les lois et textes du pays.

Plusieurs lois votées par le CNT ont été modifiées en violation systématique de la constitution avant leur promulgation, aucune voix de la société civile ne s’est élevée pour dénoncer.

De tout ce qui précède, nous estimons que la société civile a montré ses limites dans la construction d’une Guinée juste et équitable.

Après son apogée en 2007 au moment où elle représentait un réel contrepouvoir face un Président malade, elle a sombré dans la recherche des avantages et les luttes de positionnement pour des postes de commandement.

Dans toutes les institutions où elle a désigné ses mandants, ces derniers ont vite fait d’ôter leur manteau de société civile pour défendre leur propres intérêts qui ne sont pas ceux des populations qu’ils sont sensé défendre

Les mouvements de la société civile ont foulé aux pieds toutes les lois de la République et imposer en 2007/2008 leur volonté au Président élu. Au nom de la paix le General Lansana Conte a accepté de céder aux différentes revendications. Pourquoi aujourd’hui ces mêmes personnes critiquent le Président de la République et l’opposition dans leur volonté de privilégier la paix ?

Nous espérons vivement  voir l’émergence d’une nouvelle classe de dirigents des organisations de la société civile aminés d’une véritable prise de conscience dans la défense des intérêts exclusifs du Peuple martyr de Guinée

Issiaga Soumah

Citoyen de Matoto

 

Facebook Comments Box