Arrestations d’opposants en Guinée : la colère d’Elhadj Malal Diallo de l’OGDH

Elhadj Malal Diallo, président par intérim de l'OGDH
Elhadj Malal Diallo, président par intérim de l’OGDH

Les arrestations et détentions d’opposants au 3ème mandat du Président Alpha Condé préoccupent les défenseurs des droits de l’homme en Guinée. Dans un entretien accordé à Guineematin.com hier, vendredi 13 novembre 2020, le président par intérim de l’Organisation Guinéenne des Droits de l’Homme (OGDH) s’est prononcé sur cette situation. Elhadj Mamadou Malal Diallo dénonce une pratique « qui ne répond à aucune norme publique ».

Il condamne la méthode utilisée par les autorités qui s’apparente, selon lui, à une chasse aux sorcières. « En tant que défenseurs des droits de l’homme, nous regrettons la façon de faire de la justice guinéenne, parce qu’on a tout l’air de croire qu’il s’agit d’un règlement de compte postélectoral. Parce que toutes les personnes qui ont été convoquées appartiennent non seulement à l’UFDG, qui est le principal parti d’opposition, qui prétend avoir gagné les élections. Mais aussi, il y a ceux qui sont membres du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) qui sont donc opposés au 3ème mandat. Voilà les personnes qui sont harcelées.

On prend plusieurs pick-up, on va chez Chérif Bah, sans l’avoir préalablement convoqué. Ce n’est pas comme ça que dans un Etat de droit, on arrête un citoyen. On lui envoie une convocation en bonne et due forme, conformément à la loi. S’il refuse de se présenter, on lui envoie un mandat d’amener. Mais, ce n’est pas comme ça que les choses se passent ici. Chérif Bah n’est pas le seul, les Sékou Koundouno sont habitués à ça. Ici, on rentre chez quelqu’un, on pille et brutalise avant de cueillir la personne. C’est ce qui nous dérange en tant que défenseurs des droits de l’homme. Je dirais que, normalement, la justice pouvait faire meilleure figure », a réagi ce doyen.

Poursuivant, l’activiste des droits de l’homme exige le respect strict des procédures prévues par loi pour interpeller les citoyens, à qui on reproche quelque chose. « Nous souhaitons que les procédures soient suivies. Qu’on cesse désormais de se masquer pour aller, au nom de la justice guinéenne, arrêter un citoyen. Qu’on cesse d’aller brutaliser toute une famille pour arrêter une personne. Que l’on envoie une convocation normale, dire à la personne : vous êtes demandé devant la justice.

Et si la personne refuse de venir, en ce moment on fait un mandat d’amener et on l’emmène. Mais sans prévenir, vous venez dans la famille, vous brutalisez la famille et vous cueillez quelqu’un comme Chérif Bah, cet homme n’est pas un bandit. Il est bien connu et a été gouverneur de la Banque centrale de Guinée. Ce n’est pas quelqu’un qu’on traite comme ça, parce qu’il est membre d’un parti qui a le malheur d’être populaire. Je demande à la justice d’avoir un minimum de respect pour les procédures prévues par la loi », préconise Elhadj Malal Diallo.

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

Facebook Comments Box