Alhassane Camara, préfet de Forécariah : « on a de sérieux problèmes »…

M. Alhassane Camara, préfet de Forékariah

La préfecture de Forécariah connait de nombreuses difficultés qui constituent un handicap pour son évolution socio-économique. Malgré le dynamisme de ses populations et l’engagement des autorités administratives et locales, la préfecture des trois premiers ministres du professeur Alpha Condé depuis 2010 tarde à décoller. Du mauvais état de la route au manque d’emploi en passant par le mauvais état des infrastructures administratives, la préfecture de Forécariah est l’une des oubliées du changement chanté depuis huit ans sous tous les toits.

Dans un entretien accordé à un reporter de Guineematin.com, le préfet de la localité, Alhassane Camara, est revenu sur certaines difficultés de Forécariah. En poste depuis juin 2016, le préfet a également expliqué les mesures envisagées pour résoudre les problèmes qui assaillent la localité.

Guineematin.com : faites-nous une présentation succincte de la préfecture de Forécariah.

Alhassane Camara : la préfecture de Forécariah est une subdivision administrative de la Guinée. Elle est située en Guinée Maritime, au sud-ouest du pays, limitée à l’Ouest par l’océan Atlantique et au sud par la Sierra Leone. Sur le plan administratif, elle dépend de la région de Kindia et la ville de Forécariah en est le chef-lieu. Elle est constituée de six quartiers: Fatako 1, Fatako 2, Koutoumania, Madina, Tatagui 1, Tatagui 2. La ville de Forécariah se porte bien, les populations y vivent en harmonie avec la maturité politique aidant.

Guineematin.com : nous savons que Forécariah est cosmopolite et que l’agriculture est dominante. Expliquez-nous tout cela en détails

Alhassane Camara : socialement, on ne remarque pas de différence entre fils de Forécariah et étrangers résidant ici. On peut se réjouir de l’atmosphère de paix qui règne dans ma préfecture. Les pactes, anciennement adoptés par les trois patriarches, sont jusqu’à maintenant respectés à la lettre. Et, ce c’est qui fait la beauté de la ville. Les forestiers, peulhs, malinké et soussou, nous cohabitons ensemble dans la paix. Donc, socialement, Forécariah se porte très bien.

Économiquement, Forécariah a de sérieux problèmes du fait qu’il n’y a aucune société minière dans la préfecture, depuis le départ de la société d’exploitation du fer de Yombo Yeli, une société dénommée FGM, qui est allée en faillite. Depuis, aucune autre société minière ne s’est installée à cause de la chute du prix du fer.

L’agriculture, qui est la ressource principale, occupe les 80% pratiquement. Je dirais que c’est une population à vocation agropastorale. Elle se portait bien jusqu’à l’avènement de cette sale maladie à virus Ebola. Vous savez qu’Ebola a mis plus de temps à Forécariah, ça a endeuillé beaucoup de familles, ça a affaissé quelque part l’économie, parce que tout le monde n’avait que le souci du comment sortir cette maladie de Forécariah. Rio Tinto qui était à Kimandourou a quitté et depuis, les jeunes se sont retrouvés au chômage. L’espoir est permis quand même pour le retour de ces sociétés qui sont parties.

Guinéematin.com: parlez nous du plan de développement de la préfecture de Forécariah

Alhassane Camara : mon plan de développement commence par la sensibilisation des citoyens à se relever après Ebola, de reprendre leurs activités habituelles, que ça soit dans le domaine de l’agriculture, du commerce et la pêche. Et aussi au niveau des structures de santé qui sont à renforcer, nous faisons des plaidoiries au niveau de l’Etat et du département en charge de la santé afin qu’ils nous aident à renforcer nos structures. Il faut noter qu’il y a à présent plusieurs centres de santé dans la ville même, dans certains districts je dirais qu’à ce niveau aussi, l’espoir est permis parce que, quand on parle de développement, il faut commencer par la santé. Les actions programmées par les collectivités on été exécutés à 50%.

Guinéematin.com: qu’est-ce qui est entrepris pour endiguer le manque d’emplois dans votre préfecture ?

Alhassane Camara : pour endiguer le chômage dans notre ville nous envisageons d’abord de constituer des groupements de jeunes afin qu’ils puissent se prendre en charge. Ce groupement sera capable d’aider le gouvernement dans le domaine de l’agriculture parce que, la terre ne trahi pas. D’ailleurs, la renommée de Forécariah s’est faite à travers l’agriculture. Ainsi, nous pourrons lutter contre la pauvreté, par la même occasion lutter pour l’autosuffisance alimentaire. Nous avons un garage de ces engins agricoles, dont 20 tracteurs et 10 batteuses. Il y a beaucoup de sociétés qui ont postulé pour travailler ici à la place de Rio Tinto, on avait annoncé une grande société chinoise mais qui tarde à venir. Nous ambitionnons de construire une école professionnelle, pas parce que les jeunes n’ont pas de niveau, mais conformément aux besoins de l’employeur qui demande une certaine expérience.

Guineematin.com : Que pensez de la dégradation de la route Coyah-Forécariah dont les travaux de reconstruction ont été lancés il y a plusieurs mois ?

Alhassane Camara : le mauvais état de cette route est entrain de fatiguer tout le monde. Mais, cela est sur le point de finir. Le président de la République a lancé, le 24 décembre 2018, les travaux de reconstruction de la route. Donc, ce n’est qu’une question de temps, il faut juste la patience,
parce que je suis convaincu que le président Alpha Condé est un président qui sait faire une lecture judicieuse des préoccupations de ses populations.

Guineematin.com : quel est le mot de la fin?

Alhassane Camara : mon mot de la fin s’inscrit dans la promotion de la paix parce que rien n’est possible sans la paix, le pardon et l’acceptation de la différence. Il faut d’accepter parce que la Guinée nous appartient à nous tous.

Interview réalisée à Forécariah par Salimatou Diallo, envoyée spéciale de Guineematin.com

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