Scandale à la maternité de Mamou : interpellation d’une mère accusée de sorcellerie

Mamou, Mairie, Une vieille dame qui accompagnait sa fille venue accoucher à la maternité de l’hôpital régional de Mamou a été interpellée hier, le jeudi 17 décembre 2015, par le commissariat central de police pour avoir refusé une transfusion sanguine en faveur de la nourrice anémiée, a appris Guineematin.com à travers un de ses correspondants basés en Moyenne Guinée.

Suite à des complications de dernières minutes, une jeune femme en état de famille avancé, a été évacuée de toute urgence par sa mère, dans des conditions difficiles et pénibles, à la maternité de l’hôpital régional de Mamou.

Après l’accouchement, la sage femme de garde a trouvé que la nourrice avait déjà perdu trop de sang et qu’elle devait être perfusée. Mais, la vieille qui l’accompagnait n’a voulu prendre aucun engagement (financier ?) avant l’arrivée du grand-père du nouveau-né. Ce dernier devait arriver à l’hôpital régional de Mamou dans la journée du jeudi.

La vieille est restée ferme sur sa position parce qu’on lui aurait fait payer 200 mille francs guinéens à la maternité, immédiatement après l’accouchement de sa fille, rapporte à Guineematin.com Thierno Mamadou SOW, un reporter de la Radio GPP FM Mamou qui suit le dossier sur le terrain. Selon la même source, la vieille a emprunté ce montant auprès des ressortissants de son village installés dans la commune urbaine de Mamou.

Le refus de la grand-mère a provoqué un incident sans précédent à l’hôpital régional de Mamou où un bénévole aurait appelé la police pour accuser la dame d’être sorcière et voulant la mort de sa propre fille. Parce que tout simplement elle a expliqué à l’assistance qu’elle était désespérée à cause de la situation très critique dans laquelle se trouvait sa fille au départ du village. Elle aurait même avoué avoir pris des précautions pour toute éventualité en quittant sa case avec un linceul et une petite calebasse souvent utilisés pour le traitement des corps des défunts en pays musulmans.

Le Directeur de l’hôpital régional de Mamou, Dr. Kader Camara, qui confirme une partie du film de l’incident, a déclaré à Guineematin.com n’avoir pas été informé par ses agents de l’histoire des 200 mille francs qu’on aurait fait payer à cette pauvre dame venue accoucher à la maternité. « La prise en charge est gratuite à l’exception des poches de sang qu’une bonne volonté qui suivait la scène a payé directement à 28 mille francs guinéens. Ce n’est pas aussi quelque chose d’extraordinaire. L’hôpital aussi était en disposition d’offrir ces deux poches de sang pour sauver la vie de la malade. Vous pouvez venir vérifier cette information. Je ne suis pas au courant. Personne ne m’a informé que la femme a payé ce montant à la maternité. Ici, tout le monde sait que lorsqu’il s’agit d’une femme en grossesse, c’est vraiment gratuit. Cela, nous le vérifions tous les jours et nous nous opposons à tout payement de frais. Moi, je n’ai pas cette information. Le chef de service ne me l’a pas dit, les agents non plus », s’est défendu le médecin.

Guineematin.com a voulu partager cette information, parce que nous savons que de toutes les façons nous pouvons rencontrer des agents indélicats dans les services publics de l’administration guinéenne : « C’est clair ! Je suis tout à fait d’accord avec vous. Il se peut qu’il y ait des agents indélicats. Mais, comme j’ai l’information, moi aussi, je vais essayer de vérifier et prendre toutes les dispositions nécessaires », a promis le directeur de l’hôpital.

Au cours de notre entretien téléphonique, Dr. Kader Camara a invité les usagers de l’hôpital régional de Mamou de se référer à lui en cas de difficultés dans les différents services de son centre hospitalier. « Vous vous le savez. Il y a une organisation à l’hôpital, si vous avez une quelconque difficulté, referez-vous au directeur qui, même s’il n’a pas toutes les solutions, peut apporter la solution qu’il faut », a-t-il rassuré.

En attendant les résultats de l’enquête interne promis par le directeur de l’hôpital de Mamou, retenons que cette famille est venue en catastrophe d’un village situé à 20 km du chef-lieu de la sous-préfecture de Kégnéko. Cette commune rurale est située, elle-même, à 65  km du chef-lieu de la préfecture de Mamou.

La nourrice vivait avec son mari à Conakry. Prenant conscience des charges qui l’attendaient pour cette grossesse, le mari, sans moyens, a décidé d’envoyer sa femme auprès des parents au village, le temps d’aller dans les mines d’or de Siguiri dans l’espoir de se faire de l’argent en vue de préparer le baptême.

C’est le mardi dernier, 15 décembre 2015, que cette pauvre dame a commencé à avoir des douleurs au niveau du ventre. L’agent de santé de Kégnéko, venu consulter la femme, a tout de suite conseillé de l’évacuer sur Mamou.

Ainsi, les bras valides de la localité ont coupé des gros morceaux de bois pour confectionner une sorte de hamac à l’image de ce qu’on utilisait pour transporter les colons avant l’indépendance. C’est avec ce support qu’on a porté la jeune femme sur une distance de 5 kilomètres avant de rencontrer une voiture qui les a déposé au chef-lieu de la sous-préfecture de Bertéyah. De là, ils ont trouvé une autre voiture qui a déposé la femme à l’hôpital régional de Mamou. C’était le mercredi 16 décembre 2015.

Selon le Directeur Général de l’hôpital régional de Mamou, la vieille a été libérée immédiatement après l’audition à la police. Le médecin ajoute que la nourrice et le nouveau-né, une jolie petite fille, se portent bien et sont toujours à la maternité.

Idrissa Samiring DIALLO pour Guineematin.com

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