Trafic de faune à Kankan : une décision de justice décriée par les conservateurs de la nature

Par Fatou Kourouma du projet GALF : Le mercredi 08 août 2018, M. Mamoudou Diabaté, âgé de 27 ans et originaire de Kouroussa a été reconnu coupable par le tribunal de première instance(TPI) de Kankan des faits qui lui sont reprochés. Notamment les délits de détention, circulation et commercialisation d’une peau entière de panthère, une espèce animale intégralement protégée. Pour la répression, le prévenu est sommé de payer une amende de 90.000 GNF et sur l’action civile au paiement de 50.000.000 GNF à l’Etat Guinéen à titre de dommages et intérêts.

L’affaire remonte au jeudi 26 juillet 2018 où M. Mamoudou Diabaté a été identifié et localisé comme étant un trafiquant de trophées d’espèces animales intégralement protégées dans la ville de Kankan en Haute Guinée. Les autorités en charge des Eaux et Forêts, en collaboration avec la gendarmerie et l’appui technique de GALF (Guinée Application de la Loi Faunique) ont procédé à l’interpellation de M. Diabaté en flagrant délit de détention, circulation et commercialisation d’une peau entière de panthère.

La panthère est une espèce animale intégralement protégée par le code de protection de la faune sauvage et réglementation de la chasse au niveau national. A l’international, elle est aussi classée dans l’annexe 1 dite ‘’ Espèces animales intégralement protégées ‘’ de la CITES (convention internationale sur le commerce des espèces de faune et de la flore sauvage menacées d’extinction). A signaler que la panthère figure sur la liste rouge de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature)

Après avoir été entendu sur procès-verbal dans les locaux de la Section Eaux et Forêts de Kankan, Mamoudou Diabaté a été déféré devant le parquet du tribunal où il sera par la suite placé sous mandat de dépôt à la prison civile de Kankan. Ainsi, le mercredi 08 août 2018, le tribunal après en avoir délibéré, statuant publiquement et contradictoirement, condamne le prévenu au paiement d’une amende de 90.000 GNF. Sur l’action civile, il est condamné au paiement d’une somme de 50.000.000 GNF (cinquante millions de francs guinéens) à titre de dommages et intérêts à l’Etat Guinéen via le Ministère de l’Environnement, des Eaux et Forêts.

Si cette condamnation pécuniaire est juste aux yeux des hommes en robe, elle est par contre non dissuasive de la part de certains agents conservateurs estimant que la peine d’emprisonnement ferme était meilleure dans ce cas d’espèce. ‘’ Cette peine pécuniaire n’a pas sa raison d’être dans le cas présent. Elle devrait être une peine d’emprisonnement ferme voire même un peu ragaillardie. Sinon ça ne passe pas’’ a laissé entendre le commandant Lancinet Faro, coordonnateur régional des conservateurs de Kankan.

De son côté, le colonel Layaly Camara, Directeur National des Eaux et Forêts se dit optimiste en attendant la promulgation du nouveau code ayant revu à la hausse des peines : « Dans tous les cas, restons calme parce que sous peu de temps le nouveau code va rentrer en vigueur. Je crois qu’à ce niveau, nous serons plus fermes. »

Selon un autre conservateur ayant requis l’anonymat, le tribunal de Kankan devrait en principe infliger une peine d’emprisonnement ferme à ce trafiquant faunique. Car, poursuit-il, il devrait servir d’exemple parmi ces nombreux chasseurs traditionnels qui en font fièrement de trophées de chasse, en toute violation des lois de la République.

Pour mémoire, il faut signaler que de telles pratiques ont dangereusement altéré l’image du pays à l’échelle internationale et cela a eu pour conséquence, la sanction de la Guinée auprès de la CITES. Ainsi, la Justice guinéenne dans son ensemble devrait infliger des peines d’emprisonnement ferme aux trafiquants de faune et de la flore sauvage. Car la protection de l’Environnement est de nos jours une préoccupation mondiale. Pour lutter efficacement contre le trafic international de faune, la loi devrait être durcie dans son ensemble.

Il faut rappeler que le trafic d’espèces est un crime organisé transnational. Il représente le 5ème commerce illégal le plus important au monde amassant plus de 20 milliards de dollars chaque année.

Fatou Kourouma du projet GALF

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