Amadou Tham Camara, président de l’AGUIPEL : « la liberté de la presse s’exerce bien dans notre pays »

Amadou Tham Camara, président de l'AGUIPEL
Amadou Tham Camara, président de l’AGUIPEL

A l’occasion de la célébration de la journée internationale de la liberté de la presse, qui n’est pas célébrée en Guinée, ce mardi 3 mai 2016, Guineematin.com a rencontré le président de l’Association guinéenne de la presse en ligne (AGUIPEL) et président du conseil d’administration de la Maison de la Presse. Avec Ahmadou Tham Camara, nous avons parlé du menu de cette journée, les objectifs à atteindre, mais aussi des difficultés que rencontrent les hommes de médias en République de Guinée.

En attendant la vidéo de cet entretien, Guineematin.com vous propose, ci-dessous, le décryptage intégral.

Guineematin.com : L’humanité célèbre la journée internationale de la liberté de la presse. En tant que responsable de média en Guinée, quelle lecture faites-vous de cette journée ?

Amadou Tham Camara : Je vous remercie. La liberté de la presse est une liberté constitutionnelle, consacrée par le texte le plus important sur le plan de la hiérarchie des normes juridiques de notre pays ; à savoir, la constitution. C’est une liberté qui s’exerce bien à travers une loi organique et à travers également un texte régissant la Haute Autorité de la Communication (HAC). Donc, la loi 02 portant liberté de la presse est une bonne loi qui donne beaucoup de libertés pour pouvoir créer les organes de presse dans notre pays. Je dirai même trop de liberté parce que pour la presse écrite et la presse en ligne, aujourd’hui, il n’y a pratiquement pas de formalisme pour pouvoir le faire. Et, le métier de journaliste aussi reste un métier très ouvert à toutes les corporations. De même, cela se pratique plus ou moins bien. Le seul hic, c’est souvent le problème d’accès à l’information. Peut-être que vous allez poser la question là-dessus. Mais, de façon globale, la liberté de la presse s’exerce bien dans notre pays.

Guineematin.com : En tant que président de l’Association guinéenne de la presse en ligne, qu’est-ce qui est prévu par cette association pour célébrer cette journée ?

Amadou Tham Camara : En réalité cette année, il n’y a pas grand-chose. Nous nous attendons à une convention collective qui est entrain d’être faite par le syndicat que nous avons aidé à mettre en place parce qu’une bonne avancée de la presse aussi passe par une certaine organisation des employés que sont les journalistes. Il est bon aujourd’hui que, dans notre corporation, que le SMIG (Salaire Minimum Inter Garantie) soit respecté déjà. Ce qui n’est pas le cas. Que les journalistes aient un contrat de travail, que les journalistes soient immatriculés à la Caisse Nationale de la Sécurité Sociale. Ce n’est malheureusement toujours pas le cas. Aujourd’hui, nous sommes en train de travailler avec toute intelligence avec le syndicat des médias privés pour que cette convention collective se mette en place afin que les journalistes soient dans les meilleures conditions. Nous y travaillons en tant qu’employeur et nous avons donné toutes les coudés franches au syndicat afin que cela soit une réalité. Donc, cette journée internationale se place essentiellement dans ce cadre.

Guineematin.com : Vous avez cité un certains nombres d’objectifs à atteindre. Mais, quels sont les problèmes qui subsistent encore au niveau de cette liberté d’expression en République de Guinée ?

Amadou Tham Camara : d’abord, il y a le problème d’accès aux sources. Il est très difficile parfois d’atteindre les sources, surtout les sources officielles que sont le gouvernement, l’armée, la police, la justice, parfois les préfets et autres. Donc, les sources sont difficiles d’accès. Quand les sources sont difficilement accessibles, cela laisse la place à la rumeur, malheureusement. Et, il y a aussi beaucoup de rétention de l’information et de la manipulation. Cela se fait surtout dans les partis, les grands partis de ce pays, le RPG Arc-en-ciel, l’UFDG où on fait de la rétention de l’information, en empêchant les journalistes d’accéder à l’information où on fait de la manipulation. Cela est déplorable et c’est un acte que nous déplorons. En cette journée de commémoration de la liberté de la presse, il est bon aujourd’hui de préciser que tous les partis politiques qui veulent concourir pour avoir la gestion de l’Etat doivent savoir que la démocratie doit régner dans notre pays, mais la démocratie doit commencer d’abord au sein du parti. Et, qui dit démocratie dit pluralisme d’opinion, donc acceptation de tous les médias quelques soient par ailleurs leur courants de penser ou de bord. Donc, c’est un appel que je lance à l’ensemble des formations politiques de ce pays, de laisser tout simplement la presse faire son travail d’information, de sensibilisation et de moralisation de la vie publique.

Guineematin.com : Au-delà d’être président de l’AGUIPEL, vous êtes aussi président du Conseil d’Administration de la maison de la presse de Guinée. Est-ce qu’il y a quelque chose qui est prévu pour la journée ?

Amadou Tham Camara : C’est la maison de la presse qui va abriter justement les esquisses de la convention collective concoctées par le syndicat des médias privés. Mais, il faut savoir que la Maison de la presse est une maison qui appartient à l’ensemble de la corporation. Donc, il faut que nous œuvrions pour que les journalistes travaillent dans les meilleures conditions et cela passe par des salaires décents, par une sécurité juridique vis-à-vis de leurs employeurs. C’est-à-dire le contrat de travail, l’immatriculation à la Caisse Nationale de la Sécurité Sociale. Les prémisses d’une convention collective seront reçues demain à la maison de la presse. Je pense que c’est une très bonne chose, un très bon augure pour l’ensemble de la corporation.

Guineematin.com : Est-ce que vous collaborez avec d’autres associations de presse pour préparer cette journée ?

Amadou Tham Camara : La maison de presse est une structure faîtière. Toutes les associations de presse sont représentées là-bas déjà. A savoir l’AGEPI, l’URTELGUI, le syndicat des médias publics. Donc, naturellement, tout le monde est associé par le simple fait qu’ils appartiennent tous au conseil d’administration de la maison de la presse.

Guineematin.com : Un mot de la fin ?

Amadou Tham Camara : le mot de la fin, c’est l’encouragement. Nous avons connu une année difficile, marquée par l’assassinat de notre confrère Mohamed Diallo. Je vais profiter de vos colonnes pour prier le bon Dieu de l’accueillir dans son paradis éternel et de tout faire pour que la justice fasse son travail afin que le ou les coupables de cet assassinat crapuleux soient enfin jugés dans la plus grande sérénité. En tout cas, nous, en tant que presse en ligne, comme nous l’avions dit, nous n’allons pas baisser les bras. Nous nous sommes déjà constitués partie civile et nous allons tout faire pour que le ou les coupables soient sanctionnés à la hauteur de leur forfaiture.

Guineematin.com : Merci monsieur Camara

Amadou Tham Camara : C’est moi qui vous remercie.

Interview réalisée et décryptée par Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél. : 622 68 00 41

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