Affaire cocaïne saisie à Conakry : plusieurs responsables de la BAC déférés à la maison centrale

Au moins six hauts gradés de la police et de la gendarmerie qui dirigent les Brigades anti-criminalité (BAC) ont été déférés hier, vendredi 12 février 2021, à la maison centrale de Conakry. Ils sont accusés d’avoir dissimulé une importante quantité de cocaïne saisie récemment à Conakry, a appris Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

Depuis un mois environ, les services de sécurité guinéens sont secoués par une rocambolesque affaire de drogue. Tout est parti d’une opération menée le 15 janvier 2021 par la Brigade anti-criminalité (BAC) N°10 de Sonfonia, qui a saisi 19 sacs de cocaïne dans une villa située au quartier Nongo, dans la commune de Ratoma, en banlieue de Conakry.

Maitre Mamoudou Sané, avocat à la Cour

« Des éléments de la BAC N°10 de Sonfonia sont allés faire une descente dans une résidence à Nongo. Ils ont trouvé là des personnes dont un blanc de nationalité monténégrine. Ils ont saisi 19 sacs de drogue dure appelée cocaïne, vers 17 heures. Sur place, ils ont informé leurs chefs hiérarchiques : le Colonel Idrissa Camara, alias Jozi de la police et le Lieutenant-Colonel Sékou Bakary Keïta de la gendarmerie, respectivement coordinateur et coordinateur adjoint des BAC. Ceux-ci arrivent, une heure plus tard, ils trouvent une décharge et 16 colis (les 3 autres avaient déjà été dissimulées, ndlr), chaque coli faisant 25 kg de cocaïne. Les deux responsables des BAC ont pris, sans aucune décharge, sans laisser la moindre trace administrative, les 16 sacs de drogue pour aller présenter que 6 à la DPJ. Où sont les autres sacs ? Seuls eux peuvent le dire à date », a confié maître Mamoudou Sané, avocat du commandant de la BAC 10 de Sonfonia.

 

Lorsque l’affaire a éclaté, le commandant de la BAC N°10 de Sonfonia, le directeur général des BAC et son adjoint, ainsi que d’autres hauts gradés de la police et de la gendarmerie ont été arrêtés. Ils ont été entendus par les agents de l’office anti-drogue (OCAD) avant d’être placés sous mandat de dépôt à la maison centrale de Conakry. Mais, Me Mamoudou Sané dénonce la violation des droits de son client qui, dit-il, n’a pourtant rien à se reprocher dans ce dossier. « Mon client a été arrêté et conduit à l’OCAD où il a été interrogé sans la présence de son conseil. Et pire, il a été gardé là plus d’une semaine au lieu de 4 jours comme indique la loi.

 

Selon le Code de procédure pénale, le délai de la garde à vue est de 48 heures, renouvelable une seule fois. Il faut signaler que les mis en cause sont des officiers de police, ils connaissent la loi. A notre niveau, nous allons utiliser tous les moyens du droit pour démontrer ces nombreuses violations, démonter ce dossier et disculper notre client, qui n’a rien à se reprocher dans tout cela. Puisqu’il a obéi à ses chefs qu’il a tout de suite saisis et mis au courant de l’opération de saisie », a dit le conseil du commandant de la Brigade anti-criminalité (BAC) N°10 de Sonfonia.

 

Aux dernières nouvelles, on apprend que sur les 19 colis de cocaïne, 9 sont arrivés à l’OCAD et 10 autres restent toujours introuvables. Des informations font état également de la libération du Monténégrin interpellé dans la villa où cette drogue a été saisie. Ce dernier serait aujourd’hui sans trace. Ce dossier qui alimente les débats dans la cité n’aurait pas donc fini de livrer ses secrets. Selon des indiscrétions, d’autres personnes de la haute hiérarchie de la police, dont le Contrôleur général Ansoumane Camara dit Bafoé, directeur général de la police nationale, pourraient être entendus dans cette affaire.

Si ce dossier prend une certaine tournure, c’est parce que certains parlent de l’implication des Etats-Unis d’Amérique, aux trousses du Monténégrin, et de la France dont les colis portent le signe de la Tour Eiffel.

A suivre !

Abdallah BALDE pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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