Violences près-électorales en Guinée : qui pour protéger les citoyens ? (opinion)

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Feu Mamadou Aliou Bah, assassiné à N'zérékoré ce samedi 3 octobre 2015
Feu Mamadou Aliou Bah, assassiné à N’zérékoré ce samedi 3 octobre 2015

Un mort, plusieurs blessés (dont 29 par balles) et de nombreux dégâts humains ! C’est le triste bilan des affrontements qui ont endeuillé la ville de N’zérékoré à une semaine de l’élection présidentielle, prévue dimanche prochain, 11 octobre 2015. Au même moment, d’autres affrontements faisaient d’autres blessés et d’autres dégâts matériels à Mamou. Deux semaines plus tard, d’autres affrontements avaient entrainé d’autres dégâts à Koundara.

Partout (à N’zérékoré, Mamou et Koundara), les affrontements opposent des partisans des deux principaux adversaires : le président sortant, le professeur Alpha Condé et le chef de file de l’opposition, Elhadji Cellou Dalein Diallo. Du moins, ce sont des compatriotes sensés appartenir à ces partis.

En vérité, s’il faut nommer réellement les choses, dans ces trois villes, les affrontements ont opposé des malinkés aux peulhs, les deux plus grands groupes ethniques du pays dont relèvent les deux plus grands leaders politiques actuels de la Guinée (Alpha Condé et Cellou Dalein). C’est donc pour éviter d’en rajouter à la tension qui couve que nous les appelons par leur supposée appartenance politique…

Or, les acteurs des organisations de défense des droits humains sont bien conscients des dangers qui guettent notre chère Guinée si tout le monde se tait face à de tels périls et laisse le pays à des politiciens qui sont décidés à « faire feu de tout bois » pour atteindre leurs objectifs politiques.

Très souvent, dans notre pays, « un seul mort » n’est pas un signal « fort » ! Ce n’est souvent pas suffisant pour émouvoir grand-monde ! On attend que la situation devienne beaucoup plus grave et quelques fois très dramatique pour siffler l’alerte et appeler au calme. Alors, on voit défiler des ONG de ceci et des groupements de cela pour faire semblant d’aider.

Déjà, combien de structures se sont signalées aujourd’hui auprès de tel ou tel partenaire (bailleur de fonds) comme celle qui serait capable d’accompagner le processus électoral guinéen pour qu’il y ait « des élections paisibles, libres, transparentes et acceptées de tous » ?

Que signifiera alors la paix, le calme et la sérénité d’une élection pour les parents de Mamadou Aliou Bah qui ont ainsi perdu leur progéniture qu’il élève, éduque et forme depuis 28 ans pour la relève et qui vient de subir une des plus douloureuse mort à cause d’un pouvoir dont ils n’entendent souvent parler qu’à l’occasion des élections ?

Il faut totaliser combien de morts pour que l’ont « sollicite » des leaders-candidats une meilleure prise en compte de la vie des citoyens Guinéens ?

A quoi serviront les déclarations de nos ONG nationales et internationales, les ambassades et institutions internationales quand ce sera trop tard ?

Pourquoi chacun ne se lèverait pas maintenant pour dire halte et faire en sorte que l’assassinat de Mamaou Aliou Bah soit le dernier pour la présidentielle de cette année ?

Que Dieu veuille sur la Guinée et qu’IL protège les enfants de ce pays, amen !

Nouhou Baldé

 

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