Alpha Condé-Kassory Fofana : la rupture est inévitable

Alpha Condé et Kassory Fofana

Le déplacement d’Alpha Condé au domicile privé de son Premier ministre a confirmé le secret de polichinelle. La rumeur courait déjà dans la cité. A savoir que rien n’allait entre le tandem qui est à la tête de la Guinée. Le chef du gouvernement s’est fâché comme un gamin.

Il s’est retranché chez lui. Coupant tout contact avec le monde extérieur. Y compris avec son chef. Lequel chef se déplace pour aller dorloter son Premier ministre comme le ferait un père de famille à son enfant qu’il a malmené. Voilà le spectacle que le sommet de l’Etat nous a offert.

Le différend entre les deux hommes qui éclate au grand jour était prévisible. Car leurs relations ne sont pas basées sur des valeurs communes. Elles brillent de mille feux mais finissent par s’éteindre. Malgré un semblant d’entente et de réconciliation, la collaboration entre Alpha Condé et Ibrahima Kassory Fofana ne durera plus longtemps.

Cette collaboration a des arrière-pensées. Chacun mettant en avant son intérêt et non celui du peuple. Le chef de l’Etat avait un objectif : le troisième mandat. Il l’a obtenu. Quant au Premier ministre, il cherchait le statut de véritable chef du gouvernement. Et bien évidemment le rêve de succéder à son mentor.

Or, pour le moment, il n’a obtenu ni l’un ni l’autre. L’affront que Mama Kanny Diallo lui a fait il y a un peu moins d’un an en est une illustration. Sans compter qu’il y a aujourd’hui des ministres issus des rangs du RPG originel qui ne lui obéissent pas.

Ainsi, malgré un simulacre de réconciliation entre les deux hommes, Kassory emboite le pas à Mouctar Diallo. Même si le Premier ministre et l’ancien ministre de la jeunesse ne sont pas logés dans la même enseigne, les observateurs ont vu une similitude entre les deux cas. Le Premier ministre fait chanter le chef de l’Etat. Ce dernier fait semblant de baisser l’échine pour le garder afin que l’initiative du divorce vienne de lui. Car cette rupture est inévitable. C’est une question de temps.

En même temps, le chef de l’Etat est conscient que cette séparation est prématurée. Comme il l’a fait ce dimanche, il va jouer le jeu de son Premier ministre pour éviter la rupture un an seulement après le début de son troisième mandat. Sachant que jusqu’ici Ibrahima Kassory Fofana a rempli sa part de contrat. Dès sa nomination, le Premier ministre avait annoncé les couleurs.

Disant en substance qu’il préfère l’ordre à la loi. Dans la foulée l’opposition subi une terrible répression. La constitution a été modifiée. Et les libertés publiques restreintes. Renvoyer un homme qui a un tel bilan est facile pour un démocrate mais difficile pour un partisan de la pensée unique.

Certains analystes estiment que Kassory n’a pas apprécié le dépouillement de la Primature et le rattachement de certaines de ses prérogatives à la présidence de la République. Mais il y a un autre problème que tout le monde occulte : c’est l’opération de déguerpissement qui a dépassé largement ses objectifs de départ. Il est probable que le Premier ministre soit mécontent de la façon dont sa base électorale a été touchée par cette opération.

A Coyah et à Dubréka, cette opération a failli tourner au règlement de comptes. Ce n’est pas évident que le chef du gouvernement ait donné son quitus pour une opération de cette ampleur. Ce qui nous ramène à la non-obéissance de certains ministres vis-à-vis de leur chef. Lequel chef se rendra compte que la fusion de son parti avec celui du président a été un mauvais calcul politique.

Habib Yembering Diallo pour Guineematin.com

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