Affaire Bolloré : Fodé Oussou veut l’ouverture d’une enquête parlementaire

Le débat se poursuit autour de l’octroi du terminal à conteneurs du port autonome de Conakry au groupe français Bolloré peu après l’arrivée au pouvoir du président Alpha Condé. Un débat relancé par la mise en examen du PDG du groupe, Vincent Bolloré en France, pour corruption d’agents étrangers entre autres, dans le cadre de l’obtention de plusieurs marchés en Afrique dont celui du port de Conakry.

Dr Fodé Oussou Fofana, le président du groupe parlementaire des Libéraux-démocrates à l’Assemblée nationale qui s’est confié à Guineematin.com ce lundi, 07 mai 2018, a annoncé que son camp va demander l’ouverture d’une enquête parlementaire sur ce dossier.

Depuis la mise en examen de Vincent Bolloré en France, les autorités guinéennes sont engagées dans une opération défensive face aux multiples critiques autour de l’octroi du terminal à conteneurs du port autonome de Conakry à la société de l’homme d’affaires Français, ami au président Alpha Condé.

Le gouvernement et la mouvance présidentielle sont sur tous les fronts pour expliquer que ce contrat a été donné au groupe Bolloré dans la transparence et en raison du non-respect des clauses du contrat qui liait la Guinée à la société Getma international, dont la filiale Necotrans avait la concession du terminal à conteneurs de Conakry depuis 2008.

Ce weekend, Sory Camara, ancien directeur général du port autonome de Conakry est passé sur TV5 pour s’expliquer là-dessus. Mais, selon l’honorable Fodé Oussou Fofana, président du groupe parlementaire des Libéraux-démocrates à l’Assemblée nationale, l’ex-patron du port de Conakry n’a pas tout dit sur cette affaire.

« C’est que Sory Camara n’a pas expliqué, c’est que Necotrans n’a pas pu travailler parce qu’on était dans une période de transition, et pendant cette période, il était pratiquement impossible de travailler. Et c’est que Sory Camara n’a pas dit sur TV5, c’est que le code des marchés publics de la Guinée est une loi qui n’autorise pas un président de la République de prendre un décret pour donner à quelqu’un sans passer par un appel d’offre. Donc, tous les contrats qui ont été donnés de gré à gré sont des contrats qui sont douteux », a dit le député.

Pour le vice-président de l’UFDG, « ce dossier est un dossier clair et net. Il faut se poser des questions et répondre purement et simplement. La première question qu’il faut se poser c’est est-ce que Necotrans a eu la concession du port autonome de Conakry à la suite d’un appel d’offre international ? Je dis oui, cette société n’est pas venue s’installer comme ça en Guinée, elle a eu la concession suite à un appel d’offre international qu’elle a gagné. L’appel d’offre s’est passé en 2008, quelles que soient les conditions dans lesquelles il s’est passé, Necotrans a quand même remporté cet appel d’offre.

Elle a payé 15 millions d’euros comme ticket d’entrée, après il y a eu la période d’exception, c’est-à-dire, la transition pendant laquelle, elle n’a certainement pas pu travailler. Maintenant qu’on dise qu’elle est passée par la corruption pour obtenir le contrat, je dis que là n’est pas le problème, qu’on ne déplace pas le débat, quelles que soient les conditions dans lesquelles elle a obtenu le contrat, c’est quand même suite à un appel d’offre international.

La deuxième question qu’il faut se poser, c’est de savoir est-ce que si Necotrans n’a pas respecté les clauses du contrat, le gouvernement guinéen a le droit de dénoncer cela ? Je dis oui. Il est du plein droit du gouvernement guinéen de dénoncer Necotrans, si elle ne respecte pas les clauses du contrat.

Maintenant est-ce que le président de la République a le droit d’annuler un contrat par un décret ? Je dis non. Ce n’est pas possible, le président de la République ne peut pas que puisque Bolloré c’est son ami, il peut prendre un décret pour annuler le contrat de Necotrans et prendre un autre décret pour octroyer la concession à son ami Bolloré ».

Le parlementaire ajoute que le gouvernement guinéen avait le droit de retirer le contrat à Necotrans s’il se rendait compte que cette société ne respectait pas les clauses du contrat. Mais il devrait ensuite, selon lui, lancer un autre appel d’offre international au lieu de donner immédiatement la concession à Bolloré.

« Le gouvernement devait faire un autre appel d’offre international. Mais en ne le faisant pas, on peut dire que monsieur Alpha Condé était en train certainement de respecter des engagements qu’il a pris à l’endroit d’un ami qui l’a peut-être aidé pendant sa campagne électorale de 2010. Mais, dire qu’on n’a pas refait l’appel d’offre parce que Bolloré était deuxième en 2008, ça c’est un argument qui ne tient pas », estime Dr Fodé Oussou Fofana.

C’est pourquoi, le député du principal parti d’opposition du pays, annonce que son groupe parlementaire va demander une enquête parlementaire sur ce dossier : « C’est pour cela que nous, en tant que groupe parlementaire à l’Assemblée nationale, nous allons demander une enquête parlementaire par rapport à ce dossier-là et par rapport à beaucoup d’autres dossiers qui ont donnés de façon douteuse depuis 2011.

Sinon, je mets le gouvernement guinéen au défi de me donner la liste des marchés qui ont été octroyés par appels d’offres depuis que monsieur Alpha Condé est au pouvoir, dans les domaines de l’énergie et des travaux publics par exemple », a dit le parlementaire.

Alpha Fafaya Diallo pour Guineematin.com

Tel. 628124362

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