Voyage vers le Koweït : six guinéens poursuivis pour trafic d’êtres humains au TPI de Mafanco

Le trafic d’êtres humains à destination de certains pays du golfe persique fait souvent la Une des médias. De nombreux témoignages font état de mauvais traitements infligés aux africains partis dans la région à la recherche du bonheur. Un réseau présumé de trafiquants d’êtres humains à destination du Koweït a récemment été démantelé à Conakry. Les présumés membres dudit réseau ont comparu ce lundi 10 juillet 2017 au Tribunal de Première Instance de Mafanco, rapporte un reporter de Guineematin.com qui a assisté à l’audience.

Ce sont au total six (6) personnes qui sont poursuivies pour trafic d’êtres humains vers le Koweït. Il s’agit d’Alpha Bah, Ousmane Sylla, Aicha Soumah, Mohamed Lamine Bangoura, Aboubacar Diaby et Elhadj Mamadou Diassy.

L’un des prévenus à avoir été interrogé à la barre est le nommé Alpha Bah, considéré comme étant le cerveau du réseau. Répondant aux questions de la juge, madame Djeynabou Donghel Diallo, le jeune diplômé en Informatique est revenu en détails sur les faits. Selon lui, c’est au Sénégal qu’il a fait connaissance avec une certaine Mariam, résident au Kowéit. « Dans nos discussions, elle m’a parlé d’un certain Saliou Bah qui vit au Koweït et qui aide des footballeurs, ouvriers et chauffeurs à aller là-bas. Ensuite, elle nous a mis en contact. Saliou Bah m’a dit qu’il pouvait m’aider à y aller. Il a jouté qu’il y’avait aussi possibilité d’aider des femmes à y aller pour des travaux domestiques ».

Par ailleurs, le mis en cause ajoute que son contact au Koweït lui a précisé qu’arrivées là-bas, les jeunes femmes ont un salaire de 300 dollars. « Mais, saliou Bah m’a dit qu’elles devront rembourser l’équivalent de 15 millions de francs guinées. Chaque mois, on prélève 100 dollars du salaire ».

La présidente lui demande ensuite comment s’est-il retrouvé en Guinée, lui qui a rencontré la dame au Sénégal. « Je suis venu en Guinée pour voir ma mère et lui dire au revoir avant que moi-même je ne voyage pour le Kowéit », soutient Alpha Bah.

En Guinée, Alpha Bah dit avoir parlé de cette opportunité de voyage à son ami Ousmane Sylla, en lui expliquant qu’il suffit aux candidates pour être domestique d’avoir un passeport. Ce dernier à son tour a partagé l’information avec son entourage.

Appelé à la barre, Ousmane Sylla va reconnaitre avoir été en contact avec Alpha Bah. Mais, se défendra-t-il, c’était dans le souci d’aider les gens. Il précisera qu’il fallait, une fois le visa obtenu, débourser 500 000 francs guinéens pour rembourser les frais liés au traitement du dossier. La présidente fera remarquer qu’un important lot de passeports avait été saisi au domicile d’Ousmane Sylla.

Le procureur Lansana Cissé va demander à Ousmane Sylla et Alpha Baldé s’ils s’attendaient à des retombées dans leurs démarches. Les deux mis en cause répondront par la négative. Revenant à la charge, monsieur Cissé va chercher à savoir si les deux compagnons d’infortune étaient informés des conditions de vie « inhumaines et dégradantes des malheureuses domestiques dont certains travaillent de 5 heures à 23 heures ». Ils y répondront également par la négative.
L’un des avocats de la défense, en l’occurrence Maitre Ouattara, fera ressortir que ses clients n’ont exercé aucune pression sur les femmes ou sur leurs familles. Il va ajouter que les prévenus ne recevaient rien en retour.

Un argument balayé du revers de la main par le procureur Lansana Cissé qui refuse de croire « à un acte de bienfaisance des prévenus ». Il dira d’ailleurs qu’ils font partie d’un réseau de trafic d’êtres humains.
Les autres prévenus tout comme les témoins et la partie civile répondront aux questions du tribunal la semaine prochaine. Les mis en cause repartent à la maison centrale de Coronthie où ils sont détenus depuis plus de trois mois.

Nous y reviendrons !

Alpha Mamadou Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 628 17 99 17

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