Alpha Condé : le baroud d’honneur !

Alpha Condé tient à changer la constitution qui lui interdit de briguer un 3ème mandat

C’est un Alpha Condé qui ressemble à quelqu’un qui s’est évadé des mains de ses ravisseurs qui a fait son apparition à la télévision nationale dans la soirée d’hier, vendredi 28 février 2020. L’homme, visiblement éprouvé, s’est adressé à ses concitoyens. Il a entamé son discours par un rappel historique. A savoir, le rôle joué par la Guinée pour libérer un certain nombre de pays du joug colonial. Entre autres, la Guinée Bissau voisine, l’Angola, le Mozambique, l’Afrique du Sud et le Congo Léopoldville, l’actuelle RDC. Le chef de l’Etat rappellera que Nelson Mandela et certains de ses compagnons de lutte furent formés à Kindia.

Mais, ce que le chef de l’Etat guinéen n’a pas dit, c’est que tous les pays qu’il a cités sont désormais des Etats démocratiques. Dans beaucoup d’entre eux, l’alternance se fait comme un timbre à la poste. Dans tous ces pays, il y a des anciens présidents de la République qui vivent comme tout le monde. Et, cela n’a pas empêché le soleil de se lever à l’Est pour se coucher à l’Ouest.

En tant qu’ancien président de la FEANF et également ancien président en exercice de l’Union africaine, il ne doit pas s’isoler, affirme-t-il. Mais, le chef de l’Etat s’est adressé aussi indirectement à ses militants. Disant en substance qu’il sait que certains « ne vont pas dormir ce soir ». Non sans promettre fermement à ces derniers que le report du double scrutin est léger. Mais, ce n’est pas tout, seuls les partis politiques déjà engagés dans la course vont participer aux élections, dit-il.

C’est un baroud d’honneur. Comme le dit un proverbe de chez nous « celui qui est vaincu a toujours une bonne excuse pour expliquer sa défaite ». Car, si le report ne sert qu’à gagner du temps, il aura été inutile. Ses adversaires en sont conscients. Pour le FNDC en particulier, la question du fichier électoral ne constitue pas une préoccupation. Cette question n’intéresse que les partis politiques. Comme son nom l’indique, le Front national pour la défense de la Constitution défend la CONSTITUTION. Rien qu’elle. Donc, tant que le référendum est maintenu, la résistance sera également maintenue.

En adoptant un profil bas à  un moment aussi décisif, le pouvoir a, en quelque sorte, capitulé. Fort de ce résultat, le FNDC devrait accentuer la pression comme un boxeur qui, voyant que son adversaire est sur le point de tomber KO, accentue les coups aussi violents les uns des autres. Celui qui a fait le coup KO en 2015 est en passe de subir un KO auquel il pourrait difficilement se remettre. On voit mal ses adversaires accepter demain ce qu’ils ont refusé hier et aujourd’hui.

Il est vrai qu’Alpha Condé est un véritable animal politique. Il est tout aussi vrai que l’homme n’a pas dit son dernier mot. Mais, faire avaler aux Guinéens la pilule de nouvelle constitution ne sera pas une promenade de santé pour lui. Et, cela pour un certain nombre de raisons. Tout d’abord, le FNDC a réussi jusqu’ici à parler le même langage et ce en dépit de toutes les tentatives de le discréditer. Notamment, en faisant croire au début que le FNDC était synonyme de l’UFDG (principal parti de l’opposition guinéenne). Ce discours a du mal à passer aujourd’hui.

A cela, s’ajoute désormais le doute chez certains militants du parti au pouvoir. La démission du ministre Abdoulaye Yéro Baldé et le report du double scrutin assomment le projet de nouvelle constitution. En outre, le chef de l’Etat, hypersensible à l’isolement, est désavoué par la quasi-totalité de ceux qui l’ont soutenu hier. Comme l’atteste une longue lettre ouverte qu’un de ses anciens avocats malien lui a adressée. Bref, le moins que l’on puisse dire est que les Guinéens ont plus que jamais compris que s’ils se lavent le ventre, la communauté internationale est prête à leur laver le dos.

Maintenant que la phase de négociation est engagée, le FNDC et les partis politiques qui ont réussi le pari d’empêcher les élections législatives doivent chacun prêcher pour sa chapelle. Sans pourtant se diviser. Le premier en se battant pour que le projet de nouvelle constitution soit définitivement enterré. Les seconds pour une nouvelle CENI et un nouveau fichier électoral.

Habib Yembering Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 664 27 27 47

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