Alpha Condé au pouvoir : les exclus du festin se font entendre !

Alpha Condé
Alpha Condé

Lire Opinion : Kôrô Alpha Condé nous assène sans cesse qu’il a engrangé quarante ans de combat politique entièrement consacré à la promotion de la démocratie mais aussi et surtout à la conquête du pouvoir. Il n’a pas parcouru ce chemin seul. Loin s’en faut ! Nombreux ont été et sont encore ses compagnons d’infortune et de fortune.

Des berges de la Seine aux rivages de l’Atlantique, le long de la presqu’ile de Kaloum, il y a eu de la plèbe. Beaucoup de plèbe même. Les perspectives des délices et les lambris du pouvoir les enivraient, les galvanisaient et démultipliaient leurs efforts et leur conviction. Et vint la victoire, en octobre 2010. Controversé ou non, mérité ou non, l’événement a installé Kôrô et les siens à Sékhoutouréya et fait d’eux les maîtres des ressources et des postes juteux. Toutes les ouailles pouvaient rêver à une vie paradisiaque. Hélas beaucoup déchantent très rapidement !

Comme il n’y a pas autour des mangeoires autant de places que de courtisans, Kôrô est bien obligé de tirer au sort les convives dont nombre sont restés, durant dix ans, le cou tendu, les yeux écarquillés et les narines ouvertes vers le festin. En vain.

En 2019 et en 2020, pendant la guéguerre du troisième mandat, le chef a admis cette réalité tout en attribuant la responsabilité à l’élite politique et administrative du parti, qui par égoïsme se garde de l’informer des cas des camarades laissés en rade. Il faut dire que ceux-ci sont légions et on en trouve dans tous les coins et recoins du pays. Certains sont de célèbres vieux compagnons de taule du Professeur. Gbokolo Antoine Soromou est de ceux-là. Entre le Président de la République et le Maire de la Commune Urbaine de Lola, les atomes crochus sont vieux de 25 ans.

En effet, c’est lors des élections législatives de 1995 que Soromou devient le porte étendard du RPG et du MND, son propre parti, à l’uninominal, à Lola. Plus tard, l’indéfectible amitié qui unit les deux hommes conduit le Pr Alpha Condé à solliciter de son ami, un poste dans sa société, Léga Froid, à Abidjan pour Damantang Camara, cadre du RPG et père de l’actuel Ministre de la Sécurité. Pinè évoque un autre épisode, bien plus douloureux, celui-là, des relations entre les deux leaders politiques. On se souvient qu’ils avaient été arrêtés ensemble, une nuit, dans ce petit village de la préfecture de Lola, à la frontière de la Côte d’Ivoire, avant d’être jugés, condamnés à plus de 2 ans de prison fermes et embastillés à Conakry.

Pendant que messieurs Condé et Soromou séjournaient en prison, la société Léga Froid avait fait faillite, sous la gestion de monsieur Damantang Camara. Eu égard aux multiples services que messieurs Condé et Soromou se sont rendus et aux 2 ans de taule qu’ils ont vécus ensemble, on est fort surpris de constater que cet entrepreneur n’ait engrangé que du menu fretin depuis 2010. Ni poste électif important, ni poste administratif majeur. Ingratitude ou rancune ? Ou tout simplement amnésie collective ?

Le Président Félix Houphouët Boigny préférait, disait-il, l’injustice au désordre ; car, on peut toujours réparer l’injustice. Il est encore possible de le faire à l’endroit des cadres et des militants RPC du RPG qui, depuis 2010, se rongent les ongles ou, pire, sont passés de vie à trépas dans l’indigence. Beaucoup de jeunes de Lola dont Alpha Condé a reconnu et loué la participation active à l’introduction clandestine, en Guinée, du matériel de propagande de son mouvement, sont morts pitoyablement. « Il n’est jamais tard pour bien faire », conseille le vieil adage. Le Président a encore six ans pour réparer ces tords. Si ceux qui participent aux mangeoires depuis 2010 ne sont pas encore repus, c’est qu’ils sont insatiables.

Par Kéfing Fofana

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