(Par le doyen Amadou Diouldé Diallo) C’était ma première CAN, mais je n’avais aucun complexe, étant donné que j’avais fait ma première mondiale en 1990 en Italie et que l’honorable Kabiné Kouyaté m’a fait l’insigne honneur de serrer la main au roi Pélé, un de ces matins au luxueux hôtel Excelsior sur la via Venito de Rome.
C’est avec le même Kabiné Kouyaté que j’arriverais à Dakar, quelques heures seulement avant l’ouverture officielle de la CAN. Accréditation rapidement obtenue à l’hôtel Ngor Diarama et nous voici au stade de l’amitié. Grand monde, joutes impitoyables et déplacements sur Ziguinchor dont le stade Alioune Sitoe Diatta sert de cadre aux matchs du groupe B. Le Sénégal politique est à la cohabitation. L’opposant Abdoulaye Wade, ministre d’Etat, préside certaines rencontres et se tient régulièrement aux côtés de la première dame Elisabeth Diouf.
Des grands noms de la presse sportive africaine et internationale sont au rendez- vous : Boubacar Kanté avec son ami Aly Bongo, l’actuel Président Gabonais, Kabiné Kouyaté, Mahjoub Faouzi, Majib Sene, Ouattara Hegaud, Jean Kambiré, Thiam Belafonte, Demba Koulibaly, Abel Mengué, Gérard Dreyfus, pour ne citer que ceux là, couvrent l’événement.
Après tant d’épreuves émotionnelles, les Blacks stars du Ghana privés de leur astre Abedi Pélé qui a écopé d’un carton rouge en demie finale de l’arbitre tunisien Bennaceur, arrivent en finale avec les éléphants de Côte d’Ivoire. Auréolés de 4 titres 1962, 1965, 1978 et 1982, les ghanéens embraient
sur un 5ème titre, mais trouvent en face d’eux des ivoiriens de gros calibre. Les 2 équipes jouent sur tapis rouge tant leur football est chatoyant et flamboyant. De véritables brésiliens, avec une mobilité de cheville extraordinaire. Bref, un football torrent, alléchant qui procure une immense joie aux 60 000 spectateurs du stade de l’Amitié de Dakar. Anthony Baffoe, Anthony Yeboah et leurs camarades ghanéens useront feu de tout bois sans prendre le meilleur sur Alain Gouaméné, Aka Kouamé, Basile, Abdoulaye Traoré, Ben Bady, Youssouf Falikou Fofana, l’Enfant de Makono. De sorte que c’est à l’épreuve fatidique des tirs au but que les deux équipes vont se quitter avec la victoire des ivoiriens 11 buts à 10. Leur gardien araignée, Alain Gouaméné ayant réussi à bloquer le denier tir ghanéen.
Les éléphants de Côte d’Ivoire venaient de remporter leur premier titre continental perdu même à la maison en 1984. Le pays est en délire, l’équipe rentre à Abidjan à bord du Grumann présidentiel avec tout ce que la Côte d’Ivoire compte d’élégance et de voix à l’époque comme Aïcha Koné, Ernesto Djédjé… tous venus à Dakar pour supporter leur équipe.
Et, depuis cette lumière, la Côte d’Ivoire court derrière un deuxième sacre. Finaliste malheureux en 2006 au Caire contre l’Egypte et 2012 à Libreville contre la Zambie, les deux fois aux tirs au but, cette finale de 2015 en Guinée Equatoriale se jouera sous le signe de la fin du signe indien pour cette fabuleuse génération qu’on qualifie de maudite pour n’avoir jamais rien gagné. Menée par Didier Drogba qui a pris sa retraite, elle a encore les hommes, les armes et les munitions pour faire parler la poudre à l’image des frères Kolo et Yaya Touré, Gervinhno Sérier, Bony et Kalou.
De l’autre côté, les frères de la dynastie Ayew André et Jordan, Gyan Asamoah, Wassabo, Appiah sont de la grande chapelle ghanaénne. L’une des meilleures du continent. Les ghanéens furent aussi finalistes en 2010 en Angola et perdirent 1 à 0 contre l’Egypte.
Ghana- Côte d’Ivoire en finale de cette CAN 2015, c’est le sommet du football africain, la fête des artistes, le festival des génies.
En dépit de tous les désagréments enregistrés, cette CAN doit bénéficier de circonstances atténuantes pour la simple raison que la Guinée Equatoriale l’a organisée au pied levé, en substitution au Maroc défectueux pour cause d’Ebola, le tout en 50 jours pour sauver la prestigieuse biennale du football africain.
Le Président de la CAF, Issa Hayatou, peut à présent dormir pour avoir le repos mérité du guerrier conquérant.
Amadou Diouldé Diallo à New York pour Guineematin.com
