Affaire Qnet en Guinée : Souleymane Doumbouya poursuivi au TPI de Kaloum

Souleymane DOUMBOUYA
Souleymane DOUMBOUYA

Considéré par beaucoup de Guinéens comme étant la tête pensante de Qnet en Guinée, Souleymane Doumbouya était le lundi dernier, 09 décembre 2019, à la barre du tribunal de première instance de Kaloum. Ce cadre du parti présidentiel est poursuivi pour des faits d’escroquerie. Des faits pour lesquels le prévenu a plaidé non coupable, rapporte un journaliste de Guineematin.com qui a suivi l’ouverture de ce procès.

A la barre, Souleymane Doumbouya s’est présenté comme étant le « Consultant » de Qnet en Guinée. Et, malgré la volonté du ministère public de le présenter comme étant « le cerveau » de cette société de vente en ligne en République de Guinée, le prévenu est resté figé sur sa position. « Je suis le consultant de Qnet en Guinée. Je ne fais qu’un appui de conseil à Qnet. Donc, ma contribution se résume à aider Qnet à se conformer à la législation guinéenne. Je ne suis pas distributeur ; et, je n’ai aucun contact avec les ventes et les achats qui se font sur le terrain. La société m’interdit d’ailleurs de m’en mêler », a-t-il déclaré devant le tribunal.

Revenant sur les raisons de sa présence à la barre du tribunal de Kaloum, Souleymane Doumbouya a dit ignorer les raisons de sa poursuite. « Au départ, j’étais poursuivi pour menace à la sécurité intérieure de l’Etat. Ensuite, ils m’ont dit que j’ai été arrêté pour traite des personnes, trafic illicite de migrants… Et, franchement, aujourd’hui, je ne sais pas ce qu’on me reproche », a-t-il dit.

« Aujourd’hui, vous êtes poursuivi devant ce tribunal pour escroquerie », a répondu brusquement le président du tribunal, tout en donnant la parole au ministère public. Un ministère public qui, apparemment, a eu un casse-tête chinois à trouver des questions à poser au prévenu.

Le procureur audiencier a notamment limité ses questions (qu’il a répétées à chacune de ses prises de parole) à prouver que Souleymane Doumbouya est « la tête, les pieds et les yeux de Qnet » en Guinée.

« Qui est le représentant de Qnet en Guinée ? Où se trouvent les boutiques de Qnet en Guinée ? Qui reçoit les produits et qui recouvre les fonds versés à Qnet en Guinée ? » a insisté le procureur Ousmane Sankhon, sans tout de même réussir à perturber la sérénité du prévenu.

Fidèle à sa logique, Souleymane Doumbouya s’est mis à présenter Qnet et à se dédouaner de toute responsabilité dans les opérations que mène cette société sur le terrain. « Qnet est une société qui évolue dans le marketing réseau. Si vous avez internet, vous pouvez faire vos achats en ligne dans les boutiques virtuelles de la société. Donc, Qnet n’a pas un siège ici ; et, la loi ne l’oblige pas d’en avoir un en Guinée… Mais, je ne suis qu’un simple consultant. Cependant, la société a des représentants indépendants, des distributeurs sur le terrain. Et, ce sont ces gens-là qui reçoivent des commissions parce qu’ils font la promotion des produits Qnet en Guinée. Donc, moi, je ne sais pas qui reçoit les produits, je ne suis pas impliqué et je n’interviens pas dans ce processus », a expliqué ce cadre du RPG-arc-en-ciel, tout en reconnaissant qu’il a aidé Qnet, en mars 2018, à organiser une exposition au palais du peuple.

Prenant la parole, les avocats de la défense ont dénoncé un « dossier vide », tout en soulevant des observations sur la « déroute » du ministère public.

« Tout d’abord, nous rappelons que c’est la personne physique de monsieur Souleymane Doumbouya qui est poursuivie dans ce dossier ; et non Qnet. Ensuite, le parquet parle de fonds ; mais, aucune mention faisant allusion à des fonds ne se trouve dans le dossier de la procédure. On sait que monsieur Doumbouya est poursuivi pour escroquerie. Mais, il n’y a aucun plaignant dans ce dossier. Et, le parquet est encore incapable de dire quel est le montant qui a été escroqué. Cependant, il n’y a pas d’infraction d’escroquerie sans plaignant. Donc, nous voulons que le parquet revienne dans le dossier au lieu d’évoquer des affaires qui ont déjà fait l’objet de jugement », a indiqué Me Lancinet Sylla, un des avocats de la défense.

En effet, dans sa volonté de prouver la participation de Souleymane Doumbouya dans la promotion des produits de la société Qnet en Guinée, le ministère public a évoqué deux expositions organisées au stade du 28 septembre et au palais par ladite société. Il a d’ailleurs indexé Souleymane Doumbouya comme étant celui qui avait loué le palais du peuple au nom de cette société.

Une chose que le prévenu ne réfute pas. Mais, précise-t-il, « c’est Qnet qui a loué, parce que c’est son argent qui a été versé là-bas. Moi, je n’ai joué que l’intermédiaire ».

Cependant, ses avocats estiment que le parquet s’est trompé de dossier, en évoquant ces expositions. Car, soutiennent-ils, « toutes les personnes qui avaient été interpelées lors de ces expositions ont été libérée par la justice…».

Lassé d’en entendre, le ministère public va finalement demander un renvoie de l’audience pour la comparution de deux témoins. Une demande à laquelle la défense s’est opposée, arguant que la comparution de ces témoins ne va rien apporter dans ce dossier. « Ces gens sont témoins de quoi ? Ils ont été entendus à l’enquête préliminaire. Nous sommes là pour des faits d’escroquerie. Et, ils ne sont pas témoins d’un mensonge, d’une manœuvre frauduleuse ou d’un recouvrement de fonds impliquant notre client », a dit Me Lancinet Sylla, tout en demandant au tribunal d’annoncer la clôture des débats et ordonner l’ouverture des réquisitions et plaidoiries dans cette affaire.

Faute d’obtenir gain de cause, la défense a ensuite demandé au tribunal d’ordonner la mise en liberté de Souleymane Doumbouya.

Finalement, le tribunal a rejeté la demande de liberté provisoire et a renvoyé l’audience à ce mercredi, 11 décembre 2019 pour la suite des débats.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

Facebook Comments Box