Alpha Condé : Mandela ou NKurunziza ?

La crise mondiale à laquelle l’humanité entière est confrontée a permis au régime guinéen d’organiser ses élections législatives et son référendum loin des regards du monde. À la fin de la crise, et quand la diplomatie aura repris ses droits sur la médecine, il y aura une assemblée nationale et une nouvelle constitution en Guinée. Restera l’autre épineuse question : la candidature du sortant qui, pour ne au monde, ne veut sortir.

C’est cela l’autre paire de manche. Faire accepter demain à la communauté internationale pour Alpha Condé ce qu’elle refusé hier pour Moussa Dadis Camara. Ne l’oublions pas, c’est une éventuelle candidature qui avait abouti aux massacres du 28 septembre 2009 au stade du même nom. Or de la même manière que la communauté internationale s’était opposée à la menace du capitaine Camara d’ôter la tenue pour se présenter à la présentielle de 2010, de la même manière elle- cette même communauté internationale- s’opposera à la volonté de M. Condé de se représenter en 2020.

Malgré les difficultés auxquelles les pays occidentaux sont confrontés, ils ont fait savoir leur réserve quant à la crédibilité du scrutin du 22 mars. Une réserve balayée d’un revers de la main par la Russie. Pour ce pays, les élections se sont non seulement bien déroulées. Mais il met en garde les puissances étrangères contre toute ingérence dans les affaires intérieures de la Guinée. Mais cela c’est déjà vu et entendu entre les deux blocs.

Pour le régime de Conakry, la trêve s’arrête le jour où Corona finira. C’est officiellement à cause de cette épidémie que la mission des chefs d’Etat ouest-africains avait été annulée à la dernière minute. Ouvrant ainsi une voie royale à leur homologue guinéen le passage en force face à une opposition et un FNDC impuissants. Mais quand la pandémie sera éradiquée et que la diplomatie aura repris ses droits, le plus dur commencera. Paris, Washington et Berlin sont pour le moment sur la même longueur d’ondes. Quand Dakar, Abuja et Niamey et beaucoup d’autres leur emboîteront le pas, l’isolement commencera.

Alors, celui qui était toujours entre deux avions, limitera ses déplacements. Ou il tournera vers Pékin, Moscou et Ankara. Or, si ces pays peuvent contrecarrer d’éventuelles sanctions économiques, en revanche, ils ne peuvent rien ou pas grand-chose contre l’isolement politique et diplomatique. Même si le chef de l’Etat pourra participer aux sommets de l’Union africaine et la CEDEAO, il ne pourra toutefois pas bénéficier du même respect et de la même considération qu’avant mars 2020. Bref, au lieu de Mandela qu’il rêvait au début de son mandat il incarnera plus l’image de NKurunziza à la fin.

Habib Yembering Diallo pour Guineematin.com

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