Atighou Bah en colère : « à cause du manque de courant, j’ai perdu mon bébé à l’hôpital de Labé »

Polémique autour de la mort d’un bébé prématuré à l’hôpital régional de Labé. Le père du bébé,Mamadou Atighou Bah, pointe du doigt le manque de courant dans ce centre hospitalier comme étant la cause de la mort de son enfant. Une version que réfute la responsable de la maternité, qui avance une autre raison pour justifier cette mort.

C’est un citoyen très choqué qui a contacté la rédaction de Guineematin.com pour dénoncer une situation qu’il a vécue à l’hôpital régional de Labé, où il a perdu son bébé né prématurément. Un décès dû, selon lui, au manque de courant dans le plus grand centre hospitalier de cette région. Pourtant, Mamadou Atighou Bah dit avoir déboursé son propre argent pour acheter 40 litres de carburant en vue de sauver son enfant, mais en vain.

Mamadou Atighou Bah, père du nouveau-né

« Le 6 mars dernier, ma femme a accouché prématurément, à six mois, à l’hôpital préfectoral de Pita. Et, comme c’était prématuré, on m’a proposé de l’envoyer à l’hôpital régional de Labé, où il y a une couveuse au service de Néonatologie. Le même jour, on est arrivé à Labé, à 12 heures. Et automatiquement, le bébé a été placé dans la couveuse, comme il y avait le courant. Il est resté là-bas jusqu’à 20 heures, le courant est parti.

Comme je voulais que l’enfant survive, j’étais obligé d’acheter 10 litres de carburant pour alimenter le moteur de 20 heures jusqu’à 23 heures, le temps pour les batteries de charger et d’assurer la relève. Deux heures après, les batteries ont lâché. Heureusement, le courant est revenu et on a branché le bébé à la couveuse, mais il avait beaucoup souffert dans cet intervalle. Et, dans la soirée du dimanche 7 mars, le courant est parti à 19 heures pendant que le bébé était branché à la couveuse.

Et là également, c’est les batteries qui ont tenu de 19 heures à 21 heures, avant de lâcher. Directement, j’ai appelé un certain Barry qui entretient le groupe pour m’aider. C’est ainsi que j’ai acheté 20 litres de carburant et on a allumé le groupe électrogène de 21 heures jusqu’à 1 heure du matin. Le technicien a éteint le moteur et il est rentré à la maison, pensant que les batteries allaient tenir jusqu’au matin. Mais malheureusement, les batteries ont lâché aux environs de 3 heures du matin.

J’ai rappelé le technicien, il est revenu remettre le reste des 20 litres de carburant pour éteindre le moteur à 5 heures du matin et laisser les batteries assurer la relève. Mais vers 6 heures, le bébé n’était pas branché à la couveuse. Je suis sorti pour aller chercher du carburant. A mon retour, j’ai appelé le technicien pour venir m’aider pour ne pas que je perde mon enfant. Il est venu, on a mis aussi les 10 litres de carburant que je venais d’acheter.

Je suis resté là-bas jusqu’à 7 heures et je suis parti à mon bureau. Mais aux environs de 9 heures, il n’y avait pas de courant et les batteries aussi avaient lâché, donc l’enfant n’était pas branché. C’est ainsi qu’il a perdu la vie », explique Mamadou Atighou Bah. Même s’il dit s’en remettre à la volonté de Dieu, ce citoyen tenait quand même à ce que l’opinion nationale soit informée de cette situation dans l’espoir que des dispositions soient prises pour remercier à ce problème d’électricité à l’hôpital régional de Labé.

Dr Fatoumata Binta Barry, médecin chef de la maternité de l’hôpital régionale de Labé

Interrogée sur cette situation, Dr Fatoumata Binta Barry, médecin chef de la maternité de l’hôpital régionale de Labé, a confirmé la mort du bébé en question. Mais elle soutient que ce n’est pas le manque de courant qui est à l’origine de sa mort. « C’est vrai que l’épouse du monsieur a accouché à Pita, je crois que c’était une grossesse gémellaire. Le premier a été perdu à Pita et ils ont évacué le second ici. C’était une grossesse de 6 mois. Avec une telle grossesse, les poids sont réduits, les organes sont immatures.

Et à six mois de grossesse, ce n’est pas facile de sauver l’enfant, même en Europe. L’enfant est né à Pita, ils l’ont évacué sur Labé, on ne sait dans quelles conditions. Les médecins l’ont reçu au service de Néonatologie, ils ont fait ce qu’ils pouvaient faire. On n’est branché sur le réseau EDG et on a une centrale solaire, branchée sur le réseau qui assure le relais lorsque le courant de l’EDG n’est pas là. Et, si les panneaux se déchargent, on a un groupe électrogène pour faire fonctionner nos appareils.

C’est le monsieur lui-même a pris l’initiative d’acheter du carburant sans qu’on le lui demande, et malgré l’existence du carburant à l’intérieur. Parce que nos batteries se déchargent souvent, on a un problème de charge. Donc, il a contribué volontairement. Le bébé n’a pas survécu mais moi, je n’accuse pas le facteur courant, j’accuse la prématurité. Il était trop prématuré et c’est Dieu qui l’a voulu. Il y a même une de nos sages-femmes qui était enceinte de 8 mois, elle a fait une crise d’asthme, ils l’ont opéré, on a mis l’enfant dans la couveuse.

Mais au troisième jour, le bébé est décédé. Tout ça, ce sont des exemples. Nous, on a un contrat de traitement envers les citoyens. Mais le contrat de guérison, c’est avec la volonté de Dieu. Sinon, les médecins ont beaucoup combattu pour que l’enfant survive », a laissé entendre Dr Fatoumata Binta Barry, qui se plaint toutefois du fait que l’hôpital régional de Labé ne dispose que d’une seule couveuse. Elle en a profité également pour appeler à l’amélioration de la desserte de ce centre hospitalier en courant électrique.

De Labé, Alpha Boubacar Diallo pour Guineematin.com

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